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NAULT, ANDRÉ, chasseur de bisons, cultivateur et capitaine des Métis, né le 20 avril 1830 à Point Douglas (Winnipeg), fils d’Amable Nault et de Josette (Josephite, Josephte) Lagimodière, dite La Cyprès ; petit-fils de Jean-Baptiste Lagimonière* et de Marie-Anne Gaboury* ; le 11 janvier 1850, il épousa Anastasie Landry, et ils eurent 14 enfants ; décédé le 17 décembre 1924 à Saint-Vital, Manitoba.
Même si les parents d’André Nault étaient des Canadiens français d’origine, ils s’intégrèrent à la communauté métisse de la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba). Lorsqu’il était jeune homme, Nault accompagnait son père pour chasser le bison sur le plateau du Missouri ; il excellait comme cavalier et chasseur. Il obtint le lot riverain 12 à Saint-Vital et s’y établit comme cultivateur. Le 17 mai 1849, à l’âge de 19 ans, il appuya le mouvement métis en faveur de la traite indépendante des fourrures au célèbre procès de Pierre-Guillaume Sayer* en marchant « le fusil à l’épaule ». Le juge et historien Louis-Arthur Prud’homme* a déclaré que cet épisode fut son apprentissage de « défenseur des droits et des libertés de la population du pays ».
Le premier événement de la résistance métis de 1869–1870 au transfert de la Rupert’s Land au gouvernement canadien fut l’arrêt du travail des arpenteurs le 11 octobre 1869. La tradition orale laisse à penser que cet événement est survenu sur le lot riverain de Nault à Saint-Vital, mais le carnet de notes de l’arpenteur Adam Clark Webbe indiquerait qu’il s’est plutôt déroulé sur le lot adjacent. Le prénom de Nault ne fait pas partie de la liste des sept Nault présents, mais on présume que c’est André qui est désigné par le surnom de Nanin. À l’arrivée des arpenteurs, Nault serait allé chercher son cousin germain, le chef métis Louis Riel*, qui parlait anglais. Nault semble avoir joué un rôle important à cette occasion puisque les comptes rendus oraux établissent un lien entre cet événement et sa propriété.
Selon Nault, à l’occasion d’une réunion des Métis le 21 octobre 1869, Riel lui ordonna d’ériger un barrage à Saint-Norbert pour empêcher le lieutenant-gouverneur désigné, William McDougall*, d’entrer dans la colonie de la Rivière-Rouge ou d’y apporter des armes. Nault avait environ de 250 à 300 hommes avec lui. Le 1er novembre, lui et son frère Benjamin forcèrent les représentants de McDougall, le capitaine Donald Roderick Cameron et Joseph-Alfred-Norbert Provencher*, à retourner à Pembina (Dakota du Nord). Le jour suivant, sous les ordres de Riel, Nault et ses hommes prirent Upper Fort Garry (Winnipeg) pour l’empêcher de tomber aux mains de John Christian Schultz* et de ses partisans canadiens. Du 4 au 23 décembre 1869, Nault occupa le fort Pembina, le poste de la Hudson’s Bay Company situé juste au nord de la frontière internationale, pour surveiller les activités de McDougall. Lorsque ce dernier se replia vers l’est, Nault retourna à la colonie de la Rivière-Rouge.
Prud’homme prétend que, dans le gouvernement provisoire de Riel, Nault était probablement le quatrième en importance après Riel, Ambroise-Dydime Lépine et Elzéar Goulet*. Nault fit partie de la cour martiale qui, le 3 mars 1870, jugea Thomas Scott*, un Ontarien capturé à la mi-février. Scott s’était avéré un prisonnier particulièrement difficile et il fut condamné à mort. Nault, qui commandait le peloton d’exécution métis, déclara en 1923 à l’historien Auguste-Henri de Trémaudan que Scott « ne croyait pas que [le peloton] aur[ait] le cran, comme il le disait, d’aller jusqu’au bout et de tirer sur lui ». Scott « promettait de garder la paix afin d’être relâché et brisait sa parole aussitôt qu’il était libre. Nous ne voulions aucunement le mettre à mort, il nous y a forcés », ajouta Nault.
En août 1870, après l’arrivée des troupes commandées par le colonel Garnet Joseph Wolseley*, de nombreux Métis subirent des représailles. En février 1871, Nault fut attaqué par des soldats à Pembina et laissé pour mort. Prud’homme a fait remarquer que Nault garda une cicatrice de ce brutal incident jusqu’à sa mort. Plus tard en 1871, Nault joua un rôle important en recueillant des renseignements pour Riel et les Métis sur les mouvements de William Bernard O’Donoghue*, qui avait demandé aux chefs métis, Nault y compris, de l’aider à attaquer le Manitoba avec l’aide d’une bande de féniens. Nault et Jean-Baptiste Lépine* se rendirent à Pembina le 2 octobre et revinrent quatre jours plus tard pour dire qu’O’Donoghue projetait d’attaquer le fort Pembina avant d’arriver à Upper Fort Garry. Les Métis sous les ordres de Riel demeurèrent loyaux au Canada et ne se joignirent pas à O’Donoghue.
À la fin de 1871, Riel suggéra la formation d’une association de Métis afin de maintenir leur influence dans les paroisses de la Rivière-Rouge et il voyait en André Nault un des « principaux Métis ». Ce dernier fut nommé conseiller du nouvel organisme, l’Union Saint-Alexandre. Les chefs métis espéraient que leur manifestation de loyauté pour la protection de la colonie contre les féniens les aiderait à obtenir l’amnistie pour les actes commis pendant la résistance, mais ils furent déçus. Nault fut arrêté en février 1874. Il fut jugé pour le meurtre de Scott en novembre de la même année, mais le jury fut incapable d’arriver à un verdict. Il demeurait en prison dans l’attente d’un nouveau procès lorsque le gouvernement d’Alexander Mackenzie* accorda une amnistie générale sauf à Riel, à Ambroise-Dydime Lépine et à O’Donoghue en février 1875. Nault conserva des séquelles de son emprisonnement : des problèmes cardiaques et pulmonaires. À sa sortie de prison, il retourna à sa ferme de Saint-Vital, où il vivrait jusqu’à l’âge de 94 ans. Il ne participa pas aux événements qui eurent lieu en Saskatchewan en 1885 [V. Louis Riel], mais trois de ses fils y prirent part. Il devint membre de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, fondée en 1887 pour conserver le patrimoine et la culture métis. Il contribua à documenter l’histoire des siens, par exemple en faisant don à l’organisme, en 1910, du drapeau original de l’Union nationale métisse ; ce drapeau est maintenant conservé au Centre du patrimoine de la Société historique de Saint-Boniface. Les communautés métisse et francophone du Manitoba et les nombreux descendants d’André Nault continuent d’honorer la mémoire de cet homme qui fut un témoin oculaire de beaucoup d’événements exaltants et y participa.
L’information concernant le drapeau de l’Union nationale métisse a été transmise aux auteures par Mmes Augustine Abraham (Winnipeg) et Agnes Roy (Saint-Vital, Manitoba) au cours de conversations téléphoniques pendant le printemps de 2001.
AM, MG 3, B18 ; NR 0157, 770.— « The execution of Thomas Scott », A.-H. de Trémaudan, édit., CHR, 6 (1925) : 222–236.— A.-G. Morice, Dictionnaire historique des Canadiens et des Métis français de l’Ouest (Québec et Montréal, 1908).— L.-A. Prud’homme, « André Nault », SRC, Mémoires, 3e sér., 22 (1928), sect. i : 99–111.— Louis Riel, les Écrits complets de Louis Riel, G. F. G. Stanley, édit. (5 vol., Edmonton, 1985).— N. E. A. Ronaghan, « The Archibald administration in Manitoba – 1870–1872 » (thèse de ph.d., Univ. of Manitoba, Winnipeg, 1986).— G. F. G. Stanley, Louis Riel (Toronto, 1963).— A.-H. de Trémaudan, « Louis Riel and the Fenian raid of 1871 », CHR, 4 (1923) : 132–144.
Ruth Swan et Janelle Reynolds, « NAULT, ANDRÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nault_andre_15F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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