MUNRO, JESSIE KNOX, institutrice et missionnaire, née le 9 janvier 1861 à Peterborough, Haut-Canada, fille de George Munro, meunier, et de Jessie Shearer ; décédée célibataire le 23 mars 1923 à Peterborough, Ontario.
Jessie Knox Munro grandit dans une famille de fervents méthodistes wesleyens, auprès de parents sévères mais aimants. À l’âge de 14 ans, au cours d’un revival à l’église méthodiste George Street de Peterborough, elle consacra sa vie au Christ. Cette expérience de conversion instilla en elle un profond désir de répandre la Bonne Parole en tant que missionnaire. L’opposition de ses parents l’empêcha cependant d’embrasser sa vocation tout de suite. Elle commença plutôt à enseigner dans une école rurale de sa région, puis étudia à l’école normale d’Ottawa et obtint en 1882 un brevet d’enseignement de deuxième classe. Pendant sa formation d’institutrice, elle avait manifesté un don certain pour les langues et avait appris à parler couramment l’allemand.
Mlle Munro enseigna à Lakefield, à Goderich et à Brighton, mais ses aspirations à la vie missionnaire persistaient, et elle « conclut une alliance avec Dieu » en vue d’aller au Japon « s’Il [l’]appelait et [lui] ouvrait la voie ». Peu après, elle lut dans le Christian Guardian de Toronto que la Woman’s Missionary Society cherchait une institutrice pour son école de filles, la Tōyō Eiwa Jo Gakkō, à Tokyo. L’Église méthodiste œuvrait à cet endroit depuis 1873 [V. George Cochran*]. Interprétant l’annonce comme un signe, Jessie Knox Munro posa sa candidature sans tarder. Impressionnée par ses références et son aptitude pour les langues, la société missionnaire l’accepta. Mlle Munro arriva au Japon à l’automne de 1888 et, pleine d’enthousiasme, se mit à enseigner l’anglais, la Bible et la morale occidentale à ses élèves nippones. Elle demeura à l’école jusqu’en 1899, puis dut rentrer au Canada pour des raisons de santé.
En 1904, Mlle Munro demanda à reprendre du service. La même année, la Woman’s Missionary Society l’envoya à Pakan (Alberta) avec l’infirmière Retta Edmunds (Edmonds). Surtout parmi les Églises méthodistes et presbytériennes, on tenait à ce que les nombreux Ukrainiens installés depuis peu dans cette région adoptent la foi protestante et s’assimilent. Les méthodistes avaient lancé leur effort (finalement infructueux en conversions) en 1901, en envoyant à Pakan le missionnaire et médecin Charles H. Lawford. La tâche de Mlles Munro et Edmunds consistait à fonder une mission pour les femmes et les enfants.
Pendant plusieurs mois, Jessie Knox Munro et Retta Edmunds vécurent sous une tente. Elles y tenaient une école du dimanche tout en surveillant la construction du poste de mission à Wahstao. Une fois les travaux terminés, elles ouvrirent un externat pour les enfants des immigrants, un dispensaire et une clinique. En outre, elles se mirent à offrir aux Ukrainiennes des cours sur le soin des enfants et les arts ménagers, tout en leur faisant étudier la Bible. Leur objectif était d’inculquer à ces femmes les manières et la morale en vigueur dans les familles anglo-canadiennes de religion protestante. Deux ans plus tard, Jessie Knox Munro dut prendre à nouveau congé pour des raisons de santé. En 1908, elle participa à la fondation du Home for Ruthenian Girls à Edmonton. Préoccupée par le sort des jeunes immigrantes qui avaient quitté leur famille pour trouver du travail en ville, elle espérait que ce foyer serait pour elles un havre de moralité, un lieu plus édifiant que les « projections de piètre qualité, [les] théâtres vulgaires, [les] salles de danse publiques, [les] restaurants mal famés » et surtout les « assemblées socialistes » où « des hommes ignorants dis[aient] du mal de toutes les religions ». Sa santé obligea Mlle Munro à abandonner définitivement le travail missionnaire en 1909. Dès lors, elle vécut avec des parents à Toronto, à Lakefield et enfin à Peterborough, où elle mourut en 1923.
Sous bien des aspects, Jessie Knox Munro est représentative des centaines de célibataires instruites et issues de la classe moyenne des petites localités qui firent du travail missionnaire au Canada à la fin du xixe siècle et au début du xxe. En se consacrant à une telle œuvre, Mlle Munro put échapper au foyer austère dans lequel elle avait grandi et avoir la satisfaction d’accomplir, comme on le lui avait enseigné, son devoir de chrétienne. Sa vie reflète l’impératif évangélique de ramener au Christ des brebis perdues, le désir ethnocentrique de « civiliser » des étrangers et le souci humanitaire de s’attaquer aux problèmes sociaux qui affligeaient les défavorisés – trois facteurs dont la combinaison, à l’époque, produisait une forte impulsion missionnaire dans la communauté protestante anglophone au Canada.
AO, RG 80-8-0-935, nº 28269.— EUC-C, Biog. file ; Fonds 15, 78.080C, box 002, 1888, 1904–1909 ; box 007, 1888–1899.— PAA, UCC, Alberta and Northwest Conference Arch., 75.387, box 12, item 423 (photographie de Munro) ; Methodist Church (Canada), Woman’s Missionary Soc., Alberta branch, minutes of the annual conference, 1904–1909.— Examiner (Peterborough, Ontario), 24, 26 mars 1923.— Ethelwyn Chace, Wahstao memories : letters to Edith Weekes from Ethelwyn Chace recalling pioneer days, Mme J. K. Smith, édit. (publié à compte d’auteure, s.l. n.d.).— G. N. Emery, « Methodist missions among the Ukrainians », Alberta Hist. Rev. (Calgary), 19 (1971), nº 2 : 8–19.— R. R. Gagan, A sensitive independence : Canadian Methodist women missionaries in Canada and the Orient, 1881–1925 (Montréal et Kingston, Ontario, 1992).— Mae Laycock, Bridges of friendship (s.l., 1974 ; exemplaire à l’EUC-C).— Missionary Outlook (Toronto), sept., déc. 1904 ; juin 1905 ; mai 1906 ; juill. 1909 ; janv. 1910.— H. L. Platt et al., The story of the years : a history of the Woman’s Missionary Society of the Methodist Church of Canada (3 vol., [Toronto], 1908–1917).— C. I. Rauser, « Clean hearts and clean homes : the work of Methodist women missionaries among Ukrainian immigrants in east-central Alberta, 1904–1925 » (mémoire de m.a., Carleton Univ., Ottawa, 1991).— W. E. [Elizabeth] Ross, Miss Jessie K. Munro (Toronto, [1923] ; exemplaire dans le dossier de la biog. de Jessie Knox Munro à l’EUC-C).
Norman Knowles, « MUNRO, JESSIE KNOX », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/munro_jessie_knox_15F.html.
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Auteur de l'article: | Norman Knowles |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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