NELSON, GEORGE, trafiquant de fourrures et auteur, né le 4 juin 1786, probablement à Montréal, aîné des enfants de William Nelson* et de Jane Dies ; décédé le 13 juillet 1859 à Sorel, Bas-Canada.

George Nelson passa son enfance à Montréal, puis dans la localité de William Henry (Sorel) où son père était un éminent maître d’école. En 1802, ayant presque atteint l’âge de 16 ans, Nelson fut engagé comme apprenti commis pour cinq ans, au salaire annuel de £15, par la Parker, Gerrard, and Ogilvy, firme associée à la New North West Company (appelée parfois la XY Company). Ses souvenirs des deux premières saisons de traite qu’il passa dans la partie nord-ouest du territoire du Michigan (Wisconsin) montrent non seulement l’inquiétude et la nostalgie d’un novice, mais aussi une inclination précoce à l’observation minutieuse des Indiens et de leurs mœurs. Au cours de l’automne de sa deuxième saison de traite, Nelson épousa une Indienne, la fille de son guide Commis. Cette union fut cependant de courte durée, car le mariage à la façon du pays était interdit par la XY Company, et Nelson fut obligé d’abandonner sa femme lorsqu’il se rendit à Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota).

En 1804, après avoir été affecté au lac Winnipeg (Manitoba), Nelson devint commis de la North West Company, qui venait d’absorber la XY Company. Durant les neuf années qui suivirent, il travailla dans divers postes des environs du lac Winnipeg, principalement sur la rivière Dauphin (1807–1811) et à Tête au Brochet (1811–1813). En septembre 1807, pendant que son convoi préparait le campement, Nelson subit de graves brûlures par suite de l’explosion d’un baril de poudre. Il survécut sans être trop défiguré, semble-t-il, ce qui fut attribué à l’effet des remèdes des autochtones : une immersion immédiate dans le lac, un purgatif recommandé par le chef sauteux Ayagon et le traitement de ses brûlures avec du thé des marais et de la pommade de mélèze.

À Bas-de-la-Rivière (Fort Alexander), pendant l’été de 1808, Nelson épousa à la façon du pays Mary Ann, Indienne de la nation sauteuse, membre du clan du Huard ; cette union fut bénie, le 16 janvier 1825, à la Christ Church de William Henry. Sa nouvelle femme, parente d’une Sauteuse qui avait épousé un associé de la North West Company, Duncan Cameron*, s’avéra une précieuse collaboratrice, en particulier lorsque Nelson fut placé à la tête d’un petit avant-poste sur le lac Manitonamingan (près du lac Long), dans le département de Pic, au nord du lac Supérieur. En 1813, la rivalité avec la Hudson’s Bay Company était devenue intense ; dans les journaux de Nelson qui ont été conservés, on trouve une description fascinante des intrigues et des tracasseries auxquelles se livraient les deux compagnies, et de la défection de quelques employés. « L’infamie profonde n’est pas l’un des attributs les moins essentiels d’un trafiquant ici, déplorait-il. » À l’été de 1816, n’ayant guère le goût de se battre, il ramena sa femme et ses quatre filles à William Henry. Il avait espéré prendre sa retraite, mais ses besoins financiers l’obligèrent à retourner au service de la North West Company deux ans plus tard. En 1819, on lui confia la direction de son ancien poste, Tête au Brochet, et, au cours de la saison de traite qui suivit, on le muta au poste du lac de l’Orignal (lac Moose, Manitoba), dans le département de Cumberland House.

En 1820, n’ayant toujours que le maigre salaire d’un commis, Nelson avait déjà écrit à ses supérieurs pour faire valoir ses droits à l’avancement. Les associés n’avaient toutefois guère de temps à consacrer à ses réclamations, car ils étaient préoccupés par la fusion prochaine avec la Hudson’s Bay Company. Nelson n’apprit la coalition des grands rivaux qu’en juin 1821. Dans un journal rédigé en code, il donna libre cours à sa colère devant la façon dont les « vieux et fidèles » employés comme lui avaient été trahis ; il s’indignait que la compagnie anglaise, avec ses activités confuses, ait dorénavant la prépondérance. « Quelque puissance secrète doit sûrement les aider et les assister, écrivait-il, sinon comment ont-ils pu tenir bon [...] si longtemps contre nous ? » À l’automne de 1821, Nelson se vit confier la tâche de distribuer des marchandises sèches à Cumberland House (Saskatchewan), mais l’année suivante il fut chargé de diriger le fort Lac-la-Ronge (La Ronge), dans le département de Cumberland House. C’est à cet endroit qu’il écrivit le récit détaillé des légendes des Cris et des Sauteux, à l’égard desquels il témoignait du respect. Cet ouvrage est l’un des meilleurs parmi les anciens documents ethnographiques du genre. Bien que Nelson ait été un « bon commis et [un] bon trafiquant », il était devenu un employé en trop par suite de la fusion et il fut contraint de quitter la Hudson’s Bay Company en 1823.

L’existence que Nelson mena par la suite au Bas-Canada fut gâchée par des drames familiaux et des espoirs brisés. Pendant son absence, trois de ses huit enfants, dont un en bas âge qu’il n’avait jamais vu, étaient morts. En 1831, il avait déjà perdu sa femme et quatre autres enfants. En outre, Nelson se détacha de ses frères, et spécialement de Wolfred*, un des leaders de la rébellion de 1837. Dans son propre compte rendu de la rébellion, Nelson affirma que ses frères Wolfred et Robert*, en dépit de leurs doléances, n’avaient pas eu raison de trahir la couronne britannique. Nelson était retourné vivre à proximité de William Henry et, pendant les années 1825 à 1836, il se lança dans plusieurs entreprises commerciales, qui furent toutes des échecs. Il se consola finalement en rédigeant les souvenirs de son séjour en territoire indien ; il travailla irrégulièrement à cet ouvrage entre 1836 et 1851. Il voulait autant « informer » que « charmer », et l’un de ses buts principaux était de consigner ses impressions de la société indienne. Ses observations contiennent beaucoup de propos philosophiques sur les insuffisances de la « civilisation », qu’il comparait défavorablement à la simplicité et à l’égalitarisme de la vie chez les Indiens. Affligé d’une mauvaise santé durant les années 1850, Nelson mourut en 1859, laissant derrière lui une fille célibataire, Jane.

Si George Nelson ne connut guère de succès dans la traite des fourrures, ses écrits, qui comprennent des journaux, des lettres et des souvenirs, constituent en revanche des documents de première valeur sur la vie que menaient les trafiquants.

Sylvia Van Kirk en collaboration avec Jennifer S. H. Brown

George Nelson est l’auteur de : A winter in the St. Croix valley ; George Nelson’s reminiscences, 1802–03, Richard Bardon et G. L. Nute, édit. (St Paul, Minn., 1948).

ANQ-M, CE3-1, 16 janv. 1825, 15 juill. 1859.— AO, MU 842, George Nelson, Tête au Brochet diary.— APC, MG 19, E1, 22 : 8638–8640.— MTL, George Nelson journals.— Jennifer Brown, « Man in his natural state : the Indian worlds of George Nelson », Rendezvous : selected papers of the Fourth North American Fur Trade Conference, 1981, Thomas Buckley, édit. (St Paul, 1984), 199–206.— Sylvia Van Kirk, « George Nelson’s « wretched » career, 1802–1823 », Rendezvous : selected papers of the Fourth North American Fur Trade Conference, 1981, 207–214.

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Sylvia Van Kirk en collaboration avec Jennifer S. H. Brown, « NELSON, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nelson_george_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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