McMILLAN (MacMillan), JOSEPH C., imprimeur et chef syndical, né en Écosse, en 1836 ; il épousa une dénommée Mary, et ils eurent au moins trois enfants ; décédé le 9 janvier 1889 à Toronto.

Ouvrier imprimeur, Joseph C. McMillan arriva à Toronto en 1867 ou 1868. Au mois de décembre 1868, il se joignit à la Toronto Typographical Union qui constituait la section locale no 91 d’un syndicat dont le bureau principal se trouvait aux États-Unis, la National Typographical Union (appelée par la suite l’International Typographical Union). Il en gravit rapidement les échelons et en devint le vice-président en décembre 1870. L’année suivante, il fut élu sans opposition au poste de président ; la section locale comptait alors 190 membres. Il joua un rôle de premier plan en 1872, dans la grève que les imprimeurs de Toronto déclenchèrent après que leurs demandes en vue d’obtenir de meilleures échelles de salaires et la journée de travail de neuf heures eurent suscité la vive opposition de la Master Printers Association que dirigeait George Brown*. En mai de cette année-là, McMillan et 12 autres membres de la Toronto Typographical Union furent arrêtés pour conspiration séditieuse. Par la suite, on les remit en liberté sous caution et, en novembre, on retira les accusations qui pesaient sur eux, après l’adoption, cette même année, de la loi sur les associations ouvrières.

En septembre 1872, McMillan et deux collègues du syndicat, David Sleeth fils et James S. Williams, mirent sur pied la firme d’imprimeurs Williams, Sleeth and McMillan et achetèrent de la Toronto Cooperative Printing Company l’Ontario Workman, premier grand journal ouvrier du Canada. Les fonds nécessaires à cet achat provenaient en partie d’un prêt consenti par le premier ministre sir John Alexander Macdonald* qui, plus tôt cette année-là, avait raffermi ses liens avec le jeune mouvement syndical canadien en faisant adopter la loi sur les associations ouvrières, afin de répondre aux attaques de Brown contre les imprimeurs. Le journal cessa de paraître en 1875, mais, à la fin de 1877, on tenta pendant quelque temps de le faire revivre. Toutefois, la firme continua de fonctionner comme une imprimerie de travaux de ville jusqu’en 1882. Les associés habitèrent pendant une dizaine d’années rue Ontario où ils étaient voisins immédiats. Au cours des deux années suivantes, McMillan exploita une modeste librairie-papeterie qui constituait un centre d’activité syndicale et servait de bureau au Trades Union Advocate de Toronto. En 1884, reprenant son métier d’imprimeur, il obtint un emploi au Grip (Toronto) et entra par la suite à la firme Warwick and Sons où il travailla comme prote jusqu’à sa mort.

De 1872 à 1878, McMillan représenta la Toronto Typographical Union auprès de la Toronto Trades Assembly et siégea comme membre du bureau du syndicat, responsable de ses transactions financières, sauf de janvier à août 1875, période durant laquelle il en exerça les fonctions de président. Il représenta également la Toronto Trades Assembly à diverses réunions de la Canadian Labor Union. Il devint trésorier de cette association en 1877 et fit partie de sa commission parlementaire en 1876 et 1877. Tandis qu’il occupait ces différents postes, il fut l’un des membres clés de la « junte » de Toronto qui, dans les années 1870, fit pression pour obtenir des modifications à la législation fédérale établissant le syndicalisme sur de solides fondements juridiques. Parmi ces changements figuraient la loi sur les associations ouvrières de 1872, les amendements apportés en 1875 et 1876 aux dispositions du droit criminel relatives à « la violence, aux menaces et aux voies de fait », ainsi que la loi sur les violations de contrat de 1877. Ces trois mesures revêtaient une importance particulière du fait qu’elles rendaient les grèves légales et mettaient fin à la discrimination exercée contre les travailleurs en vertu des anciennes lois concernant les patrons et les employés. La nouvelle politique favorable aux travailleurs démontrait clairement l’importance grandissante du jeune mouvement ouvrier.

En mai 1881, la Toronto Typographical Union choisit McMillan et son ami intime, Williams, pour amorcer des discussions en vue de fonder à Toronto un nouvel organisme central devant remplacer la caduque Toronto Trades Assembly. C’est à la suite de cette initiative qu’on créa le Toronto Trades and Labor Council ; McMillan y siégea la durée d’un mandat à titre de représentant au cours de l’année 1883. Dès 1881, toutefois, sa carrière de chef syndical important de Toronto touchait à sa fin, car un nouveau groupe de leaders, utilisant des stratégies étrangères à des hommes comme lui, accédèrent à un rang élevé grâce à l’ordre des Chevaliers du travail. Ces dirigeants préconisaient l’organisation de tous les travailleurs sans distinction de leur degré de compétence, de leur sexe ni de leur race. En outre, certains d’entre eux réclamaient que les ouvriers fussent représentés d’une manière indépendante à tous les niveaux de gouvernement, en dehors des vieilles lignes de partis.

De bien des façons, McMillan représentait le type même de ces artisans qui prirent la tête du jeune mouvement ouvrier au Canada. Comme ses collègues imprimeurs Daniel John O’Donoghue*, John Armstrong et Williams, il s’appuya sur les traditions artisanales de la « conservation de l’art », exigeant d’avoir de l’instruction et de s’intéresser à la culture. Il put enseigner son métier à au moins trois de ses fils qui devinrent imprimeurs à Toronto. À cet égard, McMillan et d’autres imprimeurs de sa génération jouirent d’un privilège que peu d’ouvriers spécialisés contemporains purent conserver devant les progrès de la mécanisation.

À ses funérailles, le 12 janvier 1889, ses amis, quelque 150 collègues artisans de la Toronto Typographical Union, ainsi que des confrères appartenant aux loges des Sons of Scotland, de l’Order of Chosen Friends et de l’Iron Hall, se réunirent pour lui rendre les derniers devoirs. Au nombre des porteurs se trouvaient non seulement ses vieux camarades Sleeth et Williams, mais aussi un autre imprimeur qui avait été arrêté pour conspiration lors de la grève de 1872, Edward Frederick Clarke ; le fait que ce dernier soit devenu à la fin des années 1880 maire de Toronto et député provincial constitue un hommage aux luttes que des hommes comme McMillan ont livrées leur vie durant.

Gregory S. Kealey

APC, MG 26, A ; MG 28, I44 ; I72 ; RG 31, A1, 1871, Toronto, St David’s Ward.— CTA, Toronto assessment rolls, St David’s Ward, Ontario Street, 1880.— Canadian Labor Union, Proceedings of the Canadian Labor Union congresses, 1873–77, L. E. Wismer, compil. (Ottawa, 1951).— International Typographical Union, Report of proc. (New York, etc.), 1868–1889.— Empire (Toronto), 14 janv. 1889.— Evening News (Toronto), 14 janv. 1889.— Globe, 1868–1889.— Ontario Workman (Toronto), 1872–1874.— Toronto Daily Mail, 14 janv. 1889.— Trades Union Advocate (Toronto), 1882–1883.— Toronto directory, 1868–1890.— G. S. Kealey, Toronto workers respond to industrial capitalism, 1867–1892 (Toronto, 1980) ; « The working class response to industrial capitalism in Toronto, 1867–1892 » (thèse de ph.d., Univ. of Rochester, N.Y., 1977).— Wayne Roberts, « The last artisans : Toronto printers, 1896–1914 », Essays in Canadian working class history, G. S. Kealey et Peter Warrian, édit. (Toronto, 1976), 125–142.— S. F. Zerker, « A history of the Toronto Typographical Union, 1832–1925 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1972).— G. S. Kealey, « The honest workingman » and workers’ control : the experience of Toronto skilled workers, 1860–1892 », le Travailleur ([Halifax et Rimouski, Québec]), 1 (1976) : 32–68.— S. [F.] Zerker, « The development of collective bargaining in Toronto printing industry in the nineteenth century », Relations industrielles (Québec), 30 (1975) : 83–97 ; « George Brown and the printers’ union », Rev. d’études canadiennes, 10 (1975), no 1 : 42–48.

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Gregory S. Kealey, « McMILLAN (MacMillan), JOSEPH C. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcmillan_joseph_c_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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