NELSON, JOHN, marchand et homme politique de Boston, né en Angleterre, à Londres ou dans les environs, en 1654, fils de Robert Nelson et de Mary Temple, la sœur de Sir Thomas Temple*, mort à Boston le 15 novembre 1734.

Venant d’Angleterre, Nelson arriva à Boston vers 1670 et, selon ce qu’il rapporte, s’occupa dès cette année-là du commerce que son oncle, Sir Thomas Temple, entretenait avec les Français d’Acadie et de Nouvelle-France. Il devint le principal héritier de Temple, à la mort de ce dernier en 1674. Nelson connaissait si bien les colonies françaises qu’il fut envoyé à Québec en 1682 pour négocier le règlement des griefs qui s’étaient élevés entre la Nouvelle-Angleterre et la Nouvelle-France. Il parvint à résoudre temporairement le différend et obtint par la même occasion l’autorisation, en vigueur jusqu’en 1684, de vendre des permis de pêche et de commerce pour le littoral acadien.

Le nom de Nelson apparaît ensuite en 1689, alors qu’il joua un rôle important dans la destitution de Sir Edmund Andros, ainsi que dans les affaires du dominion de la Nouvelle-Angleterre. Un an plus tard, il proposa une expédition contre Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.), mais lorsqu’on lui préféra William Phips* comme commandant de l’expédition, Nelson refusa d’y prendre part. Néanmoins, en 1691, après la prise de Port-Royal, en compagnie de six autres marchands, il conclut un accord avec le gouvernement du Massachusetts pour fournir une garnison à Port-Royal, en échange du monopole du commerce de la région durant les cinq années suivantes. Nelson avait été en si bons termes avec les autorités françaises qu’il avait pu jusqu’alors conserver un entrepôt à Port-Royal. Toutefois, en 1691, alors qu’il s’occupait de son commerce en Acadie, il fut, avec quelques autres personnes de la Nouvelle-Angleterre, capturé par un croiseur français et envoyé à Québec. Parmi les autres prisonniers se trouvaient le colonel Edward Tyng*, nouvellement nommé gouverneur de l’Acadie, et John Alden, ce dernier étant vraisemblablement un collègue de Nelson puisqu’il était un des partisans du projet original de Nelson pour s’emparer de Port-Royal.

Pendant son séjour à Québec, Nelson fut traité avec la plus grande courtoisie, mais sa très vaste connaissance de la Nouvelle-France empêcha apparemment sa libération pendant la durée de la guerre de la ligue d’Augsbourg. Sa situation privilégiée cessa quand il soudoya deux soldats français pour qu’ils rapportent secrètement à Boston la nouvelle des préparatifs d’une incursion imminente à la frontière. Les Français eurent vent des manœuvres de Nelson lorsque plus tard les soldats furent capturés à la suite d’un attentat avorté sur la personne de Jean-Vincent d’Abbadie de Saint-Castin en 1692. Peu de temps après, Nelson fut envoyé en France, où pendant plusieurs années il languit en prison, tout d’abord dans un cachot du château d’Angoulême et plus tard à la Bastille.

En 1694, il fut libéré sur parole et envoyé à Londres en vue d’y transmettre une proposition française pour la neutralité de l’Amérique. À la suite du rejet péremptoire du projet français, Nelson se mua en propagandiste et présenta plusieurs propositions personnelles pour l’union de New York et de la Nouvelle-Angleterre, ainsi que pour la conquête du Canada. Il proposa en outre que la rivière Saint-Georges, et non la Kennebec, fût reconnue comme frontière entre l’Acadie et la Nouvelle-Angleterre. Le Board of Trade porta un certain intérêt à ces projets, mais on ne prit aucune mesure sérieuse en vue de leur exécution. En 1697, à la fin de la guerre, Nelson retourna à Boston pour reprendre son commerce avec l’Acadie et il l’exerça au moins jusqu’en 1706. Pendant un certain temps il continua de s’occuper activement des affaires de la Nouvelle-Angleterre et de celles du continent puis, finalement, en 1730, il vendit à Samuel Waldo* les concessions qu’il avait héritées de Temple, à la Nouvelle-Écosse.

Il avait épousé Elizabeth Tailer, nièce de William Stoughton, gouverneur du Massachusetts.

Donald F. Chard

AN, Col., F3 ,2.— BM, Lansdowne MS 849.— Mass. Archives, XXXVI : 108.— PANS, MS docs. II : 30.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., passim.— Journal of expedition against Port Royal, 1690, RAC, 1912, append. E.— Mémoires des commissaires, I : 56, 61 ; II : 286, 328s., 330–333 ; and Memorials of the English and French commissaries, I : 127, 138s., 571, 615, 617–619.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), IV, IX.— PRO, CSP, Col., 1689–92, 1696–97.— Webster, Acadia.— DAB.— Brebner, New Englands outpost.— A. H. Buffington, John Nelson’s voyage to Quebec in 1682 : a chapter in the fisheries controversy, Trans., 1924–26 (« Col. Soc. Mass. pub. », XXVI, Boston, 1927), 431.— B. T. McCully, The New England-Acadia fishery dispute and the Nicholson mission of August, 1687, Essex Institute, Salem, Mass., Hist. Coll., XCVI (1960) : 280.

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Donald F. Chard, « NELSON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nelson_john_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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