MILES, STEPHEN, imprimeur, éditeur de journaux et ministre méthodiste, né le 19 octobre 1789 à Royalton, Vermont, fils d’Ephraim Miles ; il épousa Laura Spafford de Kingston, Haut-Canada, le 22 juin 1812, puis, en secondes noces, Lucinda Daniels de Windsor, Vermont, le 21 août 1822 ; décédé le 13 décembre 1870 à Clark’s Mills (Camden East), Ontario.

À l’âge de 15 ans, Stephen Miles devint apprenti chez l’imprimeur Nahum Mower à Windsor, et en 1807, il vint s’établir avec lui à Montréal où ils fondèrent l’hebdomadaire Canadian Courant and Montreal Advertiser. Au mois de juin 1810, Mower et Charles Kendall, imprimeur à son emploi, firent paraître le prospectus d’un hebdomadaire qui devait être publié à Kingston. Le premier numéro de la Kingston Gazette parut le 25 septembre ; à cette date toutefois, Mower en avait abandonné la direction à Kendall et à Miles, bien que Mower y fût mentionné avec Kendall à titre de coéditeur étant donné que Miles était encore trop jeune pour occuper ce poste et qu’en principe, il n’avait pas terminé son apprentissage.

Au début du xixe siècle, il arrivait souvent que les imprimeurs fussent à la fois propriétaires ou éditeurs de journaux et rédacteurs ; c’était le cas pour Kendall et Miles, bien que leurs éditoriaux aient été brefs et n’aient guère porté à controverse. D’un plus grand intérêt furent les articles soumis au journal en réponse à l’invitation générale lancée par les deux rédacteurs « aux hommes cultivés ayant du temps libre à leur disposition, à l’homme de Dieu, au moraliste, au poète et à l’homme politique ». John Strachan, sous le pseudonyme de « Reckoner », fournit au journal 70 articles et Richard Cartwright*, qui signait « Falkland », John Young* de la Nouvelle-Écosse et Barnabas Bidwell* écrivirent également à l’occasion pour la Gazette.

Les deux associés poursuivirent leur travail jusqu’au mois de mars 1811, date à laquelle Miles, ayant terminé son apprentissage, quitta Kendall pour chercher un emploi comme compagnon imprimeur, d’abord à Plattsburgh, New York, puis à Montréal. En septembre 1811, Kendall vendit le journal à Cartwright et à un groupe d’hommes d’affaires et de membres de professions libérales de Kingston. Les nouveaux propriétaires rappelèrent Miles et lui revendirent le journal à des conditions faciles. Le 17 novembre 1811 parut le premier numéro « imprimé et publié par Stephen Miles ». Son journal fut le seul dans le Haut-Canada qui continua à paraître pendant la guerre de 1812 à 1814, bien que Miles ait dû en interrompre la publication à certains moments parce qu’il eut à servir dans la milice ou encore parce qu’il lui fut impossible de se procurer du papier. La guerre occupa la première place dans les informations, et le journal publia des comptes rendus de première main sur le combat naval du 10 novembre 1812 dans le port de Kingston et sur la bataille de Crysler’s Farm.

En 1815, pour le compte du gouvernement, Miles publia les lois adoptées au cours des 2e et 3e sessions du 6e parlement du Haut-Canada. En outre, il réimprima le premier « Message aux propriétaires terriens locaux » de Robert Fleming Gourlay, paru dans l’Upper Canada Gazette (York), ainsi que les lettres et les messages ultérieurs de ce dernier qui furent publiés dans le Niagara Gleaner. Ayant d’abord accordé son appui à Gourlay, Miles se retourna contre lui en constatant que celui-ci s’attaquait de plus en plus directement aux personnes. Leurs relations cessèrent le jour où Gourlay fustigea les frères Hagerman, Daniel et Christopher*, de même que John Macaulay*. Miles fit alors paraître un éditorial anonyme qui s’élevait contre cette prise de position, éditorial dont Gourlay devait découvrir l’auteur en la personne de John Alexander Pringle, fonctionnaire de Kingston. Gourlay exprima sa colère dans une lettre adressée à la Gazette où il accusait Miles de jouer double jeu, de renier ses principes méthodistes et de le livrer par trahison aux autorités ; ce fut d’ailleurs en raison des déclarations sous serment de Miles que Gourlay fut arrêté pour publication de libelle diffamatoire. Gourlay fut acquitté et Miles fit paraître un pamphlet signé par John Simpson* qui formulait de sévères critiques à l’endroit de Gourlay. Gourlay éprouva à l’égard de Miles un ressentiment durable qu’il manifesta dans les lettres adressées aux journaux, recourant ainsi à une forme de harcèlement qui poussa Miles à vendre la Kingston Gazette à la fin de 1818 à Macaulay et Pringle ; ceux-ci changèrent le nom du journal, qui devint le Kingston Chronicle, et gardèrent Miles à leur emploi comme imprimeur, mais non comme rédacteur. En 1821 cependant, Miles décida d’offrir ses services comme imprimeur au journal rival de Kingston, l’Upper Canada Herald, que possédait et publiait son beau-frère, Hugh Christopher Thomson*.

Membre du groupe méthodiste de Kingston, Miles fut éducateur et prédicateur local à l’occasion. En 1828, il quitta le Herald pour fonder le premier hebdomadaire religieux dans le Haut-Canada, le Kingston Gazette and Religious Advocate, qui parut du 20 juin 1828 au 26 mars 1830. Cette publication fut déclassée après décembre 1829 par l’organe officiel des méthodistes, le Christian Guardian d’Adolphus Egerton Ryerson* ; néanmoins, celui-ci rendit hommage à Miles en septembre 1830 pour ses « nombreux articles intéressants et instructifs ». Dans l’intervalle, Miles avait été engagé comme imprimeur par une revue presbytérienne, le Canadian Watchman, publié par Ezra Stiles Ely. Quand la revue cessa de paraître en 1831, il alla s’établir à Prescott et acheta de J. Ketchum Averill le Prescott Telegraph, qu’il publia, sous le nouveau nom de Grenville Gazette, de janvier 1832 à avril 1833.

À la fin d’avril 1833, Miles vendit la Gazette à Donald M’Leod* et revint à Kingston pour y occuper le poste de contremaître à la salle d’imprimerie du Chronicle. En 1835, Miles, alors âgé de 46 ans, décida d’abandonner son métier d’imprimeur et d’entrer en période de probation dans l’Église méthodiste wesleyenne à Kingston. Il fut ordonné en 1840. Il prit sa retraite en 1851, après avoir œuvré dans 13 « circuits » différents situés dans la partie est de l’Ontario et parmi lesquels les plus importants furent Gananoque, Bath, Marmora, Madoc, Newburgh et le canton de Loughborough. Comme prédicateur, il accomplissait sa tâche avec beaucoup de soin et d’ardeur, mais ses sermons, semble-t-il, n’avaient que peu de portée. Comme pasteur cependant, il jouissait d’une grande popularité, particulièrement auprès des enfants. « Peu de ministres ont été autant aimés », a-t-on dit au moment de sa mort. Devenu aveugle à la fin de sa vie, il alla demeurer avec sa fille et son gendre à Clark’s Mills, épuisé physiquement et intellectuellement. À sa mort, il laissait, en plus de sa fille, un fils, Elijah, imprimeur et propriétaire du Hastings Chronicle à Belleville.

H. P. Gundy

À la demande d’un ami, Stephen Miles écrivit le récit de ses débuts comme imprimeur à Kingston, Ontario, dans le Chronicle & Gazette du 6 janv. 1847 ; il laissa également un récit olographe de la fondation de la Kingston Gazette sur la page de garde d’un exemplaire relié du premier volume actuellement conservé à la Douglas Library, Queen’s University (Kingston). Des notices nécrologiques parurent dans le Daily News (Kingston)du 16 déc. 1870, dans le Globe du 19 déc. 1870, et dans le Wesleyan Methodist Church in Can., Minutes (Toronto), 1871. [h. p. g.]

G. H. Cornish, Hand-book of Canadian Methodism [...] (Toronto, 1867).— William Canniff, History of the settlement of Upper Canada (Ontario), with special reference to the Bay Quinté (Toronto, 1869 ; publié dans The settlement of Upper Canada, introd. par D. W. Swainson, Belleville, Ont., 1971).— H. P. Gundy, Early printers and printing in the Canadas (2e éd., Toronto, 1964).

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H. P. Gundy, « MILES, STEPHEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/miles_stephen_9F.html.

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Année de la publication:    1977
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