NOLIN, JEAN-BAPTISTE, père jésuite, professeur et rédacteur en chef, né le 12 juillet 1849 à Saint-Athanase (Saint-Alexandre, Québec), fils d’Ambroise Nolin et de Sophie Lagüe ; décédé le 16 novembre 1914 à Midland, Ontario.

Dès sa jeunesse, Jean-Baptiste Nolin se voua à la spiritualité, aux études et aux sports. De 1863 à 1870, il étudia au séminaire de Saint-Hyacinthe. Membre actif de la Congrégation de la Sainte-Vierge, il aidait ses condisciples, anglophones surtout, qui s’adaptaient mal à la vie du séminaire. En 1868, il se porta volontaire auprès du corps des zouaves canadiens, alors sur le point d’aller défendre les États pontificaux contre les forces piémontaises [V. Édouard-André Barnard*] ais sa mère, veuve, le convainquit de ne pas partir. Le 30 juillet 1870, il entra au noviciat de la Société de Jésus à Sault-au-Récollet (Montréal-Nord). Au bout de deux ans, on l’affecta au collège Sainte-Marie, à Montréal, à titre de préfet des élèves et de professeur de grammaire et de sciences. En 1876, sa santé était si mauvaise que ses supérieurs l’envoyèrent étudier la théologie à Montauban, dans le midi de la France. Comme on ne s’attendait pas qu’il vive longtemps, il fut ordonné le 27 mai 1877 pour des raisons d’humanité.

Nolin rentra au Canada et, à partir de la paroisse jésuite de Guelph, en Ontario, commença à desservir les régions isolées jusqu’à la péninsule de Bruce au nord. Son état de santé s’étant stabilisé, il se rendit au pays de Galles en 1879 pour étudier la philosophie et la théologie au College of St Beuno. Au cours de l’été de 1883, il reprit son travail missionnaire en Ontario, cette fois à Sudbury, où il fonda la paroisse Sainte-Anne-des-Pins pour les ouvriers franco-catholiques qui construisaient le chemin de fer canadien du Pacifique. L’année suivante, on le muta à la paroisse St Andrew à Port Arthur (Thunder Bay). Il prit congé en 1885–1886 pour terminer sa théologie à Sault-au-Récollet, et risqua volontairement sa santé en apportant du réconfort aux victimes de la variole dans un hôpital de quarantaine.

En 1886, Mgr Édouard-Charles Fabre* nomma Nolin directeur de la Société de colonisation du diocèse de Montréal, fondée sept ans auparavant par François-Xavier-Antoine Labelle*. Avec zèle, Nolin exhortait des familles montréalaises à s’établir dans la vallée de l’Outaouais, plus salubre, ou dans la région située au nord-ouest de Montréal. En un an, il accueillit dans la société plus de 71 000 nouveaux membres. Témoin de son ardeur, son supérieur, Henri Hudon, le nomma en 1887 directeur de l’Apostolat de la prière. En 17 ans, Nolin établit 225 centres et recruta quelque 200 000 sociétaires pour cette œuvre. En 1892, afin de la propager, il lança à Montréal le Messager canadien du Sacré-Cœur de Jésus. La même année, dans la même ville, il publia un ouvrage bien conçu, le Catéchisme du Sacré-Cœur de Jésus ou Manuel dialogué [...].

En 1904, Nolin partit exercer son ministère à Massey, sur la rive nord du lac Huron. Deux ans plus tard, à la demande de l’archevêque de Toronto, Denis O’Connor, il fonda la paroisse St John à Waubaushene. Non loin de là, sur le mont des Martyrs, il bâtit en 1907 une chapelle à la mémoire des jésuites français Jean de Brébeuf*, Gabriel Lalemant* et leurs compagnons, missionnaires auprès des Hurons, qui avaient trouvé la mort au cours d’une attaque iroquoise en 1649. Nolin organisait des pèlerinages à cet endroit pour faire connaître aux fidèles l’œuvre de ces martyrs. Bientôt cependant, on honorerait la mémoire des missionnaires jésuites du xviie siècle principalement en un autre lieu, inauguré en 1926 : le sanctuaire des Martyrs qui surplombe la mission reconstruite de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, près de Midland.

Le père Jean-Baptiste Nolin avait bâti à Waubaushene une église et un presbytère qui furent détruits le 14 novembre 1914. Le feu, qui s’était déclaré tôt le matin dans la cave du presbytère, gagna rapidement l’église. En allant chercher le Saint-Sacrement pour le mettre à l’abri, Nolin s’effondra, asphyxié par la fumée. Il parut d’abord se remettre, mais mourut deux jours après. Ce leader énergique et dévoué est passé à l’histoire pour avoir fondé avec grand talent l’Apostolat de la prière, le Messager canadien du Sacré-Cœur et la paroisse St John à Waubaushene. À Sudbury, un ruisseau, une rue et un immeuble diocésain portent son nom.

Terence J. Fay

Arch. de la Compagnie de Jésus, prov. du Canada français (Saint-Jérôme, Québec), A-6-1, nos 9–10 (Nolin au procureur provincial, 21 juill., 10 août 1910) ; BO-27-7-47 (Carrière à Hudon, 22 nov. 1914) ; BO-30-1-7 (Desjardins à l’archiviste [Melançon], 10 août 1941) ; BO-53-1-15 (mort de Nolin, texte de père Maynard, 1914) ; BO-78-16-18-23 (lettres de la Direction supérieure des Ligues du Sacré-Cœur à Désy) ; BO-79-2-35-111 (Nolin à Martineau, 1885–90) ; D-7, Nolin à Carrière, 9 déc. 1912 ; D-7-3 (publ. du Bureau central de la Ligue du Sacré-Cœur, 15 nov. 1887 ; lettre circulaire, 15 juin 1888) ; « Litteræ annuæ provinciæ canadensis Societatis Iesu a die 1a aug. 1912 ad diem 1am aug. 1917 » (texte dactylographié, Montréal, 1923 ; exemplaire conservé aux Arch. de la Compagnie de Jésus, prov. du Haut-Canada, Toronto).— Dictionary of Jesuit biography : ministry to English Canada, 1842–1987 (Toronto, 1991).— [Louis Héroux], « Aperçu sur les origines de Sudbury », Soc. hist. du Nouvel-Ontario, Doc. hist. (Sudbury), n2 (1943).— Alphonse Raymond, « Paroisse Sainte-Anne de Sudbury, 1883–1953 », Soc. hist. du Nouvel-Ontario, Doc. hist., n26 (1953).

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Terence J. Fay, « NOLIN, JEAN-BAPTISTE (1849-1914) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nolin_jean_baptiste_1849_1914_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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