MORRISCY (Morricy, Morrissey), WILLIAM (bien qu’on l’appelle souvent William A., il n’y a pas de deuxième nom sur son baptistaire), prêtre catholique et médecin, né le 16 juillet 1841 à Halifax, fils de Timothy Morriscy, forgeron et serrurier, et d’Eliza Kehoe, née Brennan ; décédé le 30 mars 1908 à Chatham, Nouveau-Brunswick.

Après avoir fréquenté des écoles de Halifax, William Morriscy fut commis dans un magasin de nouveautés, puis étudia deux ans avec un médecin avant d’opter pour le sacerdoce. En 1860, lorsque James Rogers, de Halifax, devint évêque du nouveau diocèse de Chatham, au Nouveau-Brunswick, il y emmena quatre candidats à la prêtrise, dont Morriscy, afin de les former et de les faire enseigner à la St Michael’s Academy, ancêtre de la St Thomas’ University. Le 29 juin 1864, Morriscy fut le premier prêtre ordonné par Rogers. Il œuvra quelques temps à St Margarets, Caraquet, Chatham, Bathurst et Renous avant de s’installer définitivement à Bartibog en 1877.

À la fois médecin et prêtre, Morriscy avait repris intérêt à la médecine au cours de son séjour à Caraquet, en 1864–1865, car son supérieur, le père Joseph-Marie Paquet*, soignait les habitants du village. À Bartibog, il avait de nombreux Micmacs parmi ses ouailles, et c’est d’eux qu’il apprit les vertus médicinales des plantes. Sa réputation de médecin, qui s’étendait à toute la province et au delà, reposait sur la valeur de ses diagnostics. À sa mort, le rédacteur en chef du World de Chatham, James Lemuel Stewart, nota : « Son succès de médecin n’avait rien d’extraordinaire. Il recourait aux mêmes remèdes et aux mêmes méthodes que les médecins ordinaires. C’était son pouvoir d’établir un diagnostic qui faisait sa force. Il avait l’œil du médecin né et, souvent, un seul regard ou un simple geste lui révélait de quoi souffrait un client. Voilà pourquoi il réussissait là où bien des médecins ordinaires avaient échoué. »

Morriscy était si populaire que lorsque la province adopta, en 1881, une loi interdisant la pratique de la médecine à tous ceux qui ne détenaient pas de permis, elle fit exception pour les « médecins clairvoyants ». Morriscy ne réclamait jamais d’honoraires ; selon Stewart, « son temps, ses talents et ses biens étaient à la disposition de quiconque en avait besoin », riche ou pauvre, protestant ou catholique. En 1883, des amis de Chatham et de Loggieville lui exprimèrent leur reconnaissance en lui offrant un cheval, une calèche, un harnais, des couvertures et un traîneau parce que, dit-on, il était « si généreux qu’il n’a[vait] pas les moyens de s’acheter de belles choses ». On venait d’un peu partout au Canada et aux États-Unis pour le consulter ; bien des gens, y compris des médecins, sollicitaient par écrit son avis.

Gravement malade à compter de 1898, Morriscy fut transporté en janvier 1908 à l’Hôtel-Dieu de Chatham, où il mourut trois mois plus tard. Environ 1 500 personnes, dont le lieutenant-gouverneur Lemuel John Tweedie* et d’autres dignitaires, assistèrent à ses obsèques. Il avait légué par testament les recettes de plusieurs de ses médicaments aux religieuses de l’Hôtel-Dieu. Comme elles n’étaient pas en mesure de les commercialiser, un groupe d’hommes d’affaires dirigé par Richard O’Leary* constitua juridiquement, le 12 août 1908, la Father Morriscy Medicine Company. Les religieuses touchèrent un forfait, après quoi elles reçurent un pourcentage du bénéfice réalisé sur toutes les ventes. En 1911, la compagnie s’installa à Montréal ; en 1913, elle fut absorbée par une autre société pharmaceutique.

Le père William Morriscy avait gagné l’affection de tous par sa gentillesse et sa serviabilité. « De tous les hommes que nous avons connus, déclara le rédacteur en chef du World, il est le seul et unique qui, manifestement, aimait son prochain comme lui-même. » Encore aujourd’hui, les habitants de la région de la Miramichi vénèrent sa mémoire et racontent des histoires qui rappellent ses dons de médecin et sa générosité.

William A. Spray

Outre les ouvrages cités ci-dessous, nous avons utilisé les exemplaires des documents suivants en notre possession : Louise Manny, « Father Morriscy » (transcription d’une émission de radio, 1950), les notes du docteur Manny sur Morriscy dans son carnet, « Persons and places, vol. 2 » (texte dactylographié, 1950) ; et une brochure publiée par la Father Morriscy Medicine Company Limited, Morriscy’s home games and entertainments (Montréal, [1912 ?]).  [w. a. s.]

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William A. Spray, « MORRISCY (Morricy, Morrissey), WILLIAM (William A.) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/morriscy_william_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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