Titre original :  Courtesy of The Grey Roots Archival Collection. Nahebahwequay/Catherine Sutton, [ca/ 186?] (seated, book in lap, white ribbon at neck).

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NAHNEBAHWEQUAY (Nahneebahweequa, signifiant « femme honnête » ; connue sous le nom de Catherine Sutton, née Catherine Bunch Sonego), porte-parole des Sauteux, née en 1824 dans les plaines de la rivière Credit (Port Credit, Ontario) ; elle épousa William Sutton et ils eurent sept enfants ; décédée le 26 septembre 1865 dans le canton de Sarawak, Haut-Canada.

Nahnebahwequay était la fille de Tyatiquob (Bunch Sonego), du clan de l’Aigle, et de Myarwikishigoqua (Mary Crane) du clan de la Loutre. Peu après sa naissance, sa famille fit un voyage à la rivière Grand où son oncle, Kahkewaquonaby* (Peter Jones) avait, quelque temps auparavant, converti plusieurs membres de sa parenté à l’Église méthodiste épiscopale. Les Sonego embrassèrent le christianisme et, au printemps de 1826, ils partirent avec d’autres convertis sauteux pour fonder un nouvel établissement méthodiste à la rivière Credit. Le gouvernement leur construisit 20 maisons à même les sommes accordées à la tribu en échange de leurs terres situées sur la rive nord du lac Ontario. Les Sauteux (que les Européens désignaient sous le nom de Mississagués) construisirent une chapelle destinée également à servir d’école et s’attaquèrent au défrichage du sol.

Catherine fréquenta l’école de la mission jusqu’en 1837, puis accompagna sa tante Elizabeth [Field*], l’épouse anglaise de Peter Jones, lors d’un voyage d’un an qu’elle fit en Grande-Bretagne. En janvier 1839, Catherine épousa William Sutton, un Anglais qui avait émigré au Canada en 1830. À la mission de la rivière Credit, en plus d’élever sa famille, elle jouait le rôle d’animatrice de la classe méthodiste.

Au cours de l’été de 1846, la bande qui vivait à la rivière Credit étudia la possibilité d’aller se fixer à Owen Sound, mais la pauvreté du sol arable convainquit un grand nombre de l’avantage de demeurer à la rivière Credit. Trois familles, y compris les Sutton, partirent quand même. La bande des Newash à Owen Sound attribua 200 acres aux Sutton, sur lesquelles ils construisirent « une maison spacieuse, une grange et une étable » et mirent « 40 à 50 acres en culture ».

De 1852 à 1854, ils vécurent dans la réserve de la rivière Garden, près de Sault-Sainte-Marie, où ils dirigèrent « les travaux d’une ferme modèle [présumément sous les auspices des méthodistes] au profit des Indiens ». Les Sutton se rendirent à une réserve du Michigan en 1854 où William s’employa à améliorer la mission méthodiste. En 1857, ils retournèrent à Owen Sound pour constater que le gouvernement avait arpenté et loti leur bien et l’avait offert en vente. En leur absence, le département des Affaires indiennes s’était fait céder par traité la péninsule de Bruce et il refusa de reconnaître la validité des titres de propriété des Sutton. Le ministre méthodiste de l’endroit, Conrad Vandusen*, soutint que la couronne avait mené les négociations avec des membres de la bande des Newash qui n’étaient pas habilités à agir comme représentants, mais le surintendant des Affaires indiennes, Richard Theodore Pennefather, persista à affirmer que « les chefs, n’étant pas nantis du pouvoir de céder à des particuliers les terres qui appartenaient à la tribu, ne pouvaient octroyer des titres et que, par conséquent, la concession faite par écrit [aux Sutton] était nulle et non avenue ». Il opposa un refus à la demande de Mme Sutton touchant la part qui lui revenait des rentes attribuées à la bande des Newash, « invoquant pour motif le fait qu’elle avait épousé un homme de race blanche et qu’elle avait été absente du pays pendant la période pour laquelle elle réclamait le paiement ».

En septembre 1857, Catherine Sutton n’obtint pas la permission de racheter ses terres lors d’une vente aux enchères, sous prétexte, lui dit-on, que les Indiens ne pouvaient racheter les terres qu’ils avaient cédées. Kezhegowinninne* (David Sawyer) et Abner Elliott, un Indien de la tribu des Newash, se virent également refuser le droit d’acheter les fermes qu’ils avaient défrichées. En 1858, les trois Indiens présentèrent vainement une pétition à la législature de la province du Canada pour obtenir les titres de leurs terres ou une compensation équitable pour les pertes subies. Le gouvernement ne redressa pas les torts, aussi Catherine Sutton décida-t-elle, en 1859, de se rendre en Angleterre afin de soumettre le cas au ministre des Colonies et à la reine.

Mme Sutton passa par New York où un groupe de quakers paya le prix de son passage en Grande-Bretagne et lui fournit une lettre d’introduction auprès de M. et Mme Robert Alsop d’Angleterre. Grâce à l’influence des Alsop et de leur ami, le réformiste anglais John Bright, Catherine Sutton rencontra le ministre des Colonies, le duc de Newcastle, à Londres. Le 19 juin 1860, elle fut présentée à la reine Victoria qui nota dans son journal intime : « Elle s’exprime assez bien en anglais et elle est venue au nom des membres de sa tribu présenter une requête au sujet de griefs touchant leurs terres. » Par suite de l’intervention directe du gouvernement britannique, les Sutton eurent la possibilité de racheter leurs terres, mais rien ne fut fait pour les autres Indiens.

À son retour au Canada, Catherine Sutton, une des rares femmes indiennes de l’époque en mesure de comprendre « la façon de penser des Blancs », continua à plaider pour les droits des tribus indigènes contre les Européens qui agissaient « comme si l’idée qu’ils se faisaient de la justice était que « la force prime le droit » ». En 1861, la qualifiant de « vol de grand chemin et de trahison », elle critiqua vertement la tentative du gouvernement d’acheter l’île Manitoulin, promise à perpétuité aux Indiens en 1836, afin de la céder à des colons blancs recherchant avidement des terres à coloniser.

Pendant les quelque 30 derniers mois de sa vie, la santé de Catherine Sutton fut chancelante et elle mourut en 1865. Son mari lui survécut et il continua à remplir le rôle de prédicateur laïque méthodiste jusqu’à sa mort, qui survint plusieurs années plus tard. La formation qu’elle avait reçue à l’école de la mission, sa première visite en Grande-Bretagne et son mariage avec un Anglais avaient permis à Catherine Sutton d’acquérir une connaissance des Blancs assez approfondie et une confiance en leur monde assez grande pour lutter pour les droits de sa famille et ceux de son peuple.

Donald B. Smith

APC, RG 10, vol. 2877, file 177 181 ; RG 31, 1861 census, Sarawak Township ; Keppel Township.— Grey County and Owen Sound Museum (Owen Sound, Ont.), Journal of William Sutton.— PRO, CO 42/624, pp.355, 409, 428s.— UCA, Mission register for the Credit River Mission.— Enemikeese [Conrad Vandusen], The Indian chief : an account of the labours, losses, sufferings, and oppression of Ke-zig-ko-e-ne-ne (David Sawyer), a chief of the Ojibbeway Indians in Canada West (Londres, 1867), 119–137.— Peter Jones (Kahkewaquonaby), History of the Ojebway Indians ; with especial reference to their conversion to Christianity [...] (Londres, 1861) ; Life and journals of Kah-ke-wa-quo-na-by (Rev. Peter Jones), Wesleyan missionary (Toronto, 1860).— Wesleyan Methodist Church in Can., Missionary Soc., Annual report (Toronto), 1845–1846.— Christian Guardian, 12 janv. 1848, 2 avril, 28 mai 1862, 8 nov. 1865.— Daily Sun Times (Owen Sound, Ont.), 30 août 1960.— Illustrated atlas of the county of Grey (Toronto, 1880 ; réimpr., Port Elgin, Ont., 1971), 17.

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Donald B. Smith, « NAHNEBAHWEQUAY (Nahneebahweequa) (Catherine Sutton, Catherine Bunch Sonego) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nahnebahwequay_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    28 novembre 2024