MICHAUD, JOSEPH, professeur, clerc de Saint-Viateur, prêtre et architecte, né le 1er avril 1822 à Kamouraska, Bas-Canada, fils de Joseph Michaud, cultivateur, et de Charlotte Michaud ; décédé le 13 décembre 1902 à Joliette, Québec.

Troisième d’une famille qui comptera sept enfants, Joseph Michaud fréquente fort probablement l’école paroissiale mise sur pied par le curé Jacques Varin, où enseigne Louis-Charles-Alexandre Dolbigny, ancien soldat de Napoléon et homme de lettres. Ce n’est toutefois pas avant l’âge de 16 ans qu’il entre au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. L’abbé Thomas-Benjamin Pelletier, préfet des études, l’initie aux sciences, au dessin et à l’architecture.

En 1846, à la fin de ses études classiques, Michaud enseigne en classe préparatoire à son alma mater. Puis, en 1848, il entre chez les Clercs de Saint-Viateur à Industrie (Joliette). Il y enseigne la physique, la chimie, la géographie, l’astronomie, l’architecture et l’ébénisterie jusqu’en 1851, passe un an au collège de Chambly à titre de professeur de sciences, revient à Industrie pour l’année scolaire de 1852–1853 et retourne à Chambly en 1853. Au cours de l’année, il trace les plans de la chapelle du collège, inspirés de l’église Saint-Pierre-Apôtre, à Montréal, dont Victor Bourgeau* a été l’architecte. Après une autre année d’enseignement au collège Joliette, il est nommé directeur du collège Bourget, à Rigaud, fondé par le curé Joseph Desautels* en 1850. Son mandat coïncide avec la décision de loger le collège dans des locaux plus vastes, et Michaud en dresse les plans, qu’il réalise avec les ouvriers. L’historien du collège, le père Gustave Lamarche, en trace ce portrait : « Super actif, petit de taille, d’apparence fluette, volonté de fer, un vrai original [...] architecte, dessinateur, sculpteur sur bois, tailleur de métaux, travaillant toujours de la pelle, de la truelle, de la scie et du rabot. »

En 1858, Michaud est l’une des deux recrues que les Clercs de Saint-Viateur offrent à l’évêque Modeste Demers* pour l’aider dans son diocèse de l’île de Vancouver. Arrivé à Victoria le 7 juin, il se voit confier les plans et la construction de la cathédrale. Humble église de 75 pieds de long sur 35 de large et 20 de haut, elle sera consacrée par l’évêque en juillet 1861. Entre-temps, le 25 mars 1860, Michaud a reçu les ordres majeurs et a été ordonné prêtre.

Après quatre ans dans le diocèse, Michaud manifeste le désir de revenir au Bas-Canada. Ses supérieurs lui confient à nouveau l’enseignement des sciences au collège Joliette ; il monte des laboratoires et fabrique des instruments tout en enseignant le « Précis d’architecture » de l’abbé Jérôme Demers*. Certains de ses élèves deviendront des architectes, notamment D’Angevine Dostaler qui travaillera avec lui.

Le nom du père Michaud est surtout associé à la construction de la cathédrale Saint-Jacques, à Montréal. Après que Victor Bourgeau eut refusé le projet de Mgr Ignace Bourget* d’en faire une reproduction réduite de la basilique Saint-Pierre de Rome, ce dernier envoie Michaud à Rome en 1868, à titre d’aumônier des zouaves pontificaux, et le charge de lever les plans de l’édifice. De retour à Joliette en 1869, Michaud fabrique une maquette qui décidera de la construction de la cathédrale. Avec Bourgeau et Alcibiade Leprohon, il surveille les travaux, qui débutent en 1875, et y participe même de ses mains. À la mort de Bourgeau en 1888, il reste seul à terminer l’édifice.

En 1890, une fois la cathédrale finie, Michaud retourne à l’Institution catholique des sourds-muets pour la province de Québec, à Montréal, où il habite depuis 1880 [V. Joseph-Marie Young*]. Il y aménage un musée de sciences naturelles et monte une importante collection de monnaies. Au début de 1902, il se retire au noviciat des Clercs de Saint-Viateur, à Joliette, où il meurt le 13 décembre.

Le père Michaud a été un architecte très prolifique. Sollicité de partout, il a tracé les plans d’un grand nombre d’édifices religieux, dont certains subsistent encore, notamment les églises des paroisses St Francis Xavier, à Winooski, au Vermont, St Joseph, à Burlington, et, dans le diocèse de Joliette, celles de Saint-Norbert, Sainte-Mélanie, Saint-Liguori, Saint-Alphonse-Rodriguez, ainsi que celles de Saint-Paul-l’Ermite, dans le diocèse de Montréal, et Saint-Joseph-du-Lac, dans le diocèse de Saint-Jérôme, les couvents de Saint-Paul-d’Industrie et de Saint-Liguori, l’ancienne Institution des sourdes-muettes, à Montréal, et le jardin d’enfance des Sœurs de la charité de la Providence à Coteau-Saint-Louis. Malheureusement, ses œuvres les plus élégantes, telles que les ailes Michaud des collèges Bourget et Joliette, et le marché et la chapelle Bonsecours, à Joliette, sont disparues.

Inspiré du style géorgien, l’extérieur de plusieurs des immeubles de pierre que le père Joseph Michaud a conçus est très austère. Cependant, quand il marie pierre et brique, quand il joue avec l’inégalité des surfaces, il le fait avec bonheur. L’intérieur de ses églises est presque toujours d’un baroque chaleureux et ravissant, qui le classe dans la lignée des grands bâtisseurs qu’a connus le Québec. Religieux d’une grande timidité, d’une profonde piété, auteur d’audacieuses réalisations, le père Michaud demeure un jalon précieux dans la tradition artistique de la région de Lanaudière et dans l’enseignement des sciences au collège Joliette.

François Lanoue

ANQ-BSLGIM, CE3-3, 1er avril 1822.— Arch. des Clercs de Saint-Viateur (Joliette, Québec), Dossier du collège Joliette.— Arch. des Clercs de Saint-Viateur (Montréal), Dossier Institution des sourds-muets ; Dossier Joseph Michaud.— Le Bazar (Montréal), 7 août–20 nov. 1886.— Daily British Colonist (Victoria), 23 nov. 1860.— La Gazette de Joliette, 15 mai 1876.— La Minerve, 12, 26 janv. 1855.— La Presse, 29 mai 1986.— Semainier paroissial ; basilique cathédrale Marie-Reine du monde (Montréal), 15 juin 1986.— Gaspard Ducharme, « la Maquet[t]e de la cathédrale de Montréal (œuvre du père Joseph Michaud, clerc de Saint-Viateur) », Technique (Montréal), 16 (1941) : 85–91, 148.— Gustave Lamarche, le Collège sur la colline ; petit historique du collège Bourget de Rigaud (Rigaud, Québec, 1951).— François Lanoue, « Joseph Michaud, c.s.v. (1822–1902), architecte », SCHEC Sessions d’études, 54 (1987) : 10–38.— Wilfrid Lebon, Histoire du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (2 vol., Québec, 1948–1949).— [J.-L.-]O. Maurault, Marges d’histoire ; l’art au Canada (3 vol., Montréal, 1929–1930), 2.— Alexandre Paradis, Kamouraska (1674–1948) (Québec, 1948).— The Sisters of St. Ann in British Columbia, Yukon, and Alaska, 1858–1958 ([Victoria, 1958]).

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François Lanoue, « MICHAUD, JOSEPH (1822-1902) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/michaud_joseph_1822_1902_13F.html.

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Auteur de l'article:    François Lanoue
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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Date de consultation:    1 décembre 2024