MOREAU, JEAN-BAPTISTE, missionnaire de l’Église d’Angleterre, né à Dijon, France, probablement entre 1707 et 1711, décédé à Lunenburg, Nouvelle-Écosse, le 25 février 1770.

Selon William Tutty, missionnaire anglican à Halifax, N.-É., Jean-Baptiste Moreau était prêtre français et prieur de l’abbaye Saint-Mathieu près de Brest avant qu’il quitte l’Église catholique et émigre en Angleterre. La même source nous apprend qu’en 1749, lorsqu’il s’embarqua avec sa femme pour la Nouvelle-Écosse avec les colons d’Edward Cornwallis*, il appartenait à l’Église d’Angleterre ; son principal objectif en se fixant en Nouvelle-Écosse était de se livrer à des « entreprises honnêtes dans le domaine du commerce », et la liste des colons le désignait comme bourgeois et maître d’école. Peu après son arrivée à Halifax, cependant, la Society for the Propagation of the Gospel, sur la recommandation de Tutty, le choisit comme missionnaire anglican De 1749 à 1753, Moreau résida à Halifax et dispensa son ministère surtout aux protestants de langue française qui se trouvaient parmi les nouveaux colons ; la plupart d’entre eux étaient venus de Montbéliard et faisaient partie du groupe qu’on qualifiait de « protestants étrangers ». Moreau visita le New Jersey au cours de l’été de 1752 avec l’idée d’y trouver un autre poste de mission, mais il retourna à Halifax, contrairement à bon nombre de colons qui, à cette époque, quittèrent la Nouvelle-Écosse pour les colonies américaines.

En juin 1753, il accompagna un groupe d’environ 1 600 personnes parlant l’allemand et le français dans leur nouvel établissement de Lunenburg ; environ 30 p. cent d’entre eux parlaient le français. Vraisemblablement la situation de Moreau était plus confortable que celle de la majorité des colons ; il jouissait au moins de son traitement annuel de missionnaire et d’une indemnité du gouvernement pour le loyer. Il surveilla la construction de l’église St John qu’on put utiliser par beau temps au milieu des années 1750. À cause du manque de ressources, toutefois, la construction resta inachevée jusqu’au début des années 60. Elle était froide et peu étanche de sorte qu’on devait souvent annuler les offices en hiver. Moreau considérait que ces conditions affectaient grandement sa santé. Vers 1761 il déclara : « Mes yeux se sont affaiblis et ma constitution est complètement brisée par le grand froid. »

Il ne semble pas qu’il ait été un ministre du culte particulièrement remarquable ou de grand talent ; néanmoins, sa persistance à demeurer à Lunenburg malgré les conditions pénibles qui y régnaient sont un indice de sa ténacité et de son succès probable comme chef de communauté. La prétention qu’il entretenait d’avoir amené à l’Église d’Angleterre les colons étrangers, surtout les luthériens, n’apparaît pas comme une réussite importante, particulièrement à une époque où il n’existait rien d’autre que le ministère anglican. Son ambition première était le prosélytisme auprès des Indiens catholiques et parlant français et il nota à plusieurs reprises « les efforts qu’il avait faits pour amener les sauvages à embrasser notre sainte religion ». Mais dans cette entreprise il reçut peu d’encouragement de la part du gouvernement, de la Society for the Propagation of the Gospel ou même de ses ouailles. Son plus grand handicap comme pasteur de Lunenburg était son incapacité à parler couramment l’allemand. Même s’il a prétendu avoir dispensé son ministère en anglais et en français aux membres de sa congrégation multilingue, sa connaissance de l’anglais laissait apparemment à désirer. Les rapports qu’il adressait en anglais à la Society for the Propagation of the Gospel étaient écrits par quelqu’un d’autre et, au milieu des années 60, il retourna à son ancienne habitude de rédiger sa correspondance en français.

Moreau fut, jusqu’en 1761, l’unique ministre du culte à Lunenburg. La seule assistance qu’il reçut pendant cette période lui vint de Georges-Frédéric Bailly, un colon de Montbéliard qui était le maître d’école de la Society for the Propagation of the Gospel à Lunenburg. En 1761 le fardeau de Moreau sembla allégé quand un second ministre anglican, Robert Vincent, qui ne parlait que l’anglais, fut nommé pasteur des colons allemands. Cependant, un antagonisme personnel opposa les deux hommes et ce n’est qu’en 1767, avec l’arrivée de Paulus Bryzelius, remplaçant de langue allemand de Vincent, que s’établit une collaboration fructueuse.

On sait peu de chose des dernières années de la vie de Moreau. Au moins deux fils et une fille lui survécurent.

Judith Fingard

APC, MG 9, B9, 10 (testament de Moreau).— PANS, MG 1, 109–111 ; RG 1, 163.— USPG, B, 25, n° 28 ; Journals of SPG, 11, pp. 187s. ; 12, pp. 102, 357 ; 15, pp. 335, 387s. ; 16, pp. 326s.— An abstract of the charter, and of the proceedings of the Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, from the 16th day of February 1770, to the 15th day of February 1771 (Londres, 1771).— Bell, Foreign Protestants.

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Judith Fingard, « MOREAU, JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/moreau_jean_baptiste_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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