McVICAR, KATE (Katie), ouvrière de la chaussure et leader syndical, née vers 1856 à Hamilton, Haut-Canada, décédée dans la même ville le 18 juin 1886.

Kate McVicar, fille d’un pauvre ferblantier écossais et d’une mère née en Angleterre, se joignit à la main-d’œuvre de Hamilton au début des années 1870, imitant en cela ses deux sœurs aînées. Comme la plupart des femmes de cette époque qui entraient à la manufacture, elle commença de travailler pour augmenter le revenu familial alors que, célibataire, elle vivait à la maison paternelle. Cependant, à leur différence, elle demeura célibataire et continua d’habiter chez ses parents jusqu’au moment où elle mourut précocement à l’âge de 30 ans. C’est, dans une certaine mesure, la durée relativement longue de sa vie d’ouvrière qui lui permit de se révéler un éminent leader au sein des Chevaliers du travail.

Les Chevaliers du travail, qui nourrissaient le vaste projet de réunir tous les travailleurs sans considération de sexe, de race ni de degré de compétence, s’occupaient fort activement de regrouper les femmes dans toutes les parties de l’Amérique du Nord. Les premières assemblées (sections) locales de cet organisme à Hamilton furent créées en avril 1882, et, en décembre, on s’efforçait de recruter des femmes. L’année suivante, le Palladium of Labor, organe des Chevaliers du travail à Hamilton, publia une série de lettres qui parlaient éloquemment de la nécessité d’une organisation syndicale pour les ouvrières de manufactures et les domestiques, tout en décrivant les problèmes considérables que posait leur regroupement en syndicats. Signées du pseudonyme A Canadian Girl, ces lettres étaient probablement de Kate McVicar. L’auteur affirmait que les méthodes employées pour mettre sur pied des associations d’hommes – réunions de masse, tribunes et discours – ne donneraient jamais de bons résultats dans le cas des femmes. Elle proposait qu’un petit nombre de femmes courageuses se manifestent et tiennent une réunion avec leurs collègues des Chevaliers du travail afin d’obtenir l’aide de ces derniers.

Répondant à ce vœu dans le Palladium, quelqu’un qui signait « A Knight of Labor » suggéra que les ouvrières eussent entre elles des discussions prudentes et secrètes dans le but de trouver dix femmes désirant former une assemblée. Une fois cet objectif atteint, les ouvrières devaient entrer en contact avec lui par l’intermédiaire du Palladium. Il organiserait alors une rencontre secrète pour leur exposer les principes des Chevaliers du travail et les regrouper en une assemblée locale régulière. Le caractère secret de cette association en faisait, selon lui, un instrument d’autant plus précieux pour les femmes qu’il leur permettait d’éviter la notoriété publique et de préserver ainsi leur pudeur.

Il est probable que les femmes, sous la direction de Kate McVicar, suivirent cet avis. En janvier 1884, on créa à Hamilton l’assemblée locale no 3040 à laquelle se joignirent des ouvrières du textile et de la chaussure. En avril de la même année, les ouvrières de la chaussure se dissocièrent et formèrent leur propre assemblée, l’Excelsior Assembly (l’assemblée locale no 3179) ; celle-ci, présidée par Kate McVicar, fut la première au Canada à n’être composée que de femmes. À la vérité, le nombre d’ouvrières appartenant à ces deux assemblées diminua de 221 qu’il était en 1884 à 67 en 1885, mais les Chevaliers du travail mirent sur pied au moins huit autres assemblées féminines en Ontario dans les années 1880 et regroupèrent par ailleurs un grand nombre de femmes dans des sections mixtes. Les premières déléguées aux assises du Congrès des métiers et du travail du Canada, qui débutèrent en 1886, appartenaient toutes aux Chevaliers du travail.

Le fait de diriger l’assemblée locale no 3179 donna à Kate McVicar une place singulièrement importante au sein du mouvement ouvrier de Hamilton, et il semble qu’à son décès, les autres membres de l’Excelsior Assembly ne voulurent pas la remplacer. En 1887 et 1888, les membres de l’assemblée demandèrent aux autorités syndicales de permettre, par exception, qu’un confrère des Chevaliers du travail, appartenant à l’assemblée locale no 2132, celle des cordonniers, fût désigné comme étant leur président d’assemblée. Le décès de Kate McVicar priva le syndicat ontarien de l’un des rares leaders féminins compétents ayant consenti à jouer un rôle public.

Gregory S. Kealey

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Gregory S. Kealey, « McVICAR, KATE (Katie) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcvicar_kate_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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