MUNK (Mouck), JENS ERIKSEN, marin danois qui passa l’hiver à l’embouchure de la Churchill en 1620, né le 3 juin 1579 à Barbo, près de la ville actuelle d’Arendal, en Norvège ; deuxième fils d’Érik Nielsen Munk, il épousa Katherine Adriansdatter et divorça en 1623 ; il eut plusieurs enfants ; mort le 3 ou le 24 juin 1628, il fut inhumé le 3 juillet à Copenhague.

Munk passa sa jeunesse en mer. Pendant la guerre contre la Suède, de 1611 à 1613, il obtint le grade de capitaine de la marine danoise et servit avec distinction. À compter de 1613, il remplit diverses fonctions officielles sur l’ordre de son souverain, Christian IV. Il s’intéressa activement à la chasse à la baleine dans l’Arctique en tant qu’occupation lucrative, et il fut le premier à l’introduire comme industrie au Danemark.

En 1619, Munk reçoit de Christian IV l’ordre d’entreprendre un voyage à la recherche du passage du Nord-Ouest vers les Indes. Munk ‘choisit deux navires de guerre, le Enhiörningen (Unicorne ou Narval), petite frégate, et le Lamprenen (Lamproie), sloop dont il surveille personnellement l’armement. Il fait voile en mai 1619, passant au nord des îles Shetland, au large des îles Féroé, puis filant en direction ouest vers le Groenland. Il aperçoit le Kap Farvel (cap Farewell) le 30 juin, dix jours après s’être approché du Groenland. Le 8 juillet, il voit la rive ouest du détroit de Davis, mais la glace et les brumes l’empêchent d’y atterrir. Le temps s’étant éclairci, il entre dans la baie Frobisher, qu’il prend pour le détroit d’Hudson. Constatant son erreur, il fait voile vers le Sud jusqu’à ce qu’il soit certain d’avoir atteint le détroit. Munk donne le nom de « Fretun Christian » au détroit d’Hudson. Il longe la côte nord du détroit entre la glace et la terre, ce qui était très dangereux. À un endroit que Munk baptise du nom de « Rinsund », il jette l’ancre et descend à terre pour parler aux aborigènes (il s’agissait probablement d’Esquimaux nomades) et chasser le renne. Munk prend possession de cette terre au nom de Christian IV et y fait placer les armoiries et le monogramme du roi qu’il avait apportés à cet effet. Quittant Rinsund, il reste pris dans les glaces pendant six jours. Le 31 juillet, il explore une petite anse, qu’il appelle « Haresund », en attendant que le temps s’améliore. Il trouve là des roches métallifères et du talc. On ignore la position exacte de Haresund.

Munk repart le 19 août en direction ouest-sud-ouest. Ses pilotes se croient dans la baie d’Hudson, mais Monk n’en est pas certain. De fait, ils sont plutôt dans la baie d’Ungava. Cette erreur corrigée, ils ne commettent plus d’écart de navigation. Les vents étant défavorables, ils mettent six jours à regagner le détroit et ils entrent dans la baie d’Hudson près de l’île Digges.

Munk appelle « Novum Mare Christian » tout ce qui est maintenant connu sous le nom de baie d’Hudson. À l’époque, seule la partie sud s’appelait la « baie d’Hudson » ; la partie ouest se nommait baie de Button. Dans son récit, Munk a été le premier à considérer cette mer intérieure comme un tout, et sa carte est la première où l’on peut voir la baie tout entière.

Atteignant la baie d’Hudson, Munk se dirige en direction sud-ouest jusqu’à la rive ouest en quête ‘d’un certain endroit. On ne sait pas exactement de quel endroit il s’agissait, car il n’existe aucune copie de ses instructions. Il traverse la baie sans incident et atterrit en un lieu plus tard appelé cap Churchill. Munk se met immédiatement en quête d’un abri pour ses navires. Le temps se gâte peu après, car on est au début de septembre, et Munk est contraint d’hiverner à Port Churchill, dans l’estuaire de la Churchill, comptant bien se mettre à la recherche du passage le printemps suivant. Il n’y a pas à se méprendre au sujet de l’emplacement, car Munk en donne une description très précise ; d’ailleurs on a retrouvé plus tard des vestiges de son séjour à cet endroit. Il baptise l’estuaire du nom de « Jens Muncke’s Bay ».

Munk fut le premier Européen à visiter la région, encore que Button y soit peut-être passé en 1612 ou en 1613 sans l’indiquer. Au cours de l’hiver, Munk nota diverses observations et opinions scientifiques à propos, par exemple, des migrations d’oiseaux, d’une éclipse lunaire, de parélies ou faux soleils, et il exprima ses vues sur l’origine des icebergs qu’il avait vus dans les détroits de Davis et d’Hudson.

Munk encouragea ses hommes à chasser et à prendre de l’exercice, mais bientôt le froid et la neige les confinèrent sur leurs navires. Dès le mois de janvier 1620, les hommes commencèrent à souffrir du scorbut. Il y avait bien à bord d’amples provisions d’herbes, d’eaux et de médicaments, mais personne ne savait comment les administrer. En mars, la moitié des hommes étaient morts et, le 4 juin, 61 avaient péri, ne laissant que Munk et deux membres de l’équipage, tous trois affaiblis par la maladie. Mais ils se rétablirent suffisamment pour tenter de retourner en Europe à bord du sloop.

Le récit qu’a fait Munk de ce voyage de retour est plutôt maigre. Il suivit à peu près la même route qu’à l’aller. Il atteignit la Norvège le 21 septembre et, dès le 25 décembre, il se retrouvait à Copenhague. Munk était, il va sans dire, déçu de l’échec de son expédition. Il n’était pas préparé à subir un froid si intense – un froid comme il n’en avait pas connu dans ses voyages peu fructueux en Nouvelle-Zemble (Terre nouvelle). De plus, il avait projeté de vivre des ressources du pays et espérait ainsi avoir de la viande fraîche. Il conçut plus tard le projet de retourner dans cette région avec des colons, afin de les y initier au commerce des fourrures. Il fit des préparatifs, mais ce second voyage fut remis à plus tard pour divers motifs.

En 1623, il reprenait la mer sur l’ordre du roi Christian. En 1625, il fut créé amiral et posté sur la Weser pendant la guerre de Trente Ans.

Nora T. Corley

Danish arctic expeditions (Gosch), II : The expedition of Captain Jens Munk to Hudsons Bay in search of a north-west passage in 1619–20, renferme l’histoire la plus complète qui soit de la vie de Jens Munk, ainsi qu’une traduction de la relation qu’il fit de son voyage sous le titre Navigatio septentrionalis et qui fut d’abord publiée à Copenhague en 1624. La deuxième édition (anonyme, publiée en 1723) comprend une biographie de Munk, que l’on croit tirée de ses propres journaux. Une troisième édition, réimpression fidèle de l’édition de 1624, a paru à Copenhague en 1883 ; elle comprend une introduction et des notes de P. Lauridsen, qui y a inclus « certains renseignements additionnels fort intéressants » relevés dans les Archives officielles du Danemark. Le manuscrit original de Munk, portant sa signature et comprenant la plus grande partie du texte, appartient à la bibliothèque de l’université de Copenhague. Pour un récit vivant et récent, V. Dodge, Northwest by sea, 144–153.— V. aussi Oleson, Early voyages, 171s.

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Nora T. Corley, « MUNK (Munck), JENS ERIKSEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/munk_jens_eriksen_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
Date de consultation:    1 décembre 2024