MONRO, ALEXANDER, arpenteur, fonctionnaire, juge de paix, auteur, journaliste et éditeur, né le 17 mars 1813 à Banff, Écosse, fils de John Monro ; décédé le 26 décembre 1896 à Baie-Verte, Nouveau-Brunswick.

En 1815, la famille d’Alexander Monro quitta l’Écosse et s’établit sur la rivière Miramichi, au Nouveau-Brunswick. Les Monro habitèrent la région jusqu’en 1818, puis s’installèrent à Mount Whatley, près de Sackville. Peu de temps après, ils se fixèrent à Baie-Verte.

Très tôt, le jeune Alexander s’intéressa à l’arpentage, encouragé d’ailleurs par son professeur de Baie-Verte, Robert King, qui possédait une boussole d’arpenteur. En 1837, à l’âge de 24 ans, il partit pour Fredericton demander un poste dans l’administration à l’arpenteur général Thomas Baillie*, qu’il se vit refuser. Il acheta donc la Gibson’s Land Surveying de Saint-Jean et s’occupa de cette entreprise durant un an tout en faisant divers menus travaux. Il retourna ensuite à Fredericton et obtint un poste d’arpenteur adjoint des terres de la couronne. Il alla s’établir à Gaspereaux (Port Elgin) en 1845 et, trois ans plus tard, on le nomma juge de paix pour le comté de Westmorland. À titre d’arpenteur, il s’occupa en 1858 de déterminer la frontière entre le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse et, dans les années 1870, il prit part aux travaux d’arpentage en vue de la construction du canal de Baie-Verte. D’après les dossiers qui subsistent, ses travaux ont surtout porté sur le comté de Westmorland.

Monro compila et écrivit lui-même plusieurs livres. Son premier, A treatise on theoretical and practical land surveying adapted particularly to the purpose of wood-land surveys [...], fut publié en 1844 à Pictou, en Nouvelle-Écosse, en partie grâce à une contribution de £50 versée par le Parlement du Nouveau-Brunswick. Monro avait soutenu que les arpenteurs d’ici avaient grandement besoin d’un tel livre, car les ouvrages britanniques qui étaient jusqu’alors leur seule ressource ne traitaient en rien de l’arpentage des forêts. Par la même occasion, il avait souligné l’importance de l’arpentage en général, car il croyait que les propriétaires fonciers ainsi que tous ceux qui pratiquaient une profession juridique devaient connaître cette science.

Le principal livre de Monro, New Brunswick ; with a brief outline of Nova Scotia, and Prince Edward Island [...], fut imprimé en 1855 à Halifax par Richard Nugent*. À maints égards, il s’agit d’un ouvrage encyclopédique qui traite en détail de sujets comme la géographie, la population, les ressources minières, les institutions judiciaires et les routes des colonies, en particulier du Nouveau-Brunswick. En l’écrivant, Monro souhaitait corriger certains renseignements erronés que l’on trouvait dans d’autres publications. D’une manière souvent détournée, il y défend la thèse selon laquelle, grâce à ses matières premières et à son énergie hydraulique, le Nouveau-Brunswick a ce qu’il faut pour devenir un important centre manufacturier. Comme le soulignerait plus tard le géographe John Warkentin, c’est essentiellement le message qu’on entend aujourd’hui dans les Maritimes : « les gens devraient acheter chez eux, les gouvernements appuyer l’industrie, les hommes d’affaires être plus dynamiques, on devrait moins critiquer les initiatives locales et enseigner un métier aux jeunes ».

      New Brunswick avait donné le ton des trois publications suivantes de Monro. Ce fut d’abord Statistics of British North America, including a description of its gold fields, qui parut à Halifax en 1862, et dont le succès engendra la publication d’une version augmentée, soit History, geography, and statistics of British North America, imprimée à Montréal en 1864 par John Lovell. Les deux ouvrages sont de solides recueils de nombreuses données statistiques. En même temps, Monro avait rédigé les sections sur le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse du British North American almanac and annual record for the year 1864 : hand-book of statistical and general information de Lovell.

Jusque là, Monro avait donné une image positive et favorable du Canada mais, avec la parution d’Annexation, or union with the United States, is the manifest destiny of British North America à Saint-Jean en 1868, son changement d’attitude devint évident : il avait perdu beaucoup de son enthousiasme quant aux perspectives d’avenir du pays. The United States and the Dominion of Canada : their future, publié à Saint-Jean 11 ans plus tard, lui permit de développer son point de vue. Une grande partie du dominion était inhabitable, soutenait-il, et les conditions climatiques extrêmes « ne convenaient pas aux Anglo-Saxons et autres races progressistes de la famille humaine ». Complémentaires sur le plan géographique, le Canada et les États-Unis étaient étroitement liés, et le premier devait renoncer à sa loyauté envers la Grande-Bretagne pour envisager de s’unir à son voisin du Sud. Un commentateur du St. John Daily Sun écrirait plus tard que, après Goldwin Smith*, Monro était l’auteur canadien qui avait « la vision la plus sombre » de l’avenir du pays.

Monro avait également fait une brève carrière dans le journalisme. Au cours des années 1858–1860, il avait publié chaque mois, à Baie-Verte et à Saint-Jean, le Parish School Advocate and Family Instructor for N.S., N.B., and P.E.I. Ce périodique préconisait l’enseignement gratuit, financé dans une certaine mesure par une contribution directe, de même que la lecture de la Bible dans les écoles, et promettait de ne prendre position en matière politique qu’en ce qui toucherait l’éducation. On pouvait également y lire des leçons et des questions utiles à la maison et à l’école, des analyses des projets de loi relatifs aux écoles, des commentaires sur la lecture et la langue et des articles qui prônaient le développement des bibliothèques scolaires. De mai à août 1883, Monro fit paraître dans le Chignecto Post and Borderer neuf lettres regroupées sous le titre général « The Isthmus of Chignecto ». Trois ans plus tard, l’isthme de Chignecto fit l’objet d’une communication dans le Bulletin de la Natural History Society of New Brunswick.

On sait peu de chose sur la vie privée d’Alexander Monro. Il avait épousé en 1844 Mary Chappell, de la paroisse de Botsford, et ils avaient eu trois enfants. Mme Monro mourut en 1872 et, trois ans plus tard, il épousa Mme Caroline I. Innis.

Eric L. Swanick

Le titre complet du principal ouvrage d’Alexander Monro est New Brunswick ; with a brief outline of Nova Scotia, and Prince Edward Island : their history, civil divisions, geography, and productions ; with statistics of the several counties ; affording views of the resources and capabilities of the provinces, and intended to convey useful information, as well as to their inhabitants, as to emigrants, strangers, and travellers, and for the use of schools ; il a été réimprimé à Belleville, Ontario, en 1972. Son article paru dans le N.-B., Natural Hist. Soc., Bull. (Saint-Jean), n° 5 (1886) : 20–24, s’intitule « On the physical features and geology of Chignecto Isthmus ».

APNB, RG 7, RS74, 1899, Alexander Monro.— Mount Allison Univ. Arch. (Sackville, N.-B.), Alexander Monro, notebooks and survey plans.— « Alexander Monro, esq. », Chignecto Post and Borderer (Sackville), numéro anniversaire, sept. 1895 : 7–9.— St. John Daily Sun, 1er janv. 1897.— J. R. Marsh, « Nova Scotia-New Brunswick boundary », Canadian Surveyor (Ottawa), 12 (1954–1955) : 8–12.— John Warkentin, « Early geographical writing in English on British North America », Soc. biblio. du Canada, Cahiers (Toronto), 12 (1973) : 38–71.

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Eric L. Swanick, « MONRO, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/monro_alexander_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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