McMURRAY, THOMAS, auteur, journaliste, apôtre de la tempérance et colon, né le 7 mai 1831 à Paisley, Écosse, fils d’un tisserand du comté d’Armagh (Irlande du Nord) et de Jane Baxter, d’Alloa, Écosse ; le 10 juin 1850, il épousa sa cousine au second degré, Elizabeth, et ils eurent au moins neuf enfants ; il vivait encore en février 1884.
Marchant sur les traces de son père, Thomas McMurray commença de travailler comme draw-boy (aide-tisserand) à l’âge de sept ans et devint tisserand à 11 ans. Comme ce métier ne le satisfaisait pas, il fit trois années d’apprentissage chez un marchand de beurre et d’œufs et s’instruisit quelque peu en suivant des cours du soir. À 15 ans, il résolut de se faire marin, mais, au cours de son premier voyage, il quitta son navire à New York et travailla un certain temps pour la New York and Erie Railroad. De retour à la maison en 1848, il fut d’abord engagé comme vendeur à Glasgow, puis exploita son propre commerce à Paisley ; il passa ensuite neuf ans à Belfast, dont sept comme voyageur de commerce. En mai 1861, dans l’espoir de mieux subvenir aux besoins de sa nombreuse famille, McMurray immigra avec sa femme et ses enfants dans le district de Muskoka, Haut-Canada, où il devint l’un des premiers colons du canton de Draper (qui faisait alors partie du comté de Victoria). Il acheta et cultiva un terrain de 400 acres sur le bras sud de la rivière Muskoka, à deux milles environ à l’est de Muskoka Falls, et, lorsque les cantons de Draper, Macaulay, Stephenson et Ryde furent réunis sous une même administration municipale en 1867, il devint le premier président du conseil.
À Parry Sound, le 14 septembre 1869, McMurray entreprit la publication du Northern Advocate, premier journal qui parut dans la région de Muskoka-Parry Sound. En septembre 1870, il déménagea le journal à Bracebridge ; c’est également à cet endroit qu’il ouvrit un « magasin général » et une agence de biens immobiliers, et qu’il se fit construire une vaste résidence, appelée The Grove. Malheureusement, il étendit beaucoup trop le champ de ses opérations financières et, lorsque la dépression qui sévissait aux États-Unis en 1873 gagna le Canada, il dut déclarer faillite en juillet 1874. Il retourna à Parry Sound où il fonda un autre journal, le North Star, et, le 17 août 1875, il devint agent des Terres de la couronne pour un secteur du district de Parry Sound qui avait été créé en 1870. Il vendit son journal en mars 1879, et, plus tard cette année-là, le 30 juin, il démissionna de son poste d’agent et alla s’établir près de Parkdale (maintenant partie de Toronto) pour œuvrer en faveur de la tempérance.
McMurray se mêla continuellement à la vie publique. Membre du conseil d’administration de l’église méthodiste wesleyenne de Bracebridge, première de cette confession dans la région de Muskoka, il fut un certain temps maître de comté de l’ordre d’Orange. Deux objectifs, cependant, occupèrent une place prédominante dans sa vie : la colonisation de la région de Muskoka-Parry Sound et la suppression totale du trafic des boissons alcooliques. Pour promouvoir l’un et l’autre de ces objectifs, il publia The free grant lands of Canada [...] en 1871 et Temperance lectures [...] en 1873. Dans ses allocutions, sa correspondance et ses articles de journaux, il vantait les avantages des zones de concessions gratuites ; il préconisait aussi l’amélioration des routes et des ponts, ainsi que la construction d’églises et d’écoles et surtout d’un chemin de fer dans la région de Muskoka-Parry Sound. Comme un grand nombre de ses contemporains, McMurray s’inquiétait vivement de la pénible situation dans laquelle se trouvaient les pauvres des îles Britanniques, de même que ceux des villes et villages du Canada. Il estimait que les concessions gratuites (inaugurées en 1868) pourraient leur offrir un sol fertile, un climat propice à l’agriculture et des débouchés commerciaux éventuels ; il n’avait pas observé que le sol fertile ne consistait souvent qu’en une mince couche par-dessus le roc et qu’il ne tarderait pas à s’épuiser lorsqu’on abattrait les forêts qui le protégeaient ; il ne sut pas non plus prévoir la menace que constitueraient pour les petites fermes la mécanisation et le progrès de la colonisation de l’Ouest.
C’est à Paisley que McMurray eut son premier contact avec le mouvement de tempérance lorsqu’à l’âge de 14 ans il devint membre d’une société qui prônait l’abstinence complète ; il se joignit à l’Irish Temperance League de Belfast en 1858. À Muskoka-Parry Sound, il lutta en faveur de la prohibition, qui devenait une question fort importante dans la vie des Canadiens. Lorsqu’il quitta Parry Sound en 1879, la loi de tempérance du Canada, que l’on appelait communément la loi Scott, venait d’être votée l’année précédente ; le fait que cette mesure laissait une certaine latitude à chaque province incita les sociétés de tempérance et les groupements confessionnels à poursuivre leur lutte en vue d’obtenir la prohibition. En 1875, le groupe des Sons of Temperance, au sein duquel McMurray exerçait les fonctions de grand worthy patriarch provincial adjoint, avait joué un rôle prépondérant dans la mise sur pied de la Dominion Alliance for the Total Suppression of the Liquor Traffic, organisme formé dans le but de coordonner le travail des nombreuses sociétés qui existaient à cette fin. Au nom des Sons of Temperance et de la Dominion Alliance, McMurray passa plusieurs années à organiser de nouvelles sections et à donner des conférences dans des localités de l’Ontario telles que Brighton, Brampton, Trenton, Kingston et Perth. Sa devise, qu’il répétait dans ses propos et ses écrits, traduit fidèlement la conception qu’on se faisait alors de la tempérance : « Je crois à la prohibition, à la prohibition complète. Rien de moins ne fera. »
En février 1884, McMurray œuvrait dans les Cantons de l’Est au profit de la Grand Division of Quebec des Sons of Temperance. On ignore ce qu’il fit par la suite, mais il n’avait que 52 ans à cette époque et il se peut bien qu’il ait exercé d’autres fonctions exigeant l’énergie et le sens de l’initiative qui le caractérisaient.
Thomas McMurray est l’auteur de : The free grant lands of Canada, from practical experience of bush farming in the free grant districts of Muskoka and Parry Sound (Bracebridge, Ontario, 1871) et Temperance lectures ; with autobiography (Toronto, 1873) ; réimpr. sous le titre de Temperance talks ; with autobiography (Toronto, 1887).
Muskoka and Haliburton, 1615–1875 ; a collection of documents, F. B. Murray, édit. (Toronto, 1963).— Canada Citizen and Temperance Herald (Toronto), 5, 19 oct., 14 déc. 1883.— Christian Guardian, 24 sept., 29 oct. 1879, 4 avril, 3 oct. 1883, 27 févr. 1884.— North Star (Parry Sound, Ontario), 18 juill. 1879.— [W. E. Hamilton], Guide book & atlas of Muskoka and Parry Sound districts, 1879 (Toronto, 1879 ; réimpr., Port Elgin, Ontario, 1971).— Geraldine Coombe, Muskoka past and present (Toronto, 1976).
Florence B. Murray, « McMURRAY, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcmurray_thomas_11F.html.
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Auteur de l'article: | Florence B. Murray |
Titre de l'article: | McMURRAY, THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
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