McNAUGHTON (MacNaughton), ANNE CECILIA (Spofford), institutrice, militante de la tempérance, partisane du suffrage féminin et administratrice scolaire, née le 4 décembre 1859 à Sydney, Nouvelle-Écosse, fille de Duncan McNaughton et de Jane Lavinia Musgrave* ; le 5 décembre 1883, elle épousa à Victoria William Henry Spofford (décédé le 11 décembre 1937), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 18 février 1938 au même endroit.
Anne Cecilia McNaughton s’installa à Victoria avec sa famille en 1877. Les McNaughton étaient baptistes et leur arrivée coïncida avec la propagation de leur foi vers l’ouest. Quelques mois plus tard, Mlle McNaughton devint secrétaire-trésorière du groupe de femmes missionnaires de l’église First (Calvary) Baptist fondé par sa mère. À l’été de 1877, elle obtint son diplôme de la Victoria High School et réussit l’examen provincial pour devenir institutrice. Elle enseigna durant quelques années dans l’île de Vancouver et dans les îles du Golfe, mais entre divers postes qu’elle occupa, elle fut pendant peu de temps surintendante d’une mission baptiste destinée aux immigrants chinois. Aucune de ces activités ne fut entravée par son œil de verre, qu’elle commença peut-être à utiliser après un accident survenu dans son enfance.
En 1883, Mlle McNaughton devint secrétaire archiviste à la Woman’s Christian Temperance Union of British Columbia (WCTU) [V. Catharine Morton*], nouvellement créée, et adopta les objectifs de cette dernière en matière de prohibition et de suffrage féminin. Vers la fin de cette année-là, elle épousa William Henry Spofford, menuisier de l’Ontario. Malgré ses nouvelles responsabilités, elle trouva le temps en 1884 d’organiser une section de la Young Woman’s Christian Temperance Union à Victoria et d’y faire campagne aux côtés de Margaret Jenkins [Townsend*], afin d’encourager les femmes à exercer leur droit de vote, acquis depuis peu, pour élire des administrateurs scolaires. En 1885, elle accepta la présidence de la WCTU de la province ; ses fonctions impliquaient quelques déplacements. Elle fut présidente pendant un an, puis occupa divers postes de direction dans cet organisme et au sein de la Victoria Union.
Choisie à nouveau pour remplir le rôle de présidente de la WCTU de la province en 1893, Mme Spofford garderait cette position pendant trois ans et inclurait dans le programme de l’organisation l’éligibilité des femmes aux postes d’administratrices scolaires. Quand, en 1894, l’Assemblée législative rejeta une pétition de la WCTU à cet effet, elle œuvra à la création du Local Council of Women of Victoria and Vancouver Island. La pétition que présenta le conseil l’année suivante pour permettre l’élection des femmes aux postes d’administratrices fut une réussite. Comme Mme Spofford, qui était le premier choix du conseil pour être sa candidate, n’avait pas le cens d’éligibilité nécessaire, sa collègue Maria Heathfield Grant [Pollard] fut choisie à sa place.
De 1899 à 1901, Mme Spofford fut intendante du Refuge Home de la WCTU et de la mission pour hommes créée en 1900. Après avoir assumé différents rôles au sein de l’association, elle en devint en 1905 la première organisatrice provinciale rémunérée, en prévision d’un plébiscite sur la prohibition. Sur la route pendant deux ou trois mois d’affilée, elle faisait preuve d’une indépendance rarement observée chez les femmes mariées de l’époque. En 1907, après avoir dirigé des délégations pour rencontrer le gouvernement et ajouté 209 membres et dix sections locales à la WCTU de la province en un an, elle en fut élue présidente par acclamation ; elle occuperait ce poste pendant les 12 années suivantes. Elle entreprit une campagne pour permettre aux municipalités de contrôler la vente d’alcool et fut nommée troisième vice-présidente de la British Columbia Local Option League en 1908. Frustrée par l’inertie des gouvernements municipaux et provincial concernant le suffrage féminin, elle lança encore une autre campagne pour faire pression afin d’obtenir le droit de vote. Sa popularité parmi les membres de la WCTU augmenta, et on la nomma membre à vie dans les organisations de la province et du dominion.
Mme Spofford fut au centre des activités du mouvement de tempérance durant la Première Guerre mondiale, ralliant les foules avant les référendums provinciaux sur la prohibition et le suffrage féminin qui eurent lieu pendant les élections générales de 1916. Ces deux mesures seraient ratifiées en 1917 par le gouvernement libéral de Harlan Carey Brewster*. À un certain moment avant la Première Guerre mondiale, Mme et M. Spofford étaient devenus administrateurs de la maison fondée par la Children’s Aid Society of Victoria. Quand son mari fut appelé pour le service militaire, elle continua à y travailler avec l’aide d’un assistant, puis démissionna en 1917. L’année suivante, elle fut candidate au poste de commissaire de police et promit de mettre en application le British Columbia Prohibition Act de 1916, mais elle perdit la bataille électorale. Elle chercha ensuite à se présenter comme candidate indépendante à une élection partielle provinciale dans la circonscription de Victoria City ; elle se retira quand il devint évident qu’elle avait peu d’appuis. Sa troisième tentative pour obtenir une fonction publique, en janvier 1919, s’avéra fructueuse : elle fut élue pour un mandat de deux ans à titre d’administratrice scolaire. Plusieurs mois plus tard, elle fut la seule femme, parmi quatre personnes, nommée à une commission sur l’assurance-maladie, qui tint des audiences à l’échelle de la province au sujet d’une variété de mesures d’assistance sociale. En 1920, elle fut choisie pour siéger d’abord en tant que membre, puis à titre de présidente, au conseil consultatif à Victoria pour administrer le nouveau Mothers’ Pensions Act. Elle essaya aussi d’obtenir l’investiture libérale pour pouvoir prétendre à un siège provincial aux élections générales de cette année-là, mais termina derrière trois hommes. John Hart*, ministre des Finances, regretta sa défaite, affirmant qu’elle aurait été « une splendide acquisition pour la Chambre ». Elle fut cependant réélue au sein du conseil scolaire de Victoria en 1921 ; durant sa campagne, elle avait fièrement souligné la fondation d’une école technique et la réouverture du Victoria College par le conseil. Après avoir perdu les élections du conseil scolaire en 1923, elle donna une série de conférences sur la citoyenneté et écrivit The busy women’s handbook on civics and laws, traité d’érudition sur les institutions gouvernementales, les lois et les qualifications dont les femmes en Colombie-Britannique avaient besoin pour voter et exercer des fonctions officielles.
Au début de 1924, Mme Spofford et son mari partirent vivre en Californie. Deux ans plus tard, ils étaient de retour en Colombie-Britannique et elle reprit ses activités. Elle fut élue présidente de la section de Victoria du Women’s Canadian Club. En 1930, elle devint la première femme présidente de la British Columbia Baptist Convention. Elle fut nommée présidente honoraire de la British Columbia Baptist Women’s Missionary Society en 1935 et en écrivit son histoire. Élue présidente par acclamation du Local Council of Women of Victoria and Vancouver Island, Mme Spofford demeura en poste de 1933 à 1936. Au quarantième anniversaire du conseil, elle prononça son allocution présidentielle à la radio. Le 14 avril 1937, à l’âge de 77 ans, elle fut élue à l’unanimité présidente du British Columbia Provincial Council of Women ; elle mourut après une courte maladie avant d’avoir terminé son premier mandat.
Le talent d’Anne Cecilia Spofford en matière d’organisation et de stratégie l’avait amenée à tenir la barre de nombreux organismes. « Elle possédait la qualité de leadership qui inspirait le respect et le type de jugement qui influençait les décisions », écrivit le Daily Colonist à sa mort. Sa connaissance étendue des lois relatives aux femmes et aux enfants provenait de son expérience d’intendante et de membre d’un grand nombre de conseils ; le Victoria Daily Times reconnut également qu’elle avait « un esprit étonnamment vif et analytique ». « Une bonne partie de ce qui a été accompli en matière de législation sociale en Colombie-Britannique découle de ses efforts de pionnière », dit le Daily Colonist. Mme Spofford elle-même n’oublia jamais les difficultés qui avaient entravé ses aspirations. Dans une lettre au même journal, publiée en juin 1937, elle se rappelait « les rebuffades, les railleries et parfois les injures » que les femmes avaient supportées lorsqu’elles plaidaient pour leur reconnaissance en tant que citoyennes.
Anne Cecilia McNaughton (Spofford) a écrit, sous son nom de femme mariée, The busy women’s handbook on civics and laws ([Victoria], s.d.).
BCA, GR-0706 ; GR-1468, box 2 ; GR-2951, no 1937-09-537076, no 1938-09-540006 ; GR-2962, no 1883-09-002808.— Daily Colonist (Victoria), 24 janv., 14 juill. 1877 ; 8 juin 1937 ; 19, 22 févr. 1938.— Lyn Gough, « Long life of worthwhile effort : Spofford was a feminist long before the term was invented », Times Colonist (Victoria), 2 juin 1985 ; « Victoria’s forgotten suffragettes », Times Colonist, 5 avril 1987.— Victoria Daily Times, 9 nov. 1920, 9 avril 1927, 18 févr. 1938.— J. C. Baker, Baptist history of the north Pacific coast : with special reference to western Washington, British Columbia, and Alaska (Philadelphie et Boston, [1912]).— C. L. Cleverdon, The woman suffrage movement in Canada, introd. par Ramsay Cook (2e éd., Toronto, 1974).— Convention of Baptist Churches of B.C., The Convention of Baptist Churches of British Columbia, 1862–1958 : B.C. centennial year, 1858–1958 ([Vancouver, 1958]).— Elizabeth Forbes, Wild roses at their feet : pioneer women of Vancouver Island ([Victoria], 1971).— Lyn Gough, As wise as serpents : five women & an organization that changed British Columbia, 1883–1939 (Victoria, 1988).— P. L. Smith, Come give a cheer : one hundred years of Victoria High School, 1876–1976 (Victoria, 1976).— Victoria Local Council of Women, Address delivered at the fortieth annual meeting [...] and constitution ([Victoria, 1935]).— Woman’s Christian Temperance Union of B.C., Report of the annual convention (Victoria et Vancouver), 1907–1909, ensuite publié sous le titre : Yearbook and proc. of the annual convention (Vancouver), 1910–1918 (exemplaires conservés aux BCA, Northwest coll.).
Lyn Gough, « McNAUGHTON (MacNaughton), ANNE CECILIA (Spofford) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcnaughton_anne_cecilia_16F.html.
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Auteur de l'article: | Lyn Gough |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2015 |
Année de la révision: | 2015 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |