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McLAUGHLIN, JOHN JAMES, pharmacien et manufacturier, né le 2 mars 1865 près d’Enniskillen, comté de Durham, Haut-Canada, fils de Robert McLaughlin* et de Mary Smith ; le 23 octobre 1890, il épousa à New York Maude Christie, et ils eurent une fille et trois fils, dont l’un mourut en bas âge ; décédé le 28 janvier 1914 à Toronto.
Petit-fils d’immigrants du nord de l’Irlande, John James McLaughlin fréquenta l’école publique à Enniskillen. Après que son père eut réinstallé son entreprise de construction de voitures à Oshawa, Jack, comme on l’appelait, alla terminer ses études à l’école secondaire de cette ville. Il espérait devenir médecin, mais opta pour la pharmacologie. D’abord apprenti à Oshawa, il obtint en 1885 son diplôme de l’Ontario College of Pharmacy, à Toronto. Il s’établit ensuite à Brooklyn (New York), où il poursuivit ses études de pharmacologie, travailla comme pharmacien dans un établissement, puis dirigea l’une des plus grandes pharmacies de l’endroit. C’est là qu’il forma le projet de se lancer dans le commerce des boissons gazeuses et des eaux minérales.
Issue d’une croyance fort ancienne en la salubrité des eaux minérales naturelles, une industrie de fabrication et de distribution de boissons gazeuses en bouteille s’était mise en place avant la fin des années 1880 en Europe et aux États-Unis. Ces boissons, additionnées de sirops aromatisés et d’ingrédients tel l’extrait de gingembre, se consommaient de plus en plus par goût, souvent dans des pharmacies. McLaughlin n’aurait pu arriver à Brooklyn à un moment plus propice pour mettre à profit sa formation pharmacologique et ses qualités d’entrepreneur.
De retour à Toronto en 1890 après une tournée d’étude chez des producteurs européens, McLaughlin résolut de mettre au point un soda au gingembre blond et sec. Son intention avouée était de lancer un produit sans alcool qui rivaliserait avec le champagne, mais, plus probablement, il espérait déclasser les sodas au gingembre qui avaient alors du succès sur le marché. Dans un atelier situé près de l’hôtel de ville, il commença à produire de l’eau minérale et de l’eau de Seltz qu’il distribuait dans des siphons. On lui reconnaît le mérite d’avoir fait connaître ce type de bouteilles aux consommateurs torontois. Malgré la concurrence – la ville comptait en 1891 une douzaine de producteurs –, son entreprise prospéra suffisamment pour devoir s’installer dans des locaux plus grands, à l’angle des rues Queen et Victoria. La publicité de McLaughlin était souvent assez brutale : « Ne vous suicidez pas en buvant » de l’eau de la ville, prévenait l’une de ses annonces. Se présentant encore comme un « chimiste manufacturier », il élargit sa gamme de produits en y ajoutant notamment des Hygeia Sparkling Waters, une boisson à la salsepareille, du soda au citron, du soda mousse, du soda au gingembre, du cola, des sirops de fruit et des fruits pressés. En 1893, son succès l’obligea à déménager encore, cette fois rue Sherbourne. L’apport de Maude McLaughlin au développement de l’entreprise était inestimable : elle suggérait souvent des améliorations aux recettes, et c’est elle qui concevrait le slogan de la marque de soda au gingembre que son mari rendrait célèbre.
Pour faciliter l’expansion de son entreprise, McLaughlin ouvrit des ateliers qui manufacturaient l’équipement de métal, de bois et de marbre nécessaire pour gazéifier, mélanger et servir les boissons gazeuses dans les pharmacies, les restaurants et les magasins à rayons et qui fabriquaient également d’autres produits offerts dans les bars laitiers, la crème glacée par exemple. Ces produits devinrent la base de son entreprise. Il importait du marbre d’Italie pour les dessus de comptoir. La Hudson’s Bay Company d’Edmonton, la Robert Simpson Company de Toronto et l’Orpheum Store de Montréal figuraient parmi les clients les plus prestigieux de l’entreprise.
Au début du xxe siècle, McLaughlin abandonna le soda au gingembre qu’il avait lancé quelques années auparavant – un soda de type Belfast, sucré, de couleur ambre, semblable à un soda au gingembre populaire depuis longtemps en Irlande et au Canada – et le remplaça par une boisson moins sucrée, de couleur plus claire. C’était « le champagne des ginger ales » (ce slogan, conçu pour l’occasion, ferait le tour du monde), qui se vendrait sous une étiquette représentant une carte du Canada et un castor. Le 25 octobre 1905, la J. J. McLaughlin Limited fut constituée juridiquement ; le mois suivant, la demande de dépôt de la marque de commerce, Canada Dry Pale Dry Gingerale, fut présentée. Dès 1906, la boisson était sur le marché. Ensuite, l’entreprise connut une croissance rapide ; elle ouvrit des succursales à Winnipeg et à Edmonton. Le soda Canada Dry, marque de commerce enregistrée officiellement le 18 janvier 1907, était si populaire que la compagnie de McLaughlin se vit offrir à de nombreuses reprises, à des conditions alléchantes, de vendre la formule et d’ouvrir une usine aux États-Unis. Elle refusa toutes ces propositions. En 1922 seulement, les frères de McLaughlin, George William et Robert Samuel*, appuieraient l’établissement d’une usine à New York sous le nom de Canada Dry Gingerale Incorporated.
John James McLaughlin avait des problèmes de santé depuis les années 1890, mais selon le Canadian Pharmaceutical Journal, il « se tenait toujours au courant de ses affaires ». Décédé à cause d’une crise cardiaque en 1914 chez lui, au 81 de la rue Glen, il fut inhumé au cimetière St James. D’après le Toronto Daily Star, il était « l’un des hommes d’affaires les plus perspicaces de Toronto ». Moins connu que ses frères fabricants de voitures, il mourut dans le calme et la dignité, comme il avait vécu. Cet être réservé et cultivé avait consacré une bonne partie de ses loisirs à la lecture et au golf, porté un intérêt particulier aux affaires municipales, fréquenté l’église presbytérienne Rosedale et accompli discrètement de nombreuses actions philanthropiques. En même temps, il avait manifesté l’ingéniosité et l’esprit d’initiative nécessaires pour fonder une industrie importante au Canada.
L’information concernant J. J. McLaughlin et les entreprises qu’il a fondées a été gracieusement offerte par Richard Brown (maintenant à la retraite) et Wilfred Cross, de Canada Dry Limited (North York, Ontario), ainsi que par Mme Marjorie McLaughlin, de Toronto, belle-fille du sujet, au cours d’un entretien téléphonique.
AO, RG 22–305, n° 28441.— Canada Dry Limited, Historical file material (articles, brochures, etc.).— Financial Post (Toronto), 24 juill. 1930 : 23.— Globe, 28 janv. 1914.— Toronto Daily Star, 28 janv. 1914.— Annuaire, Toronto, 1891–1913.— Canadian Pharmaceutical Journal (Toronto), 47 (1913–1914) : 328.— Dorothy McLaughlin Henderson, Robert McLaughlin : carriage builder (Toronto, 1972).— The mercantile agency reference book [...J (Montréal), juill. 1909 : 605.— J. E. Middleton, The municipality of Toronto : a history (3 vol., Toronto et New York, 1923), 3 : 248.— J. J. Riley, A history of the American soft drink industry ; bottled carbonated beverages, 1807–1957 (Washington, 1958 ; réimpr., New York, 1972).— Heather Robertson, Driving force : the McLaughlin family and the age of the car (Toronto, 1995).
M. Patricia Bishop, « McLAUGHLIN, JOHN JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mclaughlin_john_james_14F.html.
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Auteur de l'article: | M. Patricia Bishop |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |