MOORE, PHILIP HENRY, cultivateur, soldat, conseiller législatif et président d’une compagnie de chemin de fer, né à Rhinebeck dans le comté de Dutchess, N.Y., le 22 février 1799, troisième fils de Nicholas Moore et de Catherine Streit, époux d’Harriet A. Stone, née à Fairfax au Vermont en 1802, dont il eut six fils et deux filles, décédé à Saint-Armand-Station, dans le comté de Missisquoi, le 21 novembre 1880.

Les parents de Philip Henry Moore s’établirent en 1802 à Moore’s Corner (devenu plus tard Saint-Armand-Station). Moore fréquenta d’abord l’école de district puis poursuivit ses études dans une académie de St Albans, au Vermont. Jeune homme, il se livra à l’agriculture durant une courte période puis se fit marchand pendant quelques années à Bedford dans le comté de Missisquoi. Le 25 juillet 1829, il obtint, ainsi que Jonas Abbott, le poste de commissaire au tribunal des petites causes dans la seigneurie de Saint-Armand et, le 19 juin 1830, il devint le premier registraire du comté de Missisquoi à Frelighsburg. Il abandonna les affaires en 1833 et se retira dans la ferme ancestrale, située à deux milles et demi au nord de Moore’s Corner. Il se révéla un « fermier compétent et avisé » : pendant plusieurs années, on vit son nom sur la liste annuelle des prix accordés aux cultivateurs du comté. Moore servit dans la milice régionale, qui constituait une compagnie du 4e bataillon de Bedford ; il joua un rôle important à la bataille de Moore’s Corner pendant l’insurrection de 1837 et sir John Colborne*, le commandant en chef, le remercia officiellement de sa conduite. Accusé par certains de s’attribuer un trop grand mérite dans le succès de ce combat, il prouva à l’aide de documents, reproduits dans le Montreal Herald, en mars 1838, qu’il avait vraiment dirigé son détachement dans la mesure où il le proclamait.

En 1841, au moment de l’Union, Philip Henry Moore fut appelé à faire partie du Conseil législatif, fonction qu’il remplit jusqu’à la Confédération. Il prit part activement aux débats du conseil et, de concert avec Paul Holland Knowlton*, son collègue du comté de Missisquoi, travailla avec ardeur dans les intérêts de sa région. Les deux cours de justice, civile et criminelle, se trouvaient à Montréal avant l’Union. Cette ville était également le marché pour les produits du comté de Missisquoi et elle était difficile d’accès sauf pendant l’hiver ; de plus, à cause des lois tarifaires des États-Unis, les cultivateurs de la région se voyaient incapables d’écouler leurs produits sur le marché américain. Mais, dès 1859, Moore pouvait affirmer que cet état de choses était entièrement changé : de nouveaux districts judiciaires, « des conseils municipaux, de comtés, de cantons et de paroisses » et « une législature locale constituée », avaient été formés et, grâce au traité de réciprocité de 1854, les produits agricoles étaient admis en franchise sur le marché américain. Moore demanda aussi avec insistance que les Cantons de l’Est fussent représentés au parlement par des habitants de la région et « ne fussent plus contraints à être utilisés comme capital de marchandage par des démagogues ».

En 1846 Moore avait présidé la commission chargée d’enquêter sur les pertes subies par les habitants du Bas-Canada pendant l’insurrection de 1837–1838. Les membres de la commission n’eurent pas la tâche facile. Les réclamants choisissaient eux-mêmes les témoins, souvent parmi leur propre famille, femme, frères ou sœurs, qui devaient attester de la nature de leurs pertes, de leur conduite au cours de l’insurrection et de la justesse du montant exigé en dédommagement. Bien que ce genre de témoignage puisse sembler discutable, il constituait la seule preuve dont on disposait. L’enquête se poursuivit jusqu’en 1851 et Moore fit diligence car il était favorable à l’indemnisation de tous ceux qui avaient subi des pertes. La bibliothèque du parlement avait brûlé en 1849 et, en 1857, on envoya Moore en tournée aux États-Unis afin de trouver des documents officiels pour remplacer ceux que le feu avait détruits. Il remplit sa mission avec succès.

Au moment de la Confédération, on lui offrit de devenir membre du Conseil législatif du Québec mais il déclina l’offre afin de se présenter comme candidat à la chambre des Communes fédérale. Moore se présenta comme conservateur indépendant et fut battu par le candidat officiel du parti conservateur, Brown Chamberlin, de Frelighsburg.

Moore contribua largement à faire accepter la charte du chemin de fer de Montréal et du Vermont et accorda à la compagnie le droit de passage sur sa propriété. Il fut président de cette compagnie jusqu’à sa mort. Dans cette fonction comme dans les autres, il s’employa sans relâche à promouvoir les intérêts et le bien-être de la population des Cantons de l’Est.

Marion L. Phelps

Archives judiciaires de Bedford (Cowansville, Qué.), Registre d’état civil, 21 nov. 1880.— Archives privées, Mme Charles Moore (Stanbridge East, Qué.), papiers de la famille Moore.— Brome County Historical Society Museum Archives (Knowlton, Qué.), County Papers, Missisquoi.— JALPC, 1852–1853, app. V.V., Rapports des pertes de la rébellion de 1837 et 1838.— Advertiser and Eastern Townships Sentinel (Waterloo, Qué.), 23 févr. 1860.— District of Bedford Times (Sweetsburg, Qué.), 14 juin 1867.— Montreal Herald, 2 janv., mars 1838.— Illustrated atlas of the Dominion of Canada containing authentic and complete maps of all the provinces, the North-West Territories and the Island of Newfoundland from the latest official surveys and plans, by permission of the General and Provincial governments, together with a general descriptive history, &c ; also maps of Europe, Asia, Africa, North and South America, United States, Oceania, the world, etc., etc. (Toronto, 1881), iii.— Cyrus Thomas, Contributions to the history of the Eastern Townships : a work containing an account of the early settlement of St. Armand, Dunham, Sutton, Brome, Potton, and Bolton ; with a history of the principal events that have transpired in each of these townships up to the present time (Montréal, 1866), 35.— Honourable Philip Henry Moore, Report of the Missisquoi County Historical Society (Saint-Jean, Qué.), 1907, 51s.— The Moore’s Corner battle in 1837, Report of the Missisquoi County Historical Society (Saint-Jean, Qué.), 1908–1909, 67–70.

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Marion L. Phelps, « MOORE, PHILIP HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/moore_philip_henry_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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