NAPIER, DUNCAN CAMPBELL, officier de l’armée britannique et fonctionnaire, né vers 1788 probablement sur Vile de Jersey, décédé en juin 1865 à St Helier, Jersey.

Duncan Campbell Napier rejoignit les services de l’Intendance de l’armée britannique à un âge précoce. Il accomplit la presque totalité de sa carrière active au Canada, affecté soit à Montréal, soit à Québec où il était attaché au bureau du secrétaire militaire du gouverneur général. Sa carrière n’eut rien d’éclatant, mais elle permet d’examiner les travaux du département des Affaires indiennes pendant le demi-siècle qui précéda la Confédération.

Napier semble avoir été attaché au bureau du secrétaire militaire à partir de la période de la guerre de 1812. Il eut diverses responsabilités ; en 1825, il était en charge des transports de l’armée pour le district de Montréal, agent résidant des Indiens pour la région et secrétaire à Montréal du département des Affaires indiennes, responsable de toute la correspondance concernant la population indienne du Bas-Canada. De 1830 à 1840, il fut secrétaire à Québec, et de 1840 jusqu’à sa retraite en 1857, de nouveau secrétaire à Montréal. Napier fut le fonctionnaire principal du département au Bas-Canada pendant au moins 32 ans.

Les Indiens du Bas-Canada étaient dans une situation tout à fait différente de ceux du Haut-Canada pendant les années où Napier s’intéressa aux affaires indiennes. En Amérique du Nord, la politique britannique traditionnelle consistait à négocier des traités avec les Indiens pour la concession de terres, puis de revendre celles-ci aux nouveaux colons blancs. Ce fut la méthode utilisée au Haut-Canada après 1791 et dans le nouveau dominion après la Confédération. Les autorités françaises en Nouvelle-France avant 1763 avaient utilisé un procédé tout à fait différent : elles avaient confié aux religieux la tâche d’assimiler culturellement les Indiens, réservant des concessions de terrains à cet effet. La propriété de ces concessions ou réserves avait été assignée aux organisations religieuses plutôt qu’aux Indiens. En conséquence, aucune cession de terrain n’avait été signée et les missionnaires catholiques avaient souvent agi à la fois en qualité de prêtres et d’agents des Affaires indiennes. Après 1763, les autorités britanniques de la province de Québec se trouvèrent donc face à un système de relations entre les Blancs et les Indiens prenant racine dans le passé français de la province.

Sous le système britannique consistant à conclure des traités avec les Indiens, les bandes qui cédaient des territoires recevaient des indemnisations sous forme de présents ou de paiements annuels, et d’intérêts sur le capital courus à partir de la vente des terrains cédés. Au moins à partir de la guerre d’Indépendance américaine, les services de l’Intendance de l’armée avaient participé à la distribution annuelle de présents aux Indiens. Du fait que les Indiens étaient également considérés comme des alliés militaires, il semblait logique de mettre un officier de l’armée en charge des Indiens du Bas-Canada. Après 1800, ils tombèrent sous la juridiction du gouverneur général qui en confia la responsabilité au secrétaire militaire. Au moment de la guerre de 1812, il était devenu nécessaire de nommer un fonctionnaire permanent au Bas-Canada pour surveiller les tâches du bureau du secrétaire militaire relatives aux Indiens, et c’est le colonel Napier qui fut le premier officier désigné pour remplir cette fonction. Napier se trouvait donc subordonné au secrétaire militaire. Cette organisation fut maintenue au Bas-Canada jusqu’à ce que la responsabilité des affaires indiennes revienne au gouvernement canadien en 1860 [V. Richard Theodore Pennefather] ême si les Indiens du Haut-Canada avaient été assujettis au contrôle du gouvernement après 1830.

Napier était responsable d’un vaste territoire mal défini où les Indiens restaient attachés pour la plupart au mode de vie semi-nomade de chasse et de pêche de leurs ancêtres. Il ne pouvait pas faire grand-chose pour appliquer la politique officielle consistant à promouvoir la création d’établissements agricoles fixes. Il entretenait surtout des relations épistolaires avec les prêtres ou autres religieux résidants et s’occupait principalement des questions concernant l’administration quotidienne : statistiques sur la population, demandes de fonds, augmentations de salaires. Plusieurs bandes d’Indiens ne reçurent aucune visite officielle pendant des années ou bien simplement disparurent complètement de la circulation. Cette situation différait énormément de celle du Haut-Canada où les problèmes étaient moins nombreux et l’administration plus créatrice [V. Thomas Gummersall Anderson*].

Duncan Campbell Napier était un administrateur consciencieux qui ne pouvait guère faire plus que maintenir le statu quo du département des Affaires indiennes au Bas-Canada. En prenant de l’âge, il perdit de son efficacité pendant ses dernières années de service. Sa retraite en 1857 coïncida avec la décision prise par la Grande-Bretagne de se retirer des affaires indiennes au Canada. Ceci mettait réellement fin à un système administratif qui était devenu un véritable anachronisme. On ne sait pas à quelle date Napier quitta le Canada ni comment il passa les dernières années de sa vie.

Douglas Leighton

APC, MG 30, D62, 22, pp.787–802 ; RG 10, vol. 22–25, 78–102, 141, 590–603, 655–655a.— Gentleman’s Magazine, CCXVIII (janv.–juin 1865) : 801.

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Douglas Leighton, « NAPIER, DUNCAN CAMPBELL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/napier_duncan_campbell_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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