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MILLER, ÉMILE (baptisé Émile-Ladislas), fonctionnaire, géographe, auteur, professeur et chef de secrétariat, né le 18 septembre 1884 à Saint-Placide, Québec, fils de Théophile Miller, cordonnier, et d’Éléonore (Léonard) Ladouceur ; le 12 juillet 1908, il épousa en la paroisse Saint-Jacques de Montréal Albertine Maillé, et ils eurent neuf enfants ; décédé le 3 août 1922 à Contrecœur, Québec, à l’âge de 37 ans, en voulant sauver son jeune fils de la noyade.
Septième d’une famille de 13 enfants, Émile Miller se fait remarquer dès l’école primaire par son attitude studieuse et appliquée, son air jovial et rêveur ainsi que par sa passion pour la lecture. Vers 1899, la famille Miller quitte Saint-Placide pour s’établir à Montréal. Dirigé par son père vers des études en pharmacie, et cela, un peu contre son gré, Miller obtient son brevet en 1902. Peu après, à l’insu des siens, il s’embarque à bord du premier paquebot à destination de l’Europe. Sans ressources financières et sans but vraiment arrêté, il s’engage comme homme de peine et part à l’aventure. Il visite ainsi l’Angleterre et la France.
Après avoir vécu des moments difficiles, Miller revient à Montréal, où il se remet aux études à l’école normale Jacques-Cartier. Aigri par la vie et sans vraiment d’intérêt pour l’enseignement primaire, il fait la connaissance de l’abbé Adélard Desrosiers, vice-principal de l’école, qui l’initie à la géographie, discipline très peu recherchée à l’époque. En 1906, ses études terminées, Miller se trouve un emploi à l’hôtel de ville du village de Lorimier (Montréal) ; il travaillera ensuite au bureau des archives de la ville de Montréal. Toujours intéressé par la géographie, il publie à Montréal en 1912 son premier volume intitulé Terres et Peuples du Canada, avec une préface de l’abbé Desrosiers. Ce volume occupe une place importante dans l’œuvre de Miller et dans le champ même de la géographie. Pour la première fois, quelqu’un s’interrogeait sérieusement sur la géographie du pays en y recherchant les relations entre l’homme et son milieu. En 1915, Miller fait paraître dans la Revue trimestrielle canadienne (Montréal) « la Géographie au service de l’histoire », où il insiste sur l’importance du dialogue entre les deux disciplines. Parallèlement à ses écrits, il donne des cours de géographie à l’école du Conseil des arts et manufactures de la province de Québec, à Montréal. En 1917, il quitte son poste aux archives de la ville pour devenir chef du secrétariat de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, poste qu’il occupera jusqu’en 1922. En 1918, à l’instigation de la Société Saint-Jean-Baptiste, il donne des cours publics de géographie, notamment au Monument national et à l’Union catholique. Au cours de son mandat au sein de la société, Miller y dirigera le Courrier de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, publié à compter de 1921 et dont l’objectif est de rendre compte des activités des sections de la société. En 1920, il a obtenu la chaire de géographie de la nouvelle faculté des lettres de l’université de Montréal. L’année suivante paraît à Montréal son deuxième volume, Pour qu’on aime la géographie, qui contient certains articles déjà publiés et d’autres textes inédits; Miller y aborde la méthode nouvelle du géographe en expliquant comment le milieu peut renseigner sur le mode de colonisation et l’évolution des activités fondamentales. Il est de plus l’auteur de nombreux articles parus notamment dans le Bulletin (Québec) de la Société de géographie de Québec, l’Action française (Montréal) et la Revue trimestrielle canadienne.
Mort trop jeune, sans avoir eu le temps de mettre sur papier toutes ses connaissances, Émile Miller demeure l’un des premiers, sinon le premier géographe du Canada français. Il faudra attendre la venue du géographe français Raoul Blanchard, son enseignement et ses écrits sur le Canada français, publiés de 1935 à 1952, pour que renaisse l’intérêt pour la géographie. Miller a su mettre à profit les connaissances qu’il avait acquises par la lecture des grands géographes français et allemands, tel Paul Vidal de La Blache. Même si ses explications reposent parfois sur un déterminisme sommaire, il n’en a pas moins cherché par ses écrits à établir une vue d’ensemble du Canada en alliant géographie physique et géographie humaine pour mieux faire ressortir l’unité du pays et du peuple qui l’habite. Après la mort de Miller, l’abbé Desrosiers réunira les manuscrits de ce dernier et publiera en 1924 à Beauceville une Géographie générale, qui servira à combler un vide dans les manuels d’enseignement de la géographie.
Outre les ouvrages déjà mentionnés, Émile Miller est l’auteur de : les Armoiries de Montréal (Montréal, 1920) ; Mon voyage autour du monde (Montréal, 1923 ; cet ouvrage a été publié après sa mort par sa femme).
ANQ-M, CE606-S11, 1er janv. 1856–27 déc. 1873 ; CE606-S16, 1873–1899, particulièrement 20 sept. 1884.— Univ. Laval, Laboratoire de géographie historique, Arch. de la Soc. de géographie de Québec.— Le Devoir, 4 août, 9 sept. 1922.— La Patrie, 4 août 1922.— La Presse, 4 août 1922.— Le Soleil, 4 août 1922.— La Tribune (Sherbrooke, Québec), 4 août 1922.— Benoît Brouillette, « Un pionnier de la géographie au Canada français : Émile Miller », Rev. canadienne de géographie (Montréal), 4 (1950), nos 1–2 : 94–96.— Lionel Groulx, Mes mémoires (4 vol., Montréal, 1970–1974), 2.— Édouard Montpetit, « Émile Miller », Rev. trimestrielle canadienne (Montréal), 8 (1922) : 263–266.— Christian Morissonneau, la Société de géographie de Québec, 1877–1970 (Québec, 1971).— « Pour qu’on aime la géographie », Rev. trimestrielle canadienne, 7 (1921) : 510–512.— Eugène Rouillard, « Une perte pour la géographie canadienne : M. Émile Miller », Soc. de géographie de Québec, Bull., 16 (1922) : 195.— Robert Rumilly, Histoire de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal : des patriotes au fleurdelisé, 1834–1948 (Montréal, 1975).— Soc. généalogique canadienne-française, Mariages de la paroisse Saint-Jacques de Montréal (1873–1984) (13 vol., Montréal, 1987–1990), 10 : 25.
MICHEL BOISVERT, « MILLER, ÉMILE (baptisé Émile-Ladislas) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/miller_emile_15F.html.
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Auteur de l'article: | MICHEL BOISVERT |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
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