NASR, MACARIOS, prêtre melkite de l’ordre des Basiliens du Saint-Sauveur, né le 25 janvier 1831 à Zahlé (Liban) ; décédé le 6 septembre 1908 à Toronto.
Macarios Nasr entra dans l’ordre monastique melkite des Basiliens du Saint-Sauveur tandis qu’il vivait encore dans sa Syrie natale. Il fut ordonné prêtre en 1861, et en 1883, il était supérieur général de l’ordre. Les melkites sont des chrétiens d’Orient qui sont liés au Saint-Siège et ont leur propre patriarche, qui porte le titre de patriarche d’Antioche. Les melkites du Canada vinrent de la Syrie (qui comprenait alors ce qui est aujourd’hui le Liban) dans les années 1880 et s’établirent surtout à Montréal et à Toronto. Au début, la plupart d’entre eux étaient pauvres, et ils étaient très attachés à leur famille, à leur village et à leur religion. Cependant, comme ils reçurent peu d’aide de la part des évêques de rite latin de leur pays d’adoption pour fonder des églises melkites, bon nombre de ces catholiques de rite oriental passèrent au rite occidental, se firent protestants ou abandonnèrent toute affiliation religieuse. Le père Nasr, leur premier pasteur à Toronto, contribua à la formation d’une communauté catholique syrienne et aida les melkites torontois à préserver leur identité.
Le père Nasr se porta volontaire pour la mission canadienne pendant qu’il assistait le patriarche à Damas, et il fut nommé missionnaire apostolique auprès des melkites syriens de Toronto et de l’ouest de l’Ontario en 1896. Le premier document officiel qui fasse état de sa présence à Toronto est une lettre écrite le 19 février 1897 à l’archevêque John Walsh* par le préfet de la Propagande, le cardinal Miecislaus Ledóchowsky. Nasr avait soumis à Rome, avec une approbation écrite de Mgr Walsh, une requête dans laquelle il demandait le pouvoir d’exercer son ministère auprès de ses compatriotes de Toronto. Sa requête fut rejetée parce que, en tant que prêtre adhérent d’un rite oriental, il aurait dû obtenir une autorisation préalable de Rome pour vivre hors de son diocèse. Les melkites de Toronto soumirent donc une pétition au cardinal Ledóchowsky par l’entremise du délégué apostolique, Mgr Rafael Merry del Val. En la faisant suivre, Merry del Val y joignit un message dans lequel il se disait préoccupé de la triste situation des Syriens de Toronto, qui étaient privés d’assistance religieuse. Le préfet revint sur sa décision et, reconnaissant l’urgence des besoins de la communauté syrienne, donna à Mgr Walsh le pouvoir d’autoriser le père Nasr à exercer son ministère dans le diocèse. Ce qui avait poussé l’archevêque à intervenir en sa faveur auprès de Rome, c’était que, le 6 janvier 1897, le père Nasr avait fait appel à lui pour avoir l’usage d’une église ou d’une maison. Pendant quelque temps, il avait dit la messe à l’église St Patrick, près de la communauté melkite des environs de la rue Chestnut, où il habitait, mais apparemment, le curé lui avait retiré ce droit en prétextant que la présence des melkites était très coûteuse.
La communauté melkite connut trois années difficiles, mais à l’aube du xxe siècle, le père Nasr avait la permission d’utiliser le St Vincent de Paul Hall, au 25 de la rue Shuter, et avait reçu, de la Société Saint-Vincent-de-Paul, de l’argent pour se procurer un autel et d’autres objets indispensables. Cette preuve de bonne volonté favorisa les relations harmonieuses entre catholiques torontois de rite oriental et latin. Assurément, la présence de la communauté syrienne était devenue plus largement reconnue : un article sur les étrangers de Toronto, écrit par William Lyon Mackenzie King* et paru dans le Daily Mail and Empire en octobre 1897, disait que la ville comptait 60 Syriens et qu’ils avaient leur propre prêtre catholique.
Le St Vincent de Paul Hall devint le foyer religieux des Syriens ; on l’appelait d’ailleurs l’église syrienne. En 1902, le père Nasr demanda à l’archevêque Denis O’Connor* la permission de recueillir des fonds pour construire une église melkite. Pour l’obtenir, il dut d’abord fournir une liste des fidèles de Toronto. À l’époque, ils étaient 140, dont sa mère et un de ses neveux ; il y en avait 300 autres, répartis dans tous les coins de l’Ontario. Nasr ne doutait pas que le prêtre melkite qui lui succéderait serait en mesure de vivre des contributions de ses paroissiens.
L’église melkite de Toronto – appelée Church of the Assumption of the Blessed Virgin Mary – serait inaugurée en 1913, mais le père Macarios Nasr n’assisterait pas à l’événement. Il mourut en septembre 1908 et fut inhumé au Mount Hope Cemetery. On nomma un prêtre maronite pour le remplacer, mais après que 119 paroissiens eurent signé une pétition dans laquelle ils demandaient à l’archevêque de le relever de ses fonctions, le père Paul Kattini Malouf, qui était venu de Montréal assister Nasr, prit en charge la paroisse melkite. Grâce notamment au travail pastoral de prêtres comme le père Nasr, le Canada compte aujourd’hui environ 50 000 melkites. Ils forment l’Éparchie catholique melkite de Saint-Sauveur, dont le siège est à Montréal.
Arch. of the Roman Catholic Archdiocese of Toronto, Clergy files, Nasr à O’Connor, 4 juill. 1902 ; OC 20 (Syrian congregation file), Nasr à Walsh, 6 janv. 1897 ; WR 80 (Walsh papers, Roman corr.), WRC 8001, WRC 8005.— Catholic Register, 10 sept. 1908.— Daily Mail and Empire, 2 oct. 1897.— Baha Abu-Laban, An olive branch on the family tree : the Arabs in Canada (Toronto, 1980).— Canadian Catholic Church directory (Montréal), 1986 : 253, 542.— Canadian Catholic directory and ecclesiastical register (Toronto), 1905.— Catholic almanac and clergy list of Ontario (Toronto), 1900, 1920.— Sean Gadon, « The Syrian religious experience in Toronto, 1896–1920s », Polyphony (Toronto), 6 (1984), n° 1 : 65–67.— M. W. Nicolson, « The Catholic Church and the Irish in Victorian Toronto » (thèse de ph.d., Univ. of Guelph, Ontario, 1981), 242.
Murray W. Nicolson, « NASR, MACARIOS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nasr_macarios_13F.html.
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Auteur de l'article: | Murray W. Nicolson |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
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