McMAHON, JOHN BAPTIST, prêtre catholique, né en avril 1796 dans le diocèse de Kilmore (république d’Irlande), fils de Michael McMahon et de Mary Malone ; décédé après 1840, probablement aux États-Unis.

John Baptist McMahon, qui avait déjà été officier dans l’armée britannique, arrive au Bas-Canada en 1821, porteur de lettres testimoniales de l’évêque de Kilmore. En septembre de cette année-là, Mgr Jean-Jacques Lartigue le choisit pour enseigner l’anglais au collège de Saint-Hyacinthe. McMahon pourra y étudier la théologie tout en y apprenant le français. Ordonné prêtre le 18 septembre 1824, à Montréal, il est d’abord envoyé à Chambly puis à Saint-Eustache. Il devient, en septembre 1825, chapelain de l’église Saint-Jacques, à Montréal. McMahon conserve une part d’indépendance face à l’archevêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis*, et à son auxiliaire à Montréal, Mgr Lartigue, puisqu’il ne s’engage pas par serment à rester au pays et que son titre d’ordination, soit un « patrimoine fixé sur la seigneurie de Monsieur Dessaules [Jean Dessaulles*], de Maska, et sur un autre dans la cité de Québec », lui permet d’assurer sa subsistance. Aussi, en 1828, prétend-il « se prêter » à l’évêque de Québec pour les missions de Percé et de Douglastown et, six ans plus tard, accepte-t-il comme un sacrifice la nouvelle cure de Sherbrooke.

McMahon devient donc en 1834 le premier curé résidant de la nouvelle paroisse Saint-Colomban (Saint-Michel), qui était depuis 1816 une desserte de la mission de Drummondville. Composée de 280 familles, elle compte 1 124 âmes et couvre un immense territoire de 90 milles sur 70 ; une tournée pastorale complète comporte un trajet de 400 milles et nécessite 11 jours de voyage à cheval.

Exigeante par son étendue, la mission de Sherbrooke est rendue plus difficile encore par l’hétérogénéité de sa population. Trois groupes ethniques s’y coudoient : les Britanniques, les loyalistes, d’origine américaine, et les Canadiens. Au sein de ces groupes, au moins trois classes de citoyens se sont constituées : une aristocratie huppée, formée de ministres et de gens de robe ;. une bourgeoisie de propriétaires, surtout britanniques ; un prolétariat d’artisans, de journaliers, de serviteurs et de squatters, d’origine américaine ou canadienne. Les paroissiens de McMahon sont loin d’être généreux, et le prêtre se plaint souvent de leur indifférence. Dans une lettre à l’archevêque de Québec, Mgr Joseph Signay, datée du 28 mars 1835, il écrit : « c’est un péché pour un jeune prêtre de dépenser ses meilleures années [...] en demeurant avec des indifférents ». La pluralité ethnique entraîne une multiplicité religieuse, et le prêtre catholique côtoie des pasteurs épiscopaliens, méthodistes, presbytériens, universalistes qui, s’ils se montrent conciliants dans leurs rapports privés, dénoncent le papisme et nourrissent parfois, à l’endroit du catholicisme, une certaine jalousie.

Sans doute est-ce cette situation politico-religieuse qui pousse le curé McMahon à prendre violemment position contre les patriotes en 1837 et 1838. En proclamant sa fidélité à la reine d’Angleterre, il espère gagner la confiance des Britanniques de la région. Aussi publie-t-il dans le numéro de la Sherbrooke Gazette and Townships Advertiser du 16 novembre 1837 un long article qui condamne la rébellion. Puis, dans l’octave de Noël, il prononce trois sermons d’une heure sur le devoir d’obéissance à l’autorité constituée. Il convoque aussi une assemblée à Tingwick et fait signer à des Canadiens et à des Irlandais une proclamation de soumission. Jugé intempestif, son zèle lui vaut d’être vertement réprimandé par Mgr Signay.

L’hétérogénéité de la population explique peut-être aussi les accusations dont est victime McMahon au printemps et à l’été de 1839. On le dénonce auprès de Mgr Signay pour ivrognerie, violence contre des non-catholiques, notamment contre des méthodistes, et mauvaises mœurs. Une enquête canonique menée au début d’octobre par le curé de Trois-Rivières et vicaire général Thomas Cooke* et par le curé de Drummondville, Hubert Robson, n’arrive cependant pas à prouver sa culpabilité. Mais considérant le tort qui a été fait à la réputation du curé de Sherbrooke et ses demandes répétées d’exeat, faites en 1835, 1837 et 1838, Mgr Signay accepte au début de 1840 de le laisser quitter sa cure.

John Baptist McMahon est remplacé dans ses fonctions par Peter Henry Harkin qui était jusqu’alors vicaire de la paroisse Saint-Roch, à Québec. En mars 1840, ce dernier reçoit de Cooke des recommandations quant à l’attitude à adopter face au curé déchu, notamment « de ne le voir que rarement et chez lui afin d’éviter l’éclat [et] de le presser d’aller ailleurs offrir ses services ». Cooke craint en effet de voir bientôt « ce pauvre Prêtre, malgré son Exeat errer par le pays ». Mais McMahon choisit de se rendre aux États-Unis, où l’on perd sa trace.

Andrée Désilets

John Baptist McMahon est l’auteur de : Dialogue between a young gentleman and a divine (Québec, 1833).

AAQ, 2 CB, XI : 8 ; 320 CN, VII : 194.— Annuaire du séminaire Saint-Charles-Borromée, Sherbrooke, affilié à l’université Laval en 1878, année académique 1916–1917 (Sherbrooke, Québec, 1917).— Desrosiers, « Inv. de la corr. de Mgr Lartigue », ANQ Rapport, 1941–1942.— C.-P. Choquette, Histoire du séminaire de Saint-Hyacinthe depuis sa fondation jusqu’à nos jours (2 vol., Montréal, 1911–1912), 1.— Albert Gravel, Messire Jean-Baptiste McMahon, premier curé-missionnaire de Sherbrooke, 1834–1840 (Sherbrooke, 1960).— Maurice O’Bready, De Ktiné à Sherbrooke ; esquisse historique de Sherbrooke : des origines à 1954 (Sherbrooke, 1973).— Léonidas Adam, « l’Histoire religieuse des Cantons de l’Est », Rev. canadienne, 89 (janv.-juin 1921) : 19–34.— É.-J.[-A.] Auclair, « la Pénétration catholique et française dans les Cantons de l’Est », Semaines sociales du Canada, Compte rendu des cours et conférences (Montréal), 5 (1924) : 360–373.— J. I. Little, « Missionary priests in Quebec’s Eastern Townships : the years of hardship and discontent, 1825–1853 », SCHEC Study sessions, 45 (1978) : 21–35.— Gladys Mullins, « English-speaking priests who evangelized the Eastern Townships », SCHEC Report, 7 (1939–1940) : 50–52.

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Andrée Désilets, « McMAHON, JOHN BAPTIST », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcmahon_john_baptist_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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