MITCHELL, THOMAS, patron de sloop et explorateur à l’emploi de la Hudson’s Bay Company ; circa 1743–1751.
En février 1743, Thomas Mitchell fut nommé capitaine du nouveau sloop marchand de la compagnie, l’Eastmain, et, de Londres, s’embarqua pour la baie d’Hudson l’été suivant. Nous ignorons son âge exact ; toutefois, au cours de l’année suivante, les journaux de la compagnie le décrivent comme « un jeune marchand ». Normalement, le travail de Mitchell aurait dû se limiter aux voyages de traite habituels que les sloops effectuaient entre les postes de la compagnie situés sur la baie, mais moins d’un mois après sa nomination, le comité de Londres lui avait signifié qu’il devait partir vers le nord, dans un voyage de découverte le long de l’East Main (la côte orientale encore peu connue de la baie d’Hudson et de la baie de James). Des informations en provenance d’Indiens de l’intérieur suggéraient l’existence au 60° de latitude nord de trois grands lacs qui couvraient « la majeure partie du Labrador », et le comité jugea bon d’examiner la possibilité de faire du commerce avec les Indiens (et peut-être les Esquimaux).
Conformément aux instructions qu’il avait reçues, Mitchell fit voile vers le nord, à l’été de 1744, sur l’Eastmain, accompagné de John Longland qui commandait le sloop Phœnix. Le journal de bord de Mitchell, qui décrit ce périlleux voyage par un temps couvert et sujet aux rafales, le long d’une côte inexplorée, révèle un navigateur inexpérimenté ; « nous sommes rendus à un endroit dont l’habileté de l’homme ne peut décrire de façon précise ni la direction ni la distance », soulignait-il dans un passage désespéré. Bien que ne possédant ni talent d’hydrographe ni instrument pour dessiner – il n’avait qu’un crayon à mine de plomb – Mitchell réussit à inclure dans son journal des ébauches de cartes indiquant les entrées de la Grande rivière (Big ou Fort George river), de la Grande rivière de la Baleine (Great Whale) et de la Petite rivière de la Baleine (Little Whale). C’est à ce dernier endroit qu’il ramassa du minerai, « au milieu duquel se trouvaient plusieurs morceaux de cristal qui, [d’après lui], pouvaient être des diamants puisqu’ils ont la même forme ». Quelques milles plus loin vers le nord, au 56° 15’ de latitude nord, les sloops furent emportés à travers une petite échancrure, vers le havre inattendu du golfe de Richmond (lac Guillaume-Delisle), appelé « lac de sir Atwl » (du nom d’un membre du comité de Londres) sur la carte de Mitchell et appelé d’autre part « golfe aux moustiques » dans son journal de bord. De là, les sloops retournèrent au poste de Moose (Moose Factory, Ont.), sans tenter d’atteindre leur objectif officiel de 60° de latitude nord. Mitchell et Longland avaient exploré 500 milles de côte ; leurs journaux et les esquisses des cartes de Mitchell constituent la plus ancienne preuve documentaire de l’exploration le long des étendues situées le plus au nord de la côte de l’East Main.
Après plusieurs années de navigation de routine entre les postes, Mitchell passa les années 1748–1749 en congé en Angleterre ; c’est à cette époque qu’il parut devant le comité parlementaire chargé d’enquêter sur le commerce à la baie d’Hudson. En 1749, il prit part à la seconde exploration de l’East Main, sous la direction de William Coats. En 1750, on lui confia l’établissement d’un nouveau poste dans le golfe de Richmond et la surveillance d’une mine de plomb à la Petite rivière de la Baleine. Il fut congédié à la fin de l’été, à la suite de rapports dénonçant ses activités commerciales illégales ; la sagesse de cette décision de la compagnie fut confirmée lorsque le comité de Londres apprit que son attitude désabusée face au nouveau projet – que résumait ce commentaire : « cette mine est une chimère et l’établissement, une farce » – avait démoralisé la petite garnison de Richmond. Le nom de Mitchell apparaît une dernière fois dans les archives de la compagnie, lorsqu’il écrivit de Philadelphie, Pennsylvanie, en juin 1751, probablement pour demander d’être rengagé, puisque, dans sa réponse, le comité de Londres s’appliqua à lui rappeler ses désobéissances passées.
Les journaux de bord du sloop de Mitchell se trouvent aux HBC Arch. B.59/a/8–15. Le journal de bord tenu lors de son voyage de découverte de 1744 figure sous la cote B.59/a/9. Pour des références supplémentaires sur sa carrière dans la compagnie, consulter les HBC Arch. A.1/36–39 ; A.6/8, ff.22–24d, 34 ; A.11/57, f.7 ; B.3/a/35–54. Son témoignage devant le comité parlementaire de 1749 se trouve dans Report from the committee on Hudson’s Bay, 227s. Des extraits de son journal de bord de 1744 et une photographie de sa carte du golfe de Richmond figurent dans Glyndwr Williams, Captain Coats and exploration along the East Main, Beaver (Winnipeg), outfit 294 (hiver 1963), 4–13. [g. w.]
Glyndwr Williams, « MITCHELL, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mitchell_thomas_3F.html.
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Auteur de l'article: | Glyndwr Williams |
Titre de l'article: | MITCHELL, THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |