MORTON, SILVANUS, marchand, propriétaire de navires et homme politique, né le 13 avril 1805 à Liverpool, Nouvelle-Écosse, probablement fils de James Morton et de Lucy Gorham ; le 9 janvier 1833, il épousa Ezelia Ford, et ils eurent six enfants ; décédé le 8 février 1887 à Milton, Nouvelle-Écosse.
Silvanus Morton partageait l’intérêt des membres de sa famille pour l’industrie du bois d’œuvre dans le sud de la Nouvelle-Écosse et, en 1828, il avait commencé à acquérir des terrains dans le canton de Liverpool. Il manifesta aussi de l’intérêt pour la navigation et, en 1840, il était propriétaire d’un brick de 170 tonneaux, le Milton. Au cours de sa vie, il posséda, en tout ou en partie, environ dix navires et s’en servit, ainsi que d’autres, pour expédier du bois d’œuvre aux Antilles. Sur le marché local, il vendit du bois coupé dans les trois scieries dont il était propriétaire, des denrées provenant de Halifax, de la province du Canada et des États-Unis, ainsi que du sucre et de la mélasse importés des Antilles.
En 1856, Morton devint un des actionnaires fondateurs de la Milton Railroad Company. À cette époque, il comptait déjà parmi les habitants riches et très en vue du comté de Queens et occupait un certain nombre de postes de second plan dans le comté comme, cette année-là, celui de directeur du Bureau de bienfaisance de Milton. Mais Morton avait des détracteurs dans la communauté. Tout comme d’autres membres d’un comité constitué la même année en vue de vérifier les comptes publics du comté de Queens, il fut accusé d’incompétence dans l’exercice de ses fonctions ; le tribunal enquêta là-dessus et rejeta cette accusation. Le Liverpool Transcript rapporta qu’une cause où Morton poursuivait en justice un débiteur « présenta certaines particularités extraordinaires du côté de la défense et qu’[on] y proféra beaucoup de gros mots ». Il est possible que les difficultés que connut Morton lors des litiges auxquels il fut mêlé aient découlé d’une certaine suffisance chez lui qui se manifesta en octobre 1857, mois au cours duquel il se servit des colonnes du Transcript pour sermonner un jeune homme qui, croyait-il à tort, lui avait volé quelques poissons.
En 1859, Morton fit son entrée sur la scène politique provinciale en qualité de candidat réformiste en disputant à John Campbell le siège du comté de Queens que celui-ci occupait à l’Assemblée. Il promit « d’annuler les nominations les plus offensantes faites par le dernier gouvernement [...] de faire toute l’opposition possible à toute influence sectaire [...] de déployer tous les efforts en vue de faire des économies dans les dépenses du Trésor public ». Il perdit par six votes dans une lutte qui occasionna « quelques échauffourées et des chamailleries plutôt vives », mais il remporta le siège en 1860 après qu’un comité de la chambre eut fait enquête sur l’élection.
À l’Assemblée, où siégeait Joseph Howe*, Morton subit le sort de la plupart des simples députés de son parti. Les comptes rendus des débats n’indiquent pas que Morton ait jamais pris la parole sauf pour présenter de temps en temps un projet de loi ou une requête sur des questions concernant son comté de Queens. Il ne se déroba toutefois pas à ses obligations à l’Assemblée ; il assista aux séances, fit partie de divers comités et se montra assez indépendant pour être le seul député à différer d’opinion sur un rapport relatif aux affaires indiennes présenté en 1863. Cette même année, Morton informa une assemblée d’électeurs qu’il voulait se retirer de la vie publique, et il ne se porta plus candidat.
Pendant que Silvanus Morton siégeait à l’Assemblée, ses fils Charles et John jouèrent un rôle de plus en plus important dans les entreprises commerciales de la famille. Au milieu des années 1860, Morton acquit de nouveaux biens et en transmit une grande partie à ses fils. En 1869, il exerçait les fonctions de juge de paix. Il assuma aussi la direction de la Bank of Liverpool, fondée en 1871, et venait au quatrième rang des actionnaires de cet établissement. Beaucoup d’actionnaires subirent de lourdes pertes lorsque la banque fit faillite en 1873, situation d’autant plus catastrophique que ces derniers étaient garants du double de la valeur de leurs actions. Quand la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse rendit son jugement définitif défavorable aux actionnaires, en 1888, Morton était mort. Sa succession fut liquidée rapidement mais, selon le Liverpool Advance du 9 février 1887, Morton lui-même avait été « obligé avec beaucoup d’autres de succomber finalement » au désastre financier que la faillite de la banque avait entraîné.
Arch. privées, Seth Bartling (Liverpool, N.-É.), R. J. Long, « The annals of Liverpool and Queens County, 1760–1867 » (1926) (copie dactylographiée à la Dalhousie Univ. Library, Halifax ; mfm aux PANS).— PANS, ms file, Banks, Bank of Liverpool, 1878–1880.— Queens County Court of Probate (Liverpool), Original estate papers, A, 1887–1893 (mfm aux PANS).— Queens County Registry of Deeds (Liverpool), 9, 1827–1831 ; 13, 1843–1846 ; 14, 1846–1851 ; 19, 1864–1865 ; 20, 1866 (mfm aux PANS).— N.-É., House of Assembly, Debates and proc., 1861 ; Journal and proc., 1860–1863.— Liverpool Advance, 9 févr. 1887.— Liverpool Transcript, 1854–1863.— Directory of N.S. MLAs, 258.— N.S. directory, 1868–1869 : 683.— Harry Eisenhauer, « The Bank of Liverpool (1871–1879) », Canadian Paper Money Journal (Toronto), 9 (1973) : 6–8, 21.
Donald F. Chard, « MORTON, SILVANUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/morton_silvanus_11F.html.
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Auteur de l'article: | Donald F. Chard |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
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