NATAWISTA (Natoyist-siksina, Natawista Iksana, connue sous le nom de Medicine Snake Woman), Indienne de la tribu des Gens-du-Sang et conciliatrice, née vers 1824, probablement dans ce qui est maintenant le sud de l’Alberta, fille de Stoó-kyatosi (Two Suns, parfois appelé Sun Old Man et Father of Many Children) ; décédée en mars 1893 à Stand Off (Alberta).

Fille d’un chef bien en vue de la tribu des Gens-du-Sang de la nation des Pieds-Noirs, Natawista fut mariée selon la tradition indienne à Alexander Culbertson, chef de poste de l’Upper Missouri Outfit pour l’American Fur Company, au début des années 1840. Comme les Américains et les Britanniques se livraient une forte concurrence pour faire commerce avec les Pieds-Noirs, il était courant que les fonctionnaires des compagnies de traite épousent les filles des chefs pour cimenter les relations commerciales. En 1843, le naturaliste John James Audubon, qui rencontra Natawista au fort Union (Fort Union Trading Post, Dakota du Nord), la décrivit comme une « princesse indienne [...] d’une force et d’une grâce remarquables ». Huit ans plus tard, l’artiste suisse Rudolf Friedrich Kurz dirait qu’elle était « l’une des plus belles femmes indiennes » et ajoutait : « Elle [aurait fait] un excellent modèle pour une Vénus. »

Au cours des années, le frère de Natawista, Peenaquim*, devint chef principal des Gens-du-Sang et acquit une influence considérable chez les Pieds-Noirs grâce à ses relations avec Culbertson. Natawista se rendait fréquemment aux campements de sa tribu et cultivait l’amitié entre Indiens et commerçants américains. En 1854, elle insista pour accompagner aux camps pieds-noirs un groupe de négociateurs du gouvernement américain que dirigeait son mari. « Je crains qu’eux et les Blancs ne se comprennent pas, avait-elle dit, mais si j’y vais je pourrai peut-être leur expliquer des choses et les calmer s’ils se mettent en colère. Je sais que c’est très dangereux. » C’est en partie à cause de son intervention qu’un traité fut signé l’année suivante. Les Pieds-Noirs acceptèrent de vivre en paix avec les autres tribus, de demeurer dans les territoires de chasse désignés et de permettre aux colons et aux militaires de s’établir dans leur région, en échange de quoi le gouvernement américain leur promettait de l’aide et le versement de rentes.

Culbertson, après avoir amassé une fortune considérable grâce au commerce des fourrures dans le haut Missouri, acheta en 1858 un domaine et une ferme modèle appelés Locust Grove, près de Peoria, dans l’Illinois. C’est là que le 9 septembre 1859 les Culbertson légalisèrent leur mariage par une cérémonie catholique. Pendant les années qu’ils passèrent ensemble, les Culbertson eurent cinq enfants. Dans l’Illinois, Natawista mena à certains moments une vie peu conventionnelle. Un parent racontait qu’« au début de l’automne elle faisait monter une tente sur le gazon, enlevait ses vêtements de femme blanche, revêtait la couverture de la squaw et passait l’été des Indiens dans sa tente ». Elle voyageait souvent avec son mari dans le haut Missouri mais s’intégrait tout aussi bien à la vie de Locust Grove.

En 1868, Culbertson avait perdu sa fortune. Le couple alla s’installer au fort Benton (Montana) pour reprendre la traite mais, peu après 1870, Natawista se rendit aux campements des Gens-du-Sang et ne revint jamais auprès de son mari. Elle vécut avec son neveu Red Crow [Mékaisto], puis devint l’une des femmes indiennes de Henry Alfred Kanouse, Américain de Peoria qui faisait le trafic du whisky sur la rivière Bow (Alberta). En 1874, Natawista et Kanouse se trouvaient à la rivière Oldman lorsque la Police à cheval du Nord-Ouest construisit dans les environs le fort Macleod (Alberta). Le médecin de la police, Richard Barrington Nevitt, qui la vit en 1875, exprima son étonnement devant une Indienne portant une robe à la Dolly Varden et un jupon balmoral avec des jambières et des mocassins brodés de perles.

En 1877, Natawista accepta au Canada le statut d’Indienne de la tribu des Gens-du-Sang, sous le nom de « Natoas-Kix-in, Mrs. H. A. Kanouse », mais en 1880 elle avait quitté son mari et vivait avec Red Crow dans la nouvelle réserve des Gens-du-Sang (Alberta). Le journaliste de Winnipeg George Henry Ham la décrivit en 1885 comme « une squaw habillée avec soin, parée selon la coutume de certaines dames blanches, [qui préférait néanmoins] la liberté sauvage des plaines aux conventions de la société ». Au moment de sa mort en 1893, Natawista vivait dans la réserve des Gens-du-Sang avec le fils de Red Crow, Nina-Kisoom (Chief Moon).

Hugh A. Dempsey

AN, RG 10, B8, 9412, Treaty paylists, Blood bands of Treaty 7, 1877, entry 37.— Arch. of the diocese of Peoria (Peoria, Ill.), St Mary’s Church, reg. of marriages, 9 sept. 1859.— Mont. Hist. Soc. (Helena), L., H. Morgan, « Journal of Lewis H. Morgan, 1862 ».— [J. J.] Audubon, Audubon and his journals, M. R. Audubon, édit. (2 vol., Londres, 1897 ; réimpr., New York, 1960), 2.— R. F. Kurz, « Journal of Rudolph Friederich Kurz [...] 1846–1852 », J. N. B. Hewitt, édit., Myrtis Jarrell, trad., Smithsonian Institution, Bureau of American Ethnology, Bull. (Washington), 115 (1937) : 224.— R. B. Nevitt, A winter at Fort Macleod, H. A. Dempsey, édit. ([Calgary], 1974).— Daily Manitoban (Winnipeg), 30 sept. 1885.— H. M. Chittenden, The American fur trade of the far west [...] (2 vol., New York, 1902 ; réimpr., Santa Fe, N. Mex., 1954), 1.— Myrtle Clifford, « Three women of frontier Montana » (thèse de m. a., State Univ. of Mont., Bozeman, 1932).— J. W. Schultz, Signposts of adventure : Glacier National Park as the Indians know it (Boston et New York, 1926).— « Mrs Alexander Culbertson », Mont., Hist. Soc., Contributions (Helena), 10 (1940) : 243–246.— M. W. Schemm, « The major’s lady : Natawista », Montana (Helena), 2 (1952), n° 1 : 5–15.

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Hugh A. Dempsey, « NATAWISTA (Natoyist-siksina, Natawista Iksana) (Medicine Snake Woman) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/natawista_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    28 novembre 2024