Titre original :  Photograph of Charlotte M.B. Schreiber in her studio.
Charlotte M.B. Schreiber, working in her studio at Erindale, Ontario, 1895.
Source: Art. Toronto, Society of Canadian Artists. -- 5 v. ill. (some col.) 28 cm. -- (Fall 1973). -- Vol. 5, no. 15. -- ISSN 0004-3257. -- P. 19.

Provenance : Lien

MORRELL, CHARLOTTE MOUNT BROCK (Schreiber), peintre et enseignante, née le 21 mai 1834 à Colchester, Angleterre, fille aînée de Robert Price Morrell, ministre de l’Église d’Angleterre, et de Mary Mount Brock ; le 28 septembre 1875, elle épousa à Witham, Essex, Angleterre, Weymouth George Schreiber (décédé le 5 juillet 1898), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 3 juillet 1922 à Paignton, Angleterre.

Grâce aux encouragements de son père, Charlotte Mount Brock Morrell put étudier à la Carey’s School of Art à Londres de 1850 à 1855. Elle prit aussi des leçons de John Rogers Herbert et des cours d’anatomie d’un dénommé Scharf. Non seulement exposa-t-elle à la Royal Academy of Arts de 1855 à 1874, mais elle illustra des éditions d’un ouvrage d’Edmund Spenser, The legend of the Knight of the Red Crosse (Londres, 1871), et d’un livre d’Elizabeth Barrett Browning, The rhyme of the Duchess May (Londres, 1873). En 1875, peu après avoir épousé son petit-cousin Weymouth George Schreiber, de Toronto, père de trois enfants adolescents, elle immigra en Ontario et s’installa à Deer Park (Toronto).

En l’espace de cinq ans, Charlotte Schreiber fut reconnue pour son talent et acquit la notoriété dans la communauté artistique de la province. En 1876, elle fut élue à l’Ontario Society of Artists. L’année suivante, elle était la seule femme au conseil de l’Ontario School of Art et, de 1877 à 1880, elle fut la seule femme aussi à enseigner dans cette école. Premier membre féminin admis à l’Académie royale des arts du Canada (sa nomination datait de la fondation de l’organisme en 1880), elle choisit de se retirer en 1888 au lieu de démissionner parce que l’Académie interdisait aux femmes d’assister aux réunions. Intrépide et franche, elle ne perdit jamais « la flamme et l’enthousiasme d’une jeune fille » qu’on lui attribuait à l’âge de 60 ans.

La réussite singulière de cette femme peintre reposait notamment sur son aptitude à exécuter des scènes populaires et réalistes en s’inspirant de la littérature et de la vie quotidienne. Toiles animalières, portraits, tableaux romantiques, sentimentaux et historiques caractérisent la production de Mme Schreiber. Une tête ronde, morceau de réception présenté en 1880 à l’Académie royale des arts du Canada – il s’agit de son œuvre la plus connue (maintenant au Musée des beaux-arts du Canada) – illustre un moment tragique d’une ballade irlandaise. Un jeune patriote se confesse à un soldat britannique déguisé en prêtre, ce qui signifie pour lui une mort certaine. Avec des scènes narratives aussi saisissantes, Charlotte Schreiber se plaçait au premier plan de l’esthétique victorienne conventionnelle. Elle rejetait l’impressionnisme. « La moindre portion du corps vivant, les parties d’une fleur, sont divinement belles, expliquerait l’artiste, femme de grande taille aux cheveux blancs, dans une entrevue réalisée en 1895. C’est une joie de les peindre telles qu’elles sont en réalité. » Elle exposa à l’Ontario Society of Artists de 1876 à 1890 ainsi qu’à l’Industrial Exhibition de Toronto, à l’Association des arts de Montréal, à l’Académie royale des arts du Canada et à la Women’s Art Association of Canada, à la fondation de laquelle elle participa en 1890. En outre, des œuvres de sa main figurèrent dans des expositions aux États-Unis et en Europe, et elle continua d’illustrer des livres, entre autres une prière poétique toute simple de Sabine Baring-Gould, Now the day is over (Toronto, 1881).

En 1884, les Schreiber s’installèrent dans leur ferme près de Springfield (Mississauga), sur la rivière Crédit, où Mme Schreiber aménagea un atelier dans sa maison, qu’elle appela Mount Woodham. Elle donna des cours particuliers à de jeunes artistes tels George Agnew Reid* et Beatrice Mary Walker, qui avait épousé l’un de ses beaux-fils. Son protégé favori, qui lui servit parfois de modèle, était Ernest Thompson Seton*, futur auteur, et artiste naturaliste célèbre. Intégrée à la vie de son milieu, Charlotte Schreiber jouait de l’orgue à l’église anglicane St Peter, participa à la décoration du sanctuaire d’un nouveau temple et recueillait des fonds en vendant des animaux de compagnie et des tableaux.

Au cours des années 1890, Charlotte Mount Brock Morrell Schreiber devint veuve, et les épouses de ses deux beaux-fils moururent en couches. En 1899, elle était de retour en Angleterre et vivait à Paignton, où elle continua de mener une carrière florissante. Décédée à l’âge de 88 ans, elle n’avait jamais cessé de peindre.

Molly Pulver Ungar et Vicky Bach

La collection la plus complète de documents concernant Charlotte Mount Brock Schreiber se trouve en possession de Mme Beatrice Geary, d’Ottawa, qui a eu l’amabilité de nous permettre la consultation de ses archives. Cette collection comprend un arbre généalogique de la famille Brock, des photographies de la famille Schreiber, des exemplaires d’articles de magazine, des coupures de journaux, ainsi que des catalogues, des copies de la correspondance entre Mme Schreiber et Ernest Thompson Seton, et de la correspondance de la famille au sujet de Mme Schreiber. Le texte de Margaret Fallis intitulé « Charlotte Schreiber, r.c.a., 1834–1922 » (mémoire de m.a., Carleton Univ., Ottawa, 1985) contient une biographie bien documentée, un historique des expositions et un catalogue illustré de 83 des œuvres de Mme Schreiber. Le site Web du Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa, présente aussi quelques-unes de ses œuvres : www.gallery.ca. [m. p. u. et v. b.]

Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa), Bibliothèque, Dossier d’artiste, Schreiber, Charlotte Mount Brock Morrell.— Globe, 2 mars 1895.— Thompson Adamson, 175 years of history, 1825–2000 : St. Peter’s Anglican Church, Erindale, Shirley Stoppard, édit. (Mississauga, Ontario, [2000]).— Betty Keller, Black Wolf : the life of Ernest Thompson Seton (Vancouver, 1984).— H. G. Schreiber, « Schreiber pedigree » (texte dactylographié, [Toronto], 1960 ; exemplaire à la bibliothèque du DCB).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Molly Pulver Ungar et Vicky Bach, « MORRELL, CHARLOTTE MOUNT BROCK (Schreiber) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/morrell_charlotte_mount_brock_15F.html.

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Auteur de l'article:    Molly Pulver Ungar et Vicky Bach
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2013
Date de consultation:    1 décembre 2024