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MURDOCH, GEORGE, homme d’affaires, homme politique et juge de paix, né le 29 avril 1850 à Paisley, Écosse ; père d’au moins trois garçons et deux filles ; décédé le 2 février 1910 à Calgary.
À l’âge de quatre ans, George Murdoch accompagna sa famille à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, où il passa le reste de son enfance. Il apprit le métier de sellier-bourrelier à Chicago, mais il revint au Nouveau-Brunswick après avoir tout perdu dans le grand incendie de 1871. Il était probablement l’homme du nom de George Murdoch qui épousa Maggie Flood le 1er janvier 1879 à Saint-Jean. On sait de façon certaine que sa femme était une prénommée Margaret, et le couple eut deux enfants dans cette province.
Au printemps de 1883, Murdoch vint s’installer à Calgary, qui se réduisait alors à un groupe de tentes rangées des deux côtés de la rivière Elbow. Comme le chemin de fer devait arriver en août et que l’on s’attendait que la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique désigne cet emplacement pour y construire une ville, l’effervescence était grande. Un sellier-bourrelier pouvait réaliser de bonnes affaires, et les prix de Murdoch, il le reconnaissait, étaient « exorbitants ». Sa publicité disait : « Harnais et selles de tous genres fabriqués sur place par des ouvriers qualifiés. Spécialité : équipements de mineurs et d’éleveurs ». La Police à cheval du Nord-Ouest et les Pieds-Noirs comptaient parmi ses clients. Comme il était l’un des premiers hommes d’affaires établis en permanence dans la localité, il s’engagea à fond dans le mouvement qui réclamait que le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest érige Calgary en municipalité. La demande fut agréée en novembre 1884, et Calgary devint la deuxième municipalité des territoires. Le mois suivant, Murdoch remporta haut la main la première élection à la mairie, ce qui prouvait bien sa popularité.
Pendant l’hiver de 1885–1886, Murdoch prit une part importante à une controverse sur l’application d’un article de l’Acte des Territoires du Nord-Ouest qui prohibait dans les faits la consommation d’alcool. La loi en vigueur, conçue d’abord pour protéger les autochtones, n’autorisait la vente d’alcool qu’à des fins médicales et exigeait en outre un permis du lieutenant-gouverneur. Fréquemment violée, et souvent de manière flagrante, cette loi était détestée, et la police locale ainsi que la Police à cheval du Nord-Ouest l’appliquaient de façon incohérente. En tant que juge de paix, Murdoch traitait les délinquants avec clémence ; faire autrement, notait-il dans son journal, aurait été suicidaire. Aussi Jeremiah Travis*, magistrat rémunéré nommé par le gouvernement fédéral et résolu à appliquer la loi dans toute sa rigueur, le désapprouvait-il fortement.
En novembre 1885, le ressentiment contre la loi prit la forme d’une opposition ouverte dans laquelle Murdoch joua le rôle de porte-parole et de martyr du peuple. Il défendit publiquement Simon John Clarke, conseiller municipal et propriétaire de saloon que Travis avait fait emprisonner, et se rendit à Ottawa pour protester, au nom de la municipalité, contre le geste de Travis. Puis, au début de 1886, en dépit du fait que Murdoch avait été réélu à la mairie par une majorité écrasante, Travis le démit de ses fonctions, en même temps que tous ses conseillers. Bien que l’accusation selon laquelle il avait tripoté les listes électorales n’ait été appuyée sur aucune preuve, on le condamna à 200 $ d’amende. Travis ordonna que ses biens personnels soient mis aux enchères pour régler la somme, mais personne n’accepta de faire des offres. Faute d’appuis dans la population, les fonctionnaires installés à la place du conseil révoqué se trouvaient dans l’impossibilité de faire leur travail. Calgary n’eut donc pour ainsi dire pas d’administration municipale en 1886. Murdoch finit toutefois par être disculpé, en quelque sorte : Travis fut suspendu en mars de cette année-là et mis à la retraite par la suite. De même, on ne peut guère douter que les incidents, en attirant l’attention sur une loi injuste, contribuèrent à la faire révoquer en 1891.
Murdoch participa aux affaires publiques dans les années 1890, mais son étoile avait beaucoup pâli. Une nouvelle élite faisait son apparition : une classe d’hommes d’affaires qui voulaient une administration municipale plus responsable et que gênaient les manières rustiques et complaisantes de Murdoch. Il appartint néanmoins au conseil de 1889, qui fut élu au cours d’une assemblée publique pour veiller à la saine gestion des affaires municipales. En outre, il fit campagne pour la mairie – sans succès – en 1890, et remplit la charge d’échevin en 1895.
Murdoch contribua aussi d’autres façons aux débuts de la vie municipale de Calgary. Il participa à la fondation de la congrégation presbytérienne et de la St Andrew’s Society, et figura parmi les premiers membres de plusieurs loges maçonniques. Il œuvra dans les sociétés de littérature et d’histoire, le club hippique, l’association agricole et la brigade des pompiers volontaires. Ses relations avec les autochtones, et surtout avec les Pieds-Noirs, dont il parlait la langue, étaient particulièrement bonnes. Les Amérindiens, qui l’appelaient Leather Man, venaient souvent le voir chez lui, dans l’avenue Seventh puis sur le ruisseau Nose au nord de la rivière Bow. Toutefois, le journal qu’il tint et les notes qu’il prit assidûment pendant ses premières années dans l’Ouest constituent peut-être son legs le plus durable. Perspicaces et détaillées, ses observations fournissent de précieux renseignements sur la vie dans les régions pionnières telle que la percevait un nouveau venu établi à demeure.
George Murdoch illustre à merveille ces hommes d’affaires industrieux et dotés de sens civique qui, en participant à la vie commerciale, municipale et sociale, contribuèrent à jeter les bases du développement urbain dans tout l’ouest du Canada à la fin du xixe siècle et au début du xxe. Il fait partie de ces personnages qui, d’une manière collective et anonyme, par leur énergie et leur initiative, aidèrent à transformer les villages en villes, puis les villes en cités. Cependant, parce qu’il se trouva dans l’obligation de protester, au nom de ses concitoyens, contre une loi impopulaire, et parce qu’il écrivit sur ce qu’était la vie dans son milieu d’adoption, il occupe, dans l’histoire, une place qui a été refusée à bon nombre de ses contemporains.
AN, MG 29, C13 (transcriptions ; mfm aux GA).— Calgary Herald, 1885–1910.— Daily Sun (Saint-Jean, N.- B.), 2 janv. 1879.— Calgary, Alberta, Canada : her industries and resources, [T. S.] Burns et [G. B.] Elliott, compil. (Calgary, 1885 ; réimpr., 1974).— Max Foran, « Early Calgary, 1875–1895 : the controversies surrounding the townsite location and the direction of town expansion », Cities in the west [...], A. R. McCormack et Ian McPherson, édit. (Ottawa, 1975), 26–45 ; « The « Travis affair », Alberta Hist. Rev. (Calgary), 19 (1971), n° 4 : 1–7.— Max Foran et Edward Cavell, Calgary : an illustrated history (Toronto 1978).
Max Foran, « MURDOCH, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/murdoch_george_13F.html.
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Auteur de l'article: | Max Foran |
Titre de l'article: | MURDOCH, GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |