McKINNON, WILLIAM, fonctionnaire et homme politique, né en Écosse ; il se maria et eut au moins un fils ; décédé le 13 avril 1811 à Sydney (Nouvelle-Écosse). Son petit-fils, William Charles McKinnon*, fut journaliste et romancier à Sydney, puis prêcheur méthodiste.
William McKinnon immigra au Nouveau Monde assez longtemps avant la Révolution américaine. Il vécut dans les Carolines, en Géorgie et, finalement, en Floride-Occidentale où il servit comme capitaine dans les troupes provinciales pendant la guerre d’Indépendance américaine. Il affirma avoir perdu des propriétés foncières et d’autres biens d’une valeur de £7 900 pendant ce conflit, mais comme le Parlement n’avait rien prévu pour l’indemnisation des Loyalistes qui habitaient la Floride-Occidentale, McKinnon attendit une nomination dans l’une des colonies restantes. Il fut finalement nommé secrétaire et receveur de l’enregistrement, de même que greffier et membre du Conseil exécutif de l’île du Cap-Breton. Il arriva à Sydney en décembre 1792 et fut assermenté le 15 ; il remplaçait Abraham Cornelius Cuyler qui avait démissionné l’année précédente après s’être dissocié de la politique du lieutenant-gouverneur William Macarmick. Cette nomination plongea McKinnon en plein dans la guerre politique qui se déroulait dans la colonie. Une faction, dirigée par le loyaliste David Mathews*, s’efforçait d’accroître les pouvoirs du Conseil exécutif aux dépens du lieutenant-gouverneur ; à celle-ci s’opposait une autre faction, sous la conduite de Ranna Cossit, ministre de l’Église d’Angleterre à Sydney, et de James Miller, surintendant des mines. Au début, McKinnon donna son appui au groupe de Cossit, qui avait la faveur de Macarmick. Mais lorsque ce dernier partit en 1795, Mathews devint administrateur colonial. Au printemps de 1797, une querelle éclata quand la femme de McKinnon prétendit que le juge en chef Archibald Charles Dodd*, partisan de Mathews, avait accusé Cossit de vol et de sacrilège. Dodd réfuta cette histoire et répliqua en traitant Mme McKinnon d’ « infâme menteuse », et McKinnon lui-même de « maudite brute écossaise des Highlands ». McKinnon perdit son sang-froid et, à la séance du conseil du 18 mai, il chargea Mathews de remettre à Dodd une provocation en duel. Mathews démit aussitôt McKinnon de son poste, sous prétexte qu’avec d’autres il s’était « opposé de toutes sortes de façons au gouvernement de Sa Majesté [...] calculant ses gestes de manière à amener ses rivaux à se venger et peut-être à verser le sang ». L’intervention de Cossit empêcha que le duel eût lieu.
L’année suivante, Mathews continua d’attaquer McKinnon. C’est probablement à son instigation qu’une femme parut au printemps, affirmant qu’elle avait acheté, en Floride-Occidentale, la moitié de la solde de McKinnon pour deux ans et que celui-ci ne lui avait jamais remis l’argent. Mathews emprisonna McKinnon qui, pour se venger, apporta avec lui en prison toutes les archives du Conseil exécutif et les registres des terres, qu’il refusa de rendre. Heureusement pour McKinnon, Mathews fut peu après remplacé comme administrateur colonial par le lieutenant général James Ogilvie, qui entreprit une enquête sur la conduite des divers fonctionnaires de la couronne. À l’affaire du duel, Mathews ajouta une accusation selon laquelle McKinnon aurait fraudé un colon de 130 acres de terre. Ogilvie jugea que la menace de duel entre McKinnon et Dodd avait été une question purement privée qui s’était enchevêtrée dans des questions politiques, et il rejeta la prétendue fraude comme étant une erreur dans la transcription des titres fonciers. Il considéra aussi que la conduite de McKinnon, même si elle avait été « malséante et répréhensible, ne justifiait en aucune façon M. Mathews de le suspendre de ses fonctions au sein du conseil », et il le réintégra dans son poste.
Cette justification laissait quand même peser sur McKinnon l’accusation d’avoir omis de payer une dette, accusation pour laquelle il était encore en prison. Comme c’était une affaire civile, il avait besoin d’un avocat pour sa défense ; mais Mathews était le seul avocat de l’île qui ne fût point juge et, comme il fallait s’y attendre, il refusa de se charger de cette cause. Ogilvie ne put obtenir de Halifax une personne apte à remplir les fonctions de solliciteur général, mais McKinnon s’épargna un plus long séjour en prison en accordant son appui politique à Mathews qui, en retour, abandonna les accusations portées contre lui. McKinnon fut libéré le 5 juillet 1799 par le successeur d’Ogilvie, le général de brigade John Murray*, qui lui rendit aussi ses fonctions officielles. McKinnon resta fidèle à Mathews pendant le mandat de Murray, refusant d’appuyer l’engagement, par Murray et Cossit, d’un instituteur protestant, et même de reconnaître la légitimité et l’autorité de Murray. Celui-ci se vengea en démettant McKinnon de ses fonctions de secrétaire, de receveur de l’enregistrement et de greffier du conseil. Cependant, en juin 1800, après que le major général John Despard* eut remplacé Murray comme administrateur colonial, McKinnon retrouva ses anciennes fonctions qu’il conserva jusqu’à sa mort. Murray avait également suspendu McKinnon du conseil, mais celui-ci fut réinstallé en 1807. Après 1800, McKinnon fut un personnage moins controversé ; l’arrivée de Despard et la mort de Mathews à l’été de 1800 atténuèrent les divisions partisanes. Bien que McKinnon devînt puissant sur le plan local dans les dernières années de sa vie, il resta à l’écart des batailles subséquentes au sujet de la création d’une chambre d’assemblée, lesquelles atteignirent leur point culminant plusieurs années après sa mort en 1811. On a dit qu’il mourut des suites des blessures qu’il avait reçues en 1776, à bord du Bristol, au cours d’une attaque contre Charleston, en Caroline du Sud.
À l’instar d’autres, parmi les premiers personnages politiques de l’île du Cap-Breton, William McKinnon peut être accusé d’opportunisme. Toutefois, étant donné la pauvreté de la colonie et sa constitution incomplète, qui ne prévoyait pas de chambre d’ assemblée, les luttes de pouvoir au sein du Conseil exécutif étaient presque inévitables. En tenant compte de ces faits, on peut dire que la carrière politique de McKinnon fut efficace, puisqu’il sut finalement naviguer avec succès au milieu des écueils que constituaient les factions, caractéristiques des premières années de la colonie du Cap-Breton.
PRO, CO 217/112 : ff.148, 199 ; 217/113 : ff.152–153 ; 217/114 ; 217/115 : ff.52–54, 148, 150–155, 216–218, 389–390 ; 217/116 : f.110 ; 217/117 : ff.20–22, 198–199 ; 217/118–125 ; 217/126 : ff.97–98 ; 217/127–128 ; 217/129 : f.22.— Richard Brown, A history of the island of Cape Breton, with some account of the discovery and settlement of Canada, Nova Scotia, and Newfoundland (Londres, 1869), 428.— J. G. MacKinnon, Old Sydney ; sketches of the town and its people in days gone by (Sydney, N.-É., 1918), 106.— Morgan, « Orphan outpost », 175–181.
Robert J. Morgan, « McKINNON, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mckinnon_william_5F.html.
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Auteur de l'article: | Robert J. Morgan |
Titre de l'article: | McKINNON, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |