MILLER, LEWIS H., propriétaire de scieries, né en 1848 à Belloch Farm, près de Crieff, Écosse ; marié, il eut trois fils et deux filles ; décédé le 1er avril 1909 à Crieff.
Fils de fermier, Lewis H. Miller se lança dans le commerce du bois à la fin des années 1860 et édifia une grosse entreprise. Une bonne partie de son bois provenait de scieries qu’il exploitait en Suède dans les années 1880. Dans la décennie suivante, Robert Gillespie Reid, originaire lui aussi du Perthshire et, selon certaines sources, une vieille connaissance, lui fit voir qu’il pourrait réaliser de bonnes affaires à Terre-Neuve. Constructeur et exploitant du Newfoundland Railway, Reid possédait dans la colonie de grandes terres qu’il était impatient de mettre en valeur. À mesure que son chemin de fer pénétrait dans l’arrière-pays, une industrie de sciage avait fait son apparition. Il voulait donner de l’ampleur à ses activités afin d’assurer à sa société les recettes dont elle avait besoin.
Dans les derniers mois de 1899, Miller envoya son directeur forestier évaluer le potentiel des forêts de la région du lac Red Indian et du lac Gander. On dit que la famille Reid reçut cet envoyé si royalement qu’il fit une inspection très superficielle et surestima grandement la quantité de pin de bonne qualité. Il remit certainement un rapport encourageant, car en mars 1900, Miller conclut avec Reid et le gouvernement terre-neuvien des ententes qui l’autorisaient à exploiter une superficie de 510 milles carrés dans les deux régions inspectées. Elles lui donnaient également un droit de passage pour un embranchement de chemin de fer qui se rendrait jusqu’à la scierie que l’on projetait de construire sur le lac Red Indian, à l’endroit qui reçut par la suite le nom de Millertown. En outre, Miller acheta la Glenwood Lumber Company. En août de la même année, il débarqua à Terre-Neuve avec 60 ouvriers suédois et leur famille ainsi que 6 Écossais. Son plan consistait à scier le bois à Millertown et à Glenwood, puis à l’expédier par Burnt Bay, rebaptisé Lewisporte.
Il fallut quelque temps pour que les affaires démarrent. Il fallait construire les scieries et l’embranchement de chemin de fer, réaménager les installations de manutention à Lewisporte et recruter de la main-d’œuvre. Cela coûtait cher, et les recettes rentraient lentement. De plus, Miller voyait bien qu’il y avait peu de pin de première qualité et qu’il devrait produire surtout du bois d’œuvre de qualité inférieure. De plus, un incendie survenu à Glenwood ajouta à ses difficultés financières. Peu à peu, les Suédois, insatisfaits de leur rémunération, quittèrent les lieux. En outre, les Reid se montraient peu commodes, et des différends avaient surgi avec le gouvernement au sujet des droits de coupe et de l’allocation de concessions supplémentaires. Donc, dès la fin de 1901, Miller envisageait sérieusement de construire une usine de pâte à papier au lac Red Indian afin de rentabiliser ses acres de petits arbres. Il entreprit des démarches auprès de fabricants britanniques de papier. Un an plus tard, il négociait avec la maison d’édition Harmsworth, de Londres, en vue, semble-t-il, de constituer une société en participation. Le projet tomba à l’eau, surtout parce que les frères Harmsworth, Alfred Charles William et Harold Sydney, s’intéressaient davantage à la construction d’une usine dans la vallée de la Humber et parce que les Reid ne réussirent pas à obtenir une autre grande concession forestière dans la région d’Exploits. Résolu à ne plus subir de pertes, Miller vendit ses propriétés terre-neuviennes à la Newfoundland Timber Estates Limited en juillet 1903. Cette entreprise, financée par les Reid et dirigée par Harry Judson Crowe*, acheta une bonne partie des terres à bois de la côte est, et en vendit par la suite un fort pourcentage aux Harmsworth lorsqu’ils décidèrent finalement, en 1905, d’ouvrir une usine de papier journal à Grand Falls. Quant à Miller, il partit pour la Nouvelle-Écosse, où il acheta des terres à bois près de Chester.
L’échec de Lewis H. Miller montrait que la vieille croyance selon laquelle le sciage deviendrait une industrie importante à Terre-Neuve était une illusion. En fait, l’avenir des forêts de la colonie reposait dans la production de pâte et de papier. Miller fut peut-être le premier à en prendre vraiment conscience. Ce fut lui qui attira l’attention des Harmsworth sur Terre-Neuve, même si par la suite, Harry Crowe allait s’attribuer ce mérite. En ce sens, on peut dire qu’il contribua à la fondation de l’une des plus importantes industries de l’île.
L’auteur tient à souligner l’aide reçue de M. Wallace Furlong de St John’s, qui lui a fourni des détails personnels sur Miller, dont une lettre datée du 2 janv. 1982 de Mme W. Kelley, de Crieff, Écosse, et l’aide fournie par le professeur William G. Reeves, de la Memorial Univ. of Nfld, St John’s, qui a mis à sa disposition l’ébauche d’un chapitre sur les investissements américains dans l’industrie forestière de Terre-Neuve. De nombreux détails ont aussi été tirés de diverses coupures de journaux locaux dans le dossier de Miller à la Newfoundland Hist. Soc. (St John’s). [j. k. h.]
Newfoundland Hist. Soc., R. [C.] Goodyear, « Lewis Miller and Harry J. Crowe » (texte dactylographié, 1966).— PANL, GN 9/l, 1900–1903, particulièrement le 2 mars 1900 ; MG 17, part. 2, misc. box 1, L. H. Miller à W. D. et H. D. Reid, 1902.— Evening Telegram (St John’s), 6–7 août 1903.— H. Silk, « Lewis Miller of Millertown », Grand Falls Advertiser (Grand Falls, T.-N.), 1er févr. 1968.— J. [K.] Hiller, « The origins of the pulp and paper industry in Newfoundland », Acadiensis (Fredericton), 11 (1981–1982), no 2 : 42–68.
James K. Hiller, « MILLER, LEWIS H. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/miller_lewis_h_13F.html.
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Auteur de l'article: | James K. Hiller |
Titre de l'article: | MILLER, LEWIS H. |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
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