McKEAGNEY, HENRY, prêtre catholique, né le 15 juin 1796 à Clogher (Irlande du Nord), fils de Patrick McKeagney et de Catherine McCarney ; décédé le 4 juin 1856 à Sydney, Nouvelle-Écosse.

Henry McKeagney fit ses premières études et peut-être aussi une partie de sa théologie en Irlande. En fait, il n’étudia au séminaire de Québec que du mois de septembre 1820 au 30 septembre 1821, date à laquelle il fut ordonné prêtre par l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis*. McKeagney fut alors affecté à l’église St Patrick de Québec où il exerça son ministère jusqu’en octobre 1822. Au cours de ses études au séminaire, il avait rencontré Mgr Angus Bernard MacEachern* qui, en capacité de suffragant de Mgr Plessis, était responsable de l’Île-du-Prince-Édouard, du Nouveau-Brunswick, de l’île du Cap-Breton et des îles de la Madeleine. Ce fut peut-être à la demande de Mgr MacEachern que McKeagney accepta d’aller à l’île du Cap-Breton en 1822. Il œuvra avec l’abbé Hyacinthe Hudon* à Arichat, du mois de novembre 1822 à janvier 1823, puis il alla s’installer à L’Ardoise à titre de premier prêtre résidant de cette communauté. À cet endroit, il connut manifestement des conditions de vie difficiles : « depuis que je suis venu ici, écrivait-il à Mgr Plessis en 1823, je suis plongé dans la plus grande misère ». Mgr MacEachern corrobora le fait que McKeagney « mourait presque de faim à L’Ardoise ».

De son lieu de résidence, au sud de l’île du Cap-Breton, McKeagney desservait une nombreuse population acadienne, ainsi qu’un certain nombre de catholiques irlandais, en plus de s’occuper des Micmacs de la mission historique de l’île Chapel. Le missionnaire avait une haute opinion de ses fidèles acadiens, lesquels, en retour, aimaient bien leur pasteur. Il passa la majeure partie de son premier hiver dans la région de l’île Chapel, informant Mgr Plessis qu’il avait agi ainsi parce qu’il ne pouvait pas se loger convenablement à L’Ardoise. Dans sa réponse à McKeagney, Mgr Plessis lui exprima sa satisfaction pour le travail accompli parmi les Indiens, mais lui fit savoir que sa résidence principale devait être à L’Ardoise. Ce différend avec ses supérieurs annonçait les difficultés qui allaient surgir plus tard.

En raison d’un manque de prêtres à l’île du Cap-Breton, Mgr MacEachern demanda à McKeagney, en octobre 1823, de prendre en charge le secteur est de l’île. Ce dernier, manifestant une indépendance qui allait devenir une caractéristique chez lui, ne voulut pas déménager et déclara que Mgr Plessis était le seul à qui il devait obéissance. Il demeura à L’Ardoise jusqu’à ce que Mgr Plessis lui ordonne, en octobre 1824, de se rendre au lieu de sa nouvelle affectation. Quand il accepta finalement de se déplacer, en janvier 1825, il reçut instructions d’habiter à Low Point, mais il décida plutôt d’aller vivre en pension à Sydney dont il fut le premier prêtre résidant. Mgr Plessis n’aimait pas beaucoup voir McKeagney vivre à Sydney, parce qu’il croyait que ce dernier pouvait faire un meilleur travail dans un milieu rural. La nouvelle mission confiée aux soins de McKeagney comprenait, entre autres, Sydney, Little Bras d’Or et Main-à-Dieu.

Peu satisfait de son poste, McKeagney devait pourtant demeurer à Sydney tant qu’il exerça la charge de pasteur. Il n’y fut pas particulièrement heureux, car, presque à partir du moment où il s’installa à cet endroit, McKeagney fut mêlé à des controverses, soit avec ses paroissiens, soit avec ses supérieurs. En 1828, il commença la construction d’une église en pierre, St Patrick, mais plusieurs années passèrent avant qu’elle ne soit terminée. C’est à propos du fonds affecté à cette construction que certains paroissiens exprimèrent leur mécontentement à Mgr MacEachern et à McKeagney lui-même. Ils prétendaient que le montant exact des sommes versées à ce fonds n’avait pas été porté à l’actif de chaque donateur. On accusa aussi McKeagney de posséder des chevaux de course, d’acheter à des encans des denrées provenant de navires naufragés et de les vendre à profit, de menacer ses ouailles du haut de la chaire, de négliger ses devoirs de prêtre et de faire obstacle aux travaux des autorités municipales. Mgr MacEachern informa l’évêque de Québec, Mgr Bernard-Claude Panet*, qu’il avait reçu plusieurs critiques au sujet de McKeagney, mais ce dernier nia le bien-fondé de ces blâmes et accusa ses détracteurs de mentir.

McKeagney demeura pasteur à Sydney jusqu’en 1840, et les critiques à son endroit se poursuivirent. En 1836, il s’absenta de sa paroisse pendant plusieurs mois ; Mgr William Fraser, vicaire apostolique de la Nouvelle-Écosse, ignorait où il se trouvait. S’étant montré patient à l’égard de McKeagney pendant plusieurs années, Mgr Fraser finit par lui retirer sa charge de pasteur en 1840. McKeagney continua d’habiter Sydney et fit de vaines démarches auprès de l’évêque pour se faire réinstaller dans ses fonctions. Au dire de Mgr William Walsh, McKeagney fut mêlé à un procès à Halifax après sa mise à la retraite. Il mourut à Sydney le 4 juin 1856 ; l’abbé James Quinan présida à son inhumation au cimetière St Patrick.

Henry McKeagney accomplit un travail efficace en tant que prêtre et missionnaire, mais on pourrait difficilement dire de son ministère à Sydney qu’il fut sans histoires. Il est possible qu’à l’exemple de certains autres ecclésiastiques venant de l’étranger il ait trouvé difficile de s’adapter à la vie de prêtre dans un environnement rude. McKeagney ne sortait certainement pas du même moule que la plupart de ses semblables.

Raymond A. MacLean

AAQ, 210 A, XI : 16, 209 ; 310 CN, 1 : 114 ; 312 CN, VII : 25, 39–40, 46, 333 (copies aux Arch. of the Diocese of Antigonish, N.-É.).— Arch. of the Diocese of Antigonish, Files of the diocesan historian, A. A. Johnston, manuscript sketches, no 87 (A. B. MacEachern) ; no 114 (Henry McKeagney).— Arch. of the Diocese of Charlottetown, A. B. MacEachern papers, Plessis à MacEachern, 1825 (copie aux Arch. of the Diocese of Antigonish).— T. C. Haliburton, An historical and statistical account of Nova-Scotia (2 vol., Halifax, 1829 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973).— Cape Breton : a bibliography, Brian Tennyson, compil. et édit. (Halifax, 1978).— David Allison, History of Nova Scotia (3 vol., Halifax, 1916).— J. G. Bourinot, Historical and descriptive account of the Island of Cape Breton (Montréal, 1892).— Richard Brown, A history of the island of Cape Breton, with some account of the discovery and settlement of Canada, Nova Scotia, and Newfoundland (Londres, 1869).— A. A. Johnston, Hist. of Catholic Church in eastern N. S.— J. G. MacKinnon, Old Sydney ; sketches of the town and its people in days gone by (Sydney, N.-É., 1918).

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Raymond A. MacLean, « McKEAGNEY, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mckeagney_henry_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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