MONRO (Munro, Munroe), GEORGE, marchand et homme politique, né en Écosse en 1801 ; il épousa vers 1822 Christine Fisher, de Montréal, qui lui donna deux fils et quatre filles ; décédé à Toronto, Ont., le 5 janvier 1878.

George Monro était encore enfant lorsqu’il vint avec ses parents à Niagara, Haut-Canada. Il partit pour York (Toronto) en 1814 avec son frère aîné John et ensemble ils ouvrirent un magasin d’épicerie au détail. Les deux frères se séparèrent en 1824 et George continua d’exploiter à son compte un commerce de gros très prospère, se qualifiant d’« importateur de marchandises des îles britanniques et des Indes ». C’est également à cette époque qu’il se lança dans la politique municipale.

Monro fut pendant toute sa vie publique un modeste pilier de l’establishment torontois. C’était un fidèle de l’Église d’Angleterre, qui assistait régulièrement aux offices à la cathédrale St James. Il était membre de la Church Society et de la Bible Society. Il fut administrateur de la Home District Savings Bank et de la British America Assurance Company et, en 1833, il fut nommé magistrat. De 1834 à 1845 (sauf en 1836), il fut élu conseiller municipal dans le quartier St Lawrence. En 1841, George Gurnett* fut proposé comme maire, mais on réussit à faire annuler sa candidature sous prétexte qu’il sous-louait une maison utilisée comme maison de prostitution. Grâce à ces circonstances, George Monro fut nommé à sa place.

Au cours de son mandat de maire, Monro se présenta comme « candidat conservateur et constitutionnel » de la circonscription de Toronto, qui comportait deux sièges à l’Assemblée législative. Monro repoussait l’idée du gouvernement responsable comme étant « antibritannique et déraisonnable » et pensait que Toronto devait avoir « le monopole du transport des marchandises sur le Saint-Laurent ». Lorsque, après six jours, les bureaux de vote fermèrent, les résultats indiquèrent que Monro était le dernier et que l’autre conservateur, Henry Sherwood*, était avant-dernier. Les deux réformistes, John Henry Dunn* et Isaac Buchanan*, eurent la surprise de se voir vainqueurs.

Parmi les gens déçus par ce dénouement, se trouvait un certain Allen qui réunit quelques-uns de ses amis orangistes pour manifester contre le défilé triomphal des réformistes, le lundi 21 mars 1841. Les orangistes se rassemblèrent à la taverne North of Ireland Coleraine et, vers midi, en sortirent précipitamment pour donner une rossée à un joueur de cornemuse, portant le kilt, qui se rendait au défilé ; les assaillants brisèrent aussi son instrument. On informa Monro de l’incident en lui demandant d’assurer la protection du défilé, mais il répondit : « Vous pouvez aller au diable. » Le maire et les magistrats n’avaient pas été sans savoir que des troubles se préparaient : lors d’une réunion, qui avait eu lieu dans la matinée, Monro avait suggéré de faire appel à la troupe, mais les magistrats avaient préféré assermenter des citoyens et les charger d’assurer l’ordre. C’était pour la plupart des militants notoires qui avaient été fort actifs pendant les élections de la semaine précédente. Il ne semble pas que ces policiers de fortune se soient beaucoup éloignés de l’hôtel de ville ; on se rendit compte qu’ils provoquaient la foule plutôt qu’ils ne la calmaient.

Le défilé commença, mais lorsqu’il parvint à la cathédrale St James, il reçut des ordures et des pierres et les chevaux furent bâtonnés. Les assaillants furent repoussés et le défilé continua. Lorsque les voitures portant les élus passèrent devant la taverne Coleraine des coups de feu furent tirés de l’intérieur, tuant un passant et faisant des blessés. L’échevin John Powell se rendit sur les lieux et fit lecture de la loi contre les attroupements, puis Dunn envoya deux hommes à la caserne Osgoode Hall pour demander l’aide de la troupe. Pour cela, il fallait une demande du maire, si bien que les deux envoyés durent chercher Monro qui, pendant ce temps, monté sur un cheval poussif, allait, disait-il, chercher la troupe lui-même. Les deux messagers le pressèrent de les accompagner à la caserne où il admit qu’il était en effet le maire. Les troupes réussirent à rétablir l’ordre. Le gouvernement provincial nomma une commission d’enquête, dirigée par William Foster Coffin, qui conclut : « L’indécision et la négligence dont avaient fait preuve les magistrats [...] revient [...] presque à de la connivence sinon à une véritable collusion avec les émeutiers [...]. Le maire est susceptible d’être accusé d’avoir abandonné son poste. »

Monro demanda la nomination d’un comité, qui aurait été chargé de rétablir la vérité sur les faits contenus dans le rapport de la commission, mais on refusa de l’entendre. Il termina son mandat et sa réputation avait apparemment si peu souffert de l’émeute qu’il fut envoyé en Angleterre, porteur d’une adresse de félicitations à la reine Victoria, à l’occasion de la naissance du prince de Galles. En 1844, Monro se présenta à nouveau comme candidat conservateur, mais cette fois dans la circonscription de York-Est, où il fut battu par James Small*. Les partisans de Monro prétendirent alors que Small ne présentait pas toutes les conditions requises pour être élu et l’Assemblée déclara que Monro « était dûment élu et aurait dû être investi des fonctions de député ». Il se présenta de nouveau à l’occasion des élections générales de janvier 1848, dans la même circonscription, mais fut facilement battu par le réformiste William Hume Blake*, qui était en Europe à ce moment-là.

Ces résultats mirent fin à la pittoresque carrière politique de Monro et, dès lors, il mena une vie des plus calmes. Vers 1856, il vendit son commerce et déménagea dans le nouveau quartier à la mode, en bas de la rue Spadina, où il se livra à son passe-temps favori, le jardinage. Il avait l’habitude de s’asseoir au milieu des fleurs, bercé par le son de la cornemuse que faisait résonner son jardinier et, ainsi que le fit remarquer le Mail à l’occasion de sa mort, « sortant tout doucement de la mémoire de ses contemporains ».

R. I. K. Davidson

Journals of the Legislative Assembly of the Province of Canada, 1841, app. S, Report of the commissioners appointed to investigate certain proceedings at Toronto connected with the election in that city [...].— Examiner (Toronto), 1841.— Toronto Patriot, 1841.— City of Toronto poll book : exhibiting a classified list of voters, at the late great contest for responsible government [...] (Toronto, 1841).— Landmarks of Toronto (Robertson), I.— Town of York, 1815–34 (Firth).— York commercial directory, street guide, and register, 1833–4 [...], George Walter, compil. (York, [1833]).— Toronto city directory for 1872–73 [...], W. H. Irwin, édit. et compil. (Toronto, 1872).

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R. I. K. Davidson, « MONRO (Munro, Munroe), GEORGE (1801-1878) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/monro_george_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
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