McQUEEN, THOMAS, maçon, journaliste, homme politique et poète, né le 9 octobre 1803 dans la paroisse de Kilbirnie, Ayrshire, Écosse ; il se maria et eut plusieurs enfants ; décédé le 26 juin 1861, à Goderich, Haut-Canada.
Le père de Thomas McQueen était manœuvre dans une paroisse rurale, située à 20 milles au sud-ouest de Glasgow, et McQueen fréquenta peu l’école car il dut très jeune se mettre au travail. À l’âge de neuf ans, un accident, qui devait le laisser boiteux pour le reste de sa vie, fut suivi d’une longue convalescence. Il commença alors à s’intéresser à la littérature, sans toutefois laisser ses lectures l’éloigner de ses origines. Il se mit à travailler comme maçon à l’âge de 14 ou 15 ans, dans ces années de grande agitation sociale qui virent les débuts du journalisme ouvrier. Stimulé par la campagne pour la réforme parlementaire qui anima les années 1820 et le début des années 1830, il écrivit pour la presse périodique et fit des conférences sur les droits des travailleurs. Il publia également trois recueils de poésie, de nature essentiellement politique, fit paraître une série hebdomadaire d’essais et donna des conférences sur l’économie politique, l’éducation et la morale.
McQueen émigra en 1842 au Haut-Canada et s’établit près de Pakenham, dans le district de Bathurst, juste au nord d’un établissement fondé par des tisserands de Glasgow et d’autres Écossais. Même si le sol rocailleux de la plus grande partie du district convenait mal à l’agriculture, McQueen fut impressionné par les terres fertiles, bon marché et exemptes de loyer qu’on trouvait ailleurs au Haut-Canada et il opposait les chances de réussite qui s’offraient au colon à la « situation révoltante du tisserand à cinq farthings la verge » de Grande-Bretagne, que l’industrialisation avait « mené à la famine chronique ». De 1842 à 1846, il travailla comme maçon dans la région de Pakenham. Ses dispositions naturelles pour le journalisme ne tardèrent pas à refaire surface et il commença à collaborer régulièrement au Bathurst Courier, dans lequel il défendit avec feu l’instruction laïque, tournant en dérision les revendications de l’Église d’Angleterre.
En 1847, Malcolm Cameron*, marchand de Sarnia et député grit radical de Lanark, lui offrit £100 par an pour devenir rédacteur en chef d’un journal, dans la région appelée Huron Tract qui venait tout juste de s’ouvrir à la colonisation. McQueen refusa cette offre, mais, en 1848, il alla s’établir à Goderich et, le 4 février, parut le premier numéro du Huron Signal ; Charles Dolsen en était l’éditeur et McQueen le rédacteur en chef.
McQueen considérait que sa tâche principale était de redonner vie au parti réformiste, dans le comté de Huron, représenté à l’Assemblée par William Cayley*, avocat tory de Toronto et neveu de l’évêque John Strachan. Le comté était divisé entre les Irlandais conservateurs, originaires de l’Ulster, et les Écossais, dissidents et de tendance réformiste ; mais les réformistes étaient divisés et désorganisés et McQueen entreprit de leur donner, dans le Signal, un point de ralliement. Il poussait les fermiers du comté de Huron à élire « un des [leurs] » et dénonçait le torysme dans lequel il voyait « la malédiction du monde civilisé, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il porte aux nues et flatte quelques individus qui se complaisent dans une luxueuse indolence, au prix de la sœur, du labeur et de la dégradation de la grande masse des travailleurs ». La victoire de Malcolm Cameron sur Cayley, dans le comté de Huron, en 1851, marqua le triomphe de McQueen. Mais à ce moment, McQueen, comme il le dit lui-même, était « fatigué de vivre à Goderich, aux confins extrêmes de la civilisation ». En 1852, il devint rédacteur en chef d’un nouveau journal réformiste, le Canadian de Hamilton, au salaire annuel de £200. Au cours des deux années qui suivirent, le Canadian, qui était jusque-là un hebdomadaire, commença à paraître trois fois par semaine et la réputation de McQueen, comme partisan de la réforme et de la tempérance, s’étendit à toute la province. Au début de 1854, Francis Hincks * lui proposa de devenir rédacteur en chef du Pilot and Journal of Commerce de Montréal, au salaire de £250 par an ; il reçut également des offres de journaux du comté de Halton, de Belleville et d’ailleurs. Mais il choisit cette année-là de revenir à Goderich et au Huron Signal.
Aux élections qui eurent lieu cette même année, McQueen se présenta contre Cayley, avec un programme grit radical, promettant de lutter pour l’abolition des « réserves » du clergé, des écoles séparées et de la tenure seigneuriale au Bas-Canada et d’œuvrer pour la réciprocité avec les États-Unis et pour l’union des provinces de l’Amérique du Nord britannique. Il fut battu par un vote important en faveur des conservateurs dans la ville de Goderich.
Après 1854, McQueen s’intéressa de près à l’agriculture, évaluant les méthodes de culture et enseignant aux fermiers des méthodes appropriées de drainage, l’alternance des récoltes, la façon de semer en ligne, de faire des clôtures et de se servir des engrais et des machines agricoles. Il acheta une propriété de 800 acres dans le comté de Huron mais n’en demeura pas moins rédacteur en chef du Signal jusqu’à sa mort, en 1861.
Thomas McQueen est l’auteur de My gloaming amusements, a variety of poems (Beith, Écosse, 1831) ; The exile ; a poem, in seven books (Glasgow, 1836) ; The moorland minstrel (Glasgow, 1840) ; et Report on the county of Huron, Upper Canada, Board of Agriculture, Journal and Trans. (Toronto), II (1856–1857) : 172–203.
Bathurst Courier (Perth, Ont.), 1842–1848.— Huron Signal (Goderich, Ont.), 3 juill. 1861.— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 273–275.— Wallace, Macmillan dictionary, 487.— Andrew Haydon, Pioneer sketches in the district of Bathurst (Toronto, 1925), 237–285.— James Scott, The settlement of Huron County (Toronto, 1966), 247–249.
H. J. M. Johnston, « McQUEEN, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcqueen_thomas_9F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
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