NICHOL, WALTER CAMERON, journaliste, rédacteur et éditeur de journaux et lieutenant-gouverneur, né le 15 octobre 1866 à Goderich, Haut-Canada, sixième et dernier fils de Robert Ker Addison Nichol, avocat, et de Cynthia Jane Ballard ; le 21 septembre 1897, il épousa à London, Ontario, Quita Josephine March Moore (décédée en 1968), et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 19 décembre 1928 à Victoria.

Le grand-père paternel de Walter Cameron Nichol, le lieutenant-colonel Robert Nichol*, s’était distingué pendant la guerre de 1812 et avait fait une belle carrière politique. Par contre, son père ne réussit pas très bien dans la profession d’avocat. Lui-même fut surtout éduqué par sa mère, dans la période où la famille vivait à Hamilton. À 12 ans, il travailla comme messager au cabinet juridique de Britton Bath Osler*.

En 1881, Nichol devint reporter au Hamilton Spectator sous la direction de John Robson Cameron. Il y dessinait des caricatures sans prétention et démontra ses talents littéraires en écrivant de courts poèmes et satires. Il n’avait que 15 ans au lancement du premier numéro du Bicycle de Hamilton, en septembre 1882. Ce petit mensuel consacré au cyclisme était l’organe officiel de la Canadian Wheelmen’s Association ; Nichol en était le rédacteur et y publiait de la fiction humoristique. Le Bicycle, semble-t-il, cessa de paraître au début de 1883. Nichol quitta le Hamilton Spectator en 1886 pour un journal torontois, l’Evening News d’Edmund Ernest Sheppard. L’année suivante, Nichol et Sheppard fondèrent une publication qui ferait de la critique politique en toute indépendance et parlerait de questions sociales, de musique et de théâtre. Elle promettait de traiter ces sujets « dans une veine plus légère qu’il n’était coutume dans la presse quotidienne ». Sheppard était rédacteur et directeur administratif, Nichol, rédacteur adjoint, et William E. Caiger, directeur de la publicité. Le premier numéro du Saturday Night sortit le 3 décembre. L’hebdomadaire paraissait le samedi soir à cause d’un règlement municipal qui interdisait de publier le dimanche. À la suite de différends avec Sheppard, Nichol et Caiger quittèrent le Saturday Night pour fonder dès février 1888, toujours à Toronto, un journal concurrent, le Life. Le Saturday Night reconnaîtrait que, sous la direction de Nichol, le Life était « une feuille très spirituelle et rafraîchissante », mais il disparut moins d’un an plus tard. Le marché était trop restreint pour deux hebdomadaires.

De retour à Hamilton en 1889, Nichol trouva un poste de reporter dans un nouveau journal, le Hamilton Herald. Sept ans plus tard, il était parvenu au poste de rédacteur en chef. En 1896, il s’installa à London, où il participa à la fondation du News. L’année suivante, emballé par les nouvelles selon lesquelles il y avait des booms miniers dans l’Ouest canadien, il quitta le News et se rendit en Colombie-Britannique. Après avoir passé environ trois mois à visiter le district minier de Kootenay, il devint, au début de juillet, rédacteur du Kootenaian de Kaslo. À la mi-août, il accepta un emploi de rédacteur au Province de Hewitt Bostock. Cet hebdomadaire de Victoria avait pour modèle un journal londonien qui s’était donné pour mission de dévoiler des scandales, le Truth de Henry Du Pré Labouchere.

Nichol adopta un ton belliqueux. En octobre 1897, il dit que le Daily Colonist, rival du Province à Victoria, était le « principal porte-parole » du gouvernement du premier ministre John Herbert Turner et que son seul objectif était de « permettre aux Dunsmuir [James* et Robert* Dunsmuir] de jouir des monopoles lucratifs qu’ils [avaient] constitué grâce à des parlementaires fascinés et vénaux ». En décembre, Turner et le procureur général Charles Edward Pooley intentèrent des poursuites en diffamation contre Nichol parce qu’il avait écrit que, en autorisant l’emploi de leurs noms pour la promotion de sociétés ouvertes dont ils étaient administrateurs, ils se rendaient coupables de « conduite inconvenante ». L’affaire traînerait jusqu’en octobre 1901 et Nichol serait jugé innocent.

À la fin de mars 1898, une édition quotidienne du Province commença à paraître à Vancouver ; Nichol en était le rédacteur. Un an plus tard, il affirma que le tirage de cette édition – au delà de 5 000 exemplaires – était « presque aussi gros que celui de tous les autres quotidiens de la province réunis ». Grâce à un prêt de Thomas George Shaughnessy, président de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, il fut en mesure d’acquérir en 1901 une participation majoritaire dans le journal. Nichol était libéral, mais n’appuyait pas le parti sans réserve. Accusé de s’être « transformé en tory » en mai 1900 parce qu’il s’opposait avec véhémence au libéral renégat Joseph Martin et soutenait les opposants conservateurs de celui-ci, Nichol expliqua qu’il refusait d’« encourager quelqu’un qui, tout en se faisant passer pour un libéral, a[vait] tout fait pour mettre le gouvernement libéral dans l’embarras et lui nuire, aussi bien en public qu’en privé ».

Dès 1910, le Vancouver Daily Province était le plus grand journal de la Colombie-Britannique et seul le Manitoba Free Press de Winnipeg exerçait autant d’influence que lui dans l’Ouest canadien. Nichol faisait preuve de beaucoup de jugement dans l’embauche du personnel. Dans les années suivantes, il délégua la plus grande partie des tâches rédactionnelles et éditoriales à ses subordonnés pour s’occuper d’autres affaires – de nombreuses petites et moyennes entreprises de l’Ouest canadien dans lesquelles il investit. Il fut président de la Pacific Marine Insurance Company et membre du conseil d’administration de la Royal Trust Company.

Walter Cameron Nichol fut nommé lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique le 24 décembre 1920, après la mort subite d’Edward Gawler Prior. En assumant sa fonction, il cessa toute activité au Vancouver Daily Province. En 1923, il vendit sa participation majoritaire à l’entreprise de William Southam* pour la somme de un million de dollars. À titre de lieutenant-gouverneur, il s’intéressa beaucoup aux études supérieures à la University of British Columbia et créa en 1925 une bourse de voyage pour des études en français à l’université de Paris. Pour ce geste, il reçut dans le courant de l’année l’un des premiers diplômes honorifiques décernés par l’université et, deux ans plus tard, de la part du gouvernement français, la croix de la Légion d’honneur. Bien que son mandat ait pris fin en décembre 1925, il resta en place jusqu’à l’assermentation de son successeur, dans les derniers jours de février 1926. Il se retira à Miraloma, sa maison de campagne de Sidney, conçue par Samuel Maclure. Décédé à Victoria moins de trois ans plus tard, il laissait une succession dont la valeur dépassait les 2 700 000 $ et qui se composait surtout d’obligations gouvernementales.

Brad R. Morrison et Christopher J. P. Hanna

AO, RG 80-5-0-247, no 9656.— BAC, RG 31, C1, 1871, Bothwell, Ontario, div. 1 : 46 ; 1901, Burrard, C.-B., subdist. D : 30.— BCA, GR-2951, no 1928-09-397085 ; MS-1320 ; MS-2700.— Daily Colonist (Victoria), 20 déc. 1928.— Hamilton Herald (Hamilton, Ontario), 27 déc. 1920.— Vancouver Daily Province, 26–27 mars 1899, 21 mai 1900, 25 oct. 1901, 28 nov. 1903, 30 sept. 1909, 20, 22 déc. 1928, 7 mars 1939.— Vancouver Daily Times, 20 déc. 1928, 4 nov. 1968.— Vancouver Daily World, 23 sept., 20–21 déc. 1897, 25 oct. 1901, 18 déc. 1920.— Annuaires, Hamilton, 1878–1880, 1882–1887, 1890–1897 ; London City and Middlesex County, Ontario, 1896–1898 ; Toronto, 1888, 1889 ; Vancouver, 1908.— Canadian annual rev., 1925.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— S. W. Jackman, The men at Cary Castle ; a series of portrait sketches of the lieutenant-governors of British Columbia from 1871 to 1971 (Victoria, 1972).— Martin Segger, The buildings of Samuel Maclure : in search of appropriate form (Victoria, 1986).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).— Who’s who and why, 1915–1916.— Who’s who in western Canada [...] (Vancouver), 1912, 1913.

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Brad R. Morrison et Christopher J. P. Hanna, « NICHOL, WALTER CAMERON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nichol_walter_cameron_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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