McVICAR, VICTORIA, fonctionnaire, enseignante et femme d’affaires, née vers la fin des années 1830 dans la région de Montréal, fille cadette de Robert McVicar* et de Christina McBeath ; décédée célibataire le 29 septembre 1899 à Port Arthur (Thunder Bay, Ontario).

Les premières années de la vie de Victoria McVicar furent marquées par de nombreux déplacements, car son père chercha un emploi permanent après avoir quitté la Hudson’s Bay Company en 1830. Une grande partie de son enfance se passa dans de petits établissements en bordure de la Huron Tract, dans le Haut-Canada. Puis, en 1860, sa famille alla s’installer au nord-ouest de la baie Thunder, à l’endroit appelé Prince Arthur’s Landing (qui devint plus tard Port Arthur), près du ruisseau McVicar. Au cours de ces années de constants déplacements, Victoria McVicar n’eut comme attaches permanentes que sa parenté vivant dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba). Elle passa quelques mois chez ces parents en 1869 et 1870 et joua alors un rôle secondaire dans les négociations menées avec le chef métis Louis Riel* en vue de la libération des prisonniers qu’il détenait. Pour cet événement comme pour d’autres épisodes de sa vie, sa propre version des faits, plutôt théâtrale, est plus ou moins digne de foi. Le comportement de cette femme vive et un peu frustre n’impressionna guère Alexander Begg, l’un des témoins de son intervention du 20 février 1870 : « Quand elle entra dans la pièce où se trouvait Riel, Mlle McVicar, qui voulait de toute évidence se donner en spectacle, se jeta à genoux en criant : Pitié ! Pitié ! Pitié ! Tout le monde, sauf la demoiselle elle-même, fut choqué. »

À cette époque, Victoria McVicar, sa sœur Christina et leur mère, devenue veuve, habitaient à Fort William (Thunder Bay, Ontario) car on avait transféré leur principale source de revenus, le bureau de poste, du ruisseau McVicar à cet endroit au milieu des années 1860. Pendant plusieurs années, Victoria seconda sa sœur, qui fut maîtresse de poste de 1864 à 1895 ; elle lui succéda ensuite dans cette fonction. Au cours des années 1860, elle fut aussi préceptrice des enfants de certains employés de la Hudson’s Bay Company ; c’est pourquoi l’on a dit qu’elle fut la première enseignante de Fort William.

Toutefois, la renommée que Victoria McVicar acquit dans sa région est surtout attribuable à son habileté à négocier avec les ministères et les acheteurs éventuels de biens fonciers. En 1867, les sœurs McVicar réclamèrent 600 acres à proximité de leur première résidence de Prince Arthur’s Landing sous prétexte qu’on avait promis ce terrain à leur père. Peu de temps après, elles présentèrent une requête au nom de leur mère pour obtenir, à Fort William, un terrain de 50 acres afin que la famille continue à tenir le bureau de poste. Elles eurent gain de cause dans les deux cas. Plus tard, la part de Victoria dans les biens de la famille s’accrut grâce aux legs que lui firent sa mère, en 1878, et sa sœur, en 1895. Son frère George A., ancien associé de Duncan McKellar dans l’exploitation de la mine Shuniah, possédait aussi dans la région des biens immobiliers importants.

En 1882, les deux sœurs retournèrent à Prince Arthur’s Landing, impatientes de voir leurs vastes propriétés prendre de la valeur avec la construction des installations de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Il semble que Victoria ait été la porte-parole de sa famille en négociant avec la compagnie en 1883 un contrat très avantageux pour les McVicar. On sait qu’elle mena une longue bataille juridique au terme de laquelle on détermina la valeur des terrains en cause ainsi que les droits de captation de l’eau. Le bruit courut qu’après le règlement de l’affaire, dans les dernières années de sa vie, Victoria reçut un paiement comptant de 90 000 $. Mais, peu importe le montant qu’on lui versa, il est sûr que le développement de Port Arthur et de Fort William à l’avènement du chemin de fer accrut énormément la valeur des terres des McVicar. Victoria mourut en 1899, semble-t-il d’une « faiblesse cardiaque aggravée par un asthme aigu dont elle souffrait depuis longtemps ».

Les renseignements que laissa Victoria McVicar à son propre sujet sont très douteux mais il faut dire, en toute justice, qu’elle fit ses récits les plus extravagants pour amuser les enfants de son cousin de Toronto. Résolue, dure et âpre au gain, elle était également très émotive et se réfugiait parfois dans la fantaisie. Royaliste farouche, elle nourrissait aussi un attachement sentimental à l’Imperial Federation League. Elle était également dévouée aux membres de sa famille, surtout à ceux qui vivaient au loin. Attirée par le spiritisme, elle chercha à capter des messages de l’au-delà, mais Riel refusa obstinément de communiquer avec elle. Selon un homme de sa parenté, son comportement était celui des vieilles filles, surtout celles qui vivent dans des endroits isolés. Il devait être réconfortant pour les fonctionnaires du gouvernement et les négociateurs de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique de s’arrêter sur cet aspect de sa personnalité, et d’oublier ainsi l’habile femme d’affaires qui avait triomphé d’eux à maintes reprises.

Elizabeth Arthur

City of Thunder Bay Records Centre and Arch. (Thunder Bay, Ontario), Contract of the CPR with the McVicar family, 9 août 1883.— Lakehead Univ. Library Arch. (Thunder Bay), 101, McVicar family papers.— Thunder Bay Hist. Museum Soc., McVicar papers.— Begg, Red River journal (Morton).— Daily Sentinel (Prince Arthur’s Landing, plus tard Port Arthur [Thunder Bay]), 22 févr. 1882–29 avril 1893.— Fort William Journal (Fort William [Thunder Bay]), 1887–1899.— Weekly Herald and Algoma Miner (Port Arthur), 1882–1899.— Weekly Sentinel (Port Arthur), 29 juill. 1875–27 déc. 1895.— J. P. Bertrand, Highway of destiny ; an epic story of Canadian development (New York, 1959).— H. [W.] Charlesworth, Candid chronicles : leaves from the note book of a Canadian journalist (Toronto, 1925).

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Elizabeth Arthur, « McVICAR, VICTORIA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcvicar_victoria_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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