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MIERTSCHING, JOHANN AUGUST, missionnaire morave chez les Esquimaux et explorateur de l’arctique, né le 21 août 1817 à Groeditz, Saxe, fils de Johann Miertsching et de Erdmuth Naacké ; il épousa en 1856 C. A. Erxleben ; décédé le 30 mars 1875 à Kleinwelke, Saxe.
Issu d’une famille allemande d’ouvriers, Johann August Miertsching fut envoyé, alors qu’il était jeune, dans la communauté morave de Kleinwelke, Saxe, où il devint cordonnier ; par la suite il y devint membre de l’Église morave. L’une des plus vieilles Églises protestantes d’Europe, l’Église morave avait transporté son quartier général à Herrnhut, en Allemagne orientale, au xviiie siècle, fuyant la persécution en Bohème. Son désir d’évangéliser les Esquimaux la poussa à envoyer des missionnaires, d’abord au Groenland en 1733, puis au Labrador en 1771. Miertsching fut appelé comme missionnaire auprès des Esquimaux en 1844 et passa les cinq années suivantes au poste missionnaire d’Okak sur la côte septentrionale du Labrador. Il y apprit la langue esquimaude et se familiarisa avec l’art de voyager dans l’arctique.
En 1849, l’amirauté britannique demanda au conseil des missions moraves les services d’un missionnaire du Labrador ou du Groenland pour l’expédition qui se préparait à partir à la recherche de sir John Franklin*. Miertsching, alors en congé en Saxe, accepta de partir et rejoignit l’Investigator (capitaine Robert McClure) juste avant son départ de Plymouth, le 20 janvier 1850. Contournant le cap Horn, l’Investigator entra dans les mers arctiques par le Pacifique, à la recherche d’un passage au nord-ouest. Johann Miertsching et la majeure partie de l’équipage réussirent à se frayer un passage dans l’arctique, mais ne purent regagner l’Angleterre qu’après avoir subi quatre hivers dans l’arctique et abandonné dans les glaces l’Investigator et un autre bateau venu les secourir.
Au cours de cette expérience épuisante, Miertsching tint un journal dont une édition abrégée parut en 1855, et qui fut traduit en anglais et publié intégralement en 1967. Le journal abonde en détails topographiques et en descriptions des tribus esquimaudes, et il raconte d’une façon dramatique les périls encourus à cause des glaces et du froid. À plusieurs reprises, Miertsching, vêtu d’un costume esquimau, fut pour le capitaine un « interprète très précieux », utilisant l’anglais appris au cours des leçons quotidiennes à bord du bateau. Plus d’une fois, quand les indigènes armés devenaient menaçants, il prit le contrôle de la situation et calma les Esquimaux qu’il quittait en bons termes après leur avoir fait des promesses dans leur propre langue. Il découvrit que les Esquimaux de l’ouest de l’arctique ressemblaient à ceux du Labrador par leurs traits, leurs costumes, leur langue et leurs outils. Grâce à lui, l’expédition rassembla une foule de renseignements précieux sur la géographie de la région, bien que, malheureusement, elle ne trouvât aucune trace de sir John Franklin.
Miertsching prêcha aux Esquimaux aussi souvent que cela lui fut possible, défendit sa religion auprès du capitaine McClure et d’autres esprits sceptiques de l’Investigator, et convertit plusieurs membres de l’équipage. Il participa volontiers aux voyages en traîneau et aux expéditions de chasse qui devinrent la routine quotidienne durant les hivers arctiques. Au milieu de tout cela, il sut observer et relater la vie à bord avec humour. Ainsi, décrivit-il les « classes » à bord du navire pris dans les glaces : « Il est intéressant de voir une école polaire : parmi les écoliers barbus, les uns écrivent sur du papier, les autres sur un tableau, d’autres tracent des lettres ; certains reprisent leurs habits tandis que d’autres, penchés, fument leurs pipes, jouant les spectateurs silencieux. »
À la suite de ce voyage épique, Miertsching ne retourna jamais au Canada. Après son mariage en Saxe, il devint missionnaire auprès des Hottentots d’Afrique du Sud, desservant les postes de mission d’Elim et de Genadendal, à l’est du Cap. Il se retira à Kleinwelke en 1868 et y demeura jusqu’à sa mort. Sa fille Marie épousa un autre missionnaire du Labrador, Hermann Theodor Jannasch*, avec qui elle travailla pendant 24 ans sur la côte du Labrador. Certains de leurs descendants s’établirent définitivement au Canada.
Johann Miertsching possédait plusieurs qualités propres aux missionnaires moraves : le calme, la candeur et une foi religieuse profonde. Libéré de son ministère pour participer à l’expédition dans l’arctique, il se montra à la hauteur de la situation et sut, dans des circonstances difficiles, s’acquitter habilement et consciencieusement de ses tâches, laissant la marque de sa personnalité sur tous les membres de l’équipage.
[McClure], Discovery of the north-west passage (Osborn).— [J. A. Miertsching], Frozen ships : the Arctic diary of Johann Miertsching, 1850–1854, L. H. Neatby, édit. et trad. (Toronto, 1967) ; Reise-Tagebuch des Missionars Joh. A. Miertsching welcher als Dolmetscher die Nordpol-Expedition zur Aufsuchung Sir John Franklins auf dem Schiffe Investigator begleitete ([Gnadau], 1855 ; Gnadau, Leipzig, 1856).— Periodical accounts relating to the missions of the Church of the United Brethren, established among the heathen (Londres), 1846–1875.— Daniel Benham, Sketch of the life of Jan August Miertsching, interpreter of the Esquimaux language to the Arctic expedition on board H.M.S. « Investigator », Captain M’Clure, 1850, 1851, 1852, 1853 (Londres, 1854).— H. W. Jannasch, Grossvater Miertsching, Herrnhuter Miniaturen (Lüneburg, 1953), 80–96.
William H. Whiteley, « MIERTSCHING, JOHANN AUGUST », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/miertsching_johann_august_10F.html.
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Auteur de l'article: | William H. Whiteley |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |