Titre original :  John McIntosh 1777-1846

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McINTOSH, JOHN, fermier, né le 15 août 1777 dans l’état de New York, fils d’Alexander McIntosh et d’une prénommée Juliet ; il épousa Hannah Doran (Dorin), et ils eurent six fils et cinq filles ; décédé entre le 19 septembre 1845 et le 10 janvier 1846 près de McIntosh’s Corners (Dundela, Ontario).

Dans la légende canadienne, on associe le nom de John McIntosh à l’une des réussites modernes de l’agriculture ontarienne, voire nationale : on le dit en effet le père de la pomme qui porte son nom. Cependant, le succès dont il s’agit est bien celui de la pomme elle-même, avec laquelle le destin de McIntosh ne fut guère lié que par hasard. Ni le mythe qui entoure ce personnage ni son histoire réelle ne se comparent, même de loin, à la vie remarquable de l’Américain John Chapman, connu sous le nom de Johnny Appleseed.

Venu d’Écosse, le père de John s’établit en 1773 près de Harpersfield, dans la colonie de New York, et soutint la cause loyaliste pendant la Révolution américaine. Selon une source, John arriva dans le Haut-Canada en 1796, selon une autre, en 1801 ; une troisième source dit qu’il immigra à l’âge de 18 ans. Peut-être peut-on concilier les deux premières dates si l’on suppose, d’après la chronologie proposée par un auteur, qu’il débarqua en 1796 et se maria en 1801. Apparemment, il acquit une terre dans la vallée du Saint-Laurent, plus précisément dans le 5e rang du canton de Matilda : il s’agissait de la moitié ouest du lot 9, qu’il acheta le 8 mars 1813 et cultiva jusqu’à sa mort.

C’est dans les buissons de cette propriété que McIntosh (ou son fils Allan, selon certaines sources) trouva et repiqua des plants du pommier qu’on appelle aujourd’hui McIntosh. Aucun document irréfutable n’attribue au père ou au fils la découverte de cette variété, qui était probablement dérivée de la pomme dite Fameuse. D’après une tradition orale et écrite fort répandue, c’est Allan qui comprit toute la valeur de cette pomme, en assura la propagation et ouvrit une pépinière plus tard au xixe siècle. L’hypothèse en tout cas semble raisonnable.

Les fermiers et le public ne commencèrent à reconnaître les qualités de cette pomme qu’à la fin du xixe siècle et au début du xxe. Encore en 1876, elle ne figurait pas sur la longue liste des variétés présentées à l’Exposition internationale de Philadelphie par les pomiculteurs ontariens. Dans un exposé prononcé en 1891 à l’assemblée annuelle de l’Ontario Fruit Growers’ Association, un New-Yorkais vanta ainsi les mérites de la pomme : « [elle] gagne une grande popularité et se vend dans les marchés de notre ville sur les étals de fruits de premier choix ». Pourtant, même en 1905, un fermier faisait valoir à l’association qu’il fallait trouver « quelque chose de mieux » que la « Mac » et deux autres pommes populaires. Celui qui fit la renommée de cette variété, William Terrill Macoun, horticulteur du gouvernement fédéral, démontra par ses travaux à la ferme expérimentale centrale d’Ottawa qu’elle était remarquablement bien adaptée au climat canadien et aux marchés urbains en plein essor. Convaincu depuis longtemps qu’elle n’avait besoin d’« aucun éloge », il affirmait : « c’est l’une des plus belles et des meilleures pommes de dessert cultivées ». Les stations expérimentales de pomiculture du gouvernement fédéral publiaient de courtes listes de pommes recommandables et de longues listes de pommes non recommandables. La McIntosh figurait immanquablement sur les premières. Elle était grosse, douce, appétissante et donnait des récoltes régulières. Ses seuls défauts – elle était souvent piquée et s’abîmait facilement – pouvaient être corrigés par des pulvérisations de produits chimiques et un emballage approprié. En 1907, Macoun rapportait : « ce fruit n’est très connu que depuis dix ou quinze ans. Sa popularité est telle [...] maintenant que les pépiniéristes ne peuvent répondre à la demande d’arbres. »

En 1909, le président de l’Ontario Fruit Growers’ Association, Ernest D’Israeli Smith*, notait que depuis quelques années « les propriétaires de vergers [faisaient] la production massive des pommes, expressément à des fins commerciales ». Macoun avait longtemps pressé les fermiers ontariens de se spécialiser, de réduire la multiplicité des espèces qu’ils cultivaient pour répondre à la demande et baisser les coûts de production. La McIntosh était l’une des variétés qu’il prisait et, dans la première décennie du xxe siècle, la résistance dont elle faisait l’objet s’effritait. En 1909, par voie de résolution, le comité d’histoire de l’association affecta 50 $ à la construction d’un monument commémoratif sur les lieux où le premier plant avait été mis en terre « plus d’un siècle [auparavant] ». La date était improbable, mais cela n’avait pas d’importance. « Cette variété, disait-on, a conquis le rang de meilleur type de fruit de dessert » et a « montré son adaptabilité à des sols très divers ». En 1912, une « souscription populaire » permit d’ériger un monument dans la ferme des McIntosh.

Comme le disait en 1905 Harold Jones, pépiniériste de Maitland en Ontario, les meilleurs types de pomme « provenaient en grande partie de sauvageons. La McIntosh rouge appartenait à cette catégorie, mais elle était unique entre des millions. » Peut-être est-il malheureux que Macoun en ait attribué la paternité à John McIntosh, mais au moins eut-il le bon sens de signaler que c’est Allan qui en assura la propagation. La popularité de ce fruit aurait probablement ébahi John McIntosh, ce fermier illettré et méthodiste fervent qui avait eu la chance d’être propriétaire de l’endroit où l’on trouva l’arbre « unique entre des millions ». Il mourut chez lui, dans le canton de Matilda, peut-être à la fin de septembre 1845.

Robert Lochiel Fraser

AO, RG 22, sér. 194, reg. D (1842–1860) : 29–31.— Dundas Land Registry Office (Morrisburg, Ontario), Abstract index to deeds, Matilda Township, 1 : 145, 184 (mfm aux AO).— Reid, Loyalists in Ont., 93.— J. S. Carter, The story of Dundas [...] (Iroquois, Ontario, 1905 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973), 243, 394, 433.— J. G. Harkness, Stormont, Dundas and Glengarry : a history, 1784–1945 (Oshawa, Ontario, 1946).— M. E. [Hillman] Waterston, Pioneers in agriculture : Massey, McIntosh, Saunders (Toronto, 1957).— Ontario, Dept. of Agriculture, Fruit growing opportunities in Ontario, Canada ([Toronto, 1908]) ; The fruits of Ontario, 1906 (Toronto, 1907) ; Dept. of Commissioner of Agriculture and Public Works, Report of the commissioner of Agriculture on the products, manufactures, etc., of Ontario, exhibited at the International Exhibition, Philadelphia, 1876 (Toronto, 1877).— Canadian Horticulturist (Grimsby, Ontario), 22 (1899) : 396–397, 506 ; 23 (1900) : 24, 45–46.— Fruit Growers’ Assoc. of Ontario, Annual report (Toronto), 1873, 1876, 1881, 1883, 1885, 1889, 1891–1892, 1894–1895, 1900, 1903, 1905–1906, 1909.— L. A. Morse, « The biggest Mac of all : the Macintosh – solid, reliable, luscious and our own », Leisure Ways (Toronto), 4 (sept. 1985) : 12–17.— Ontario, Dept. of Agriculture, Annual report of the fruit experiment stations of Ontario, under the joint control of the Ontario Agricultural College, Guelph, and the Fruit Growers’ Association of Ontario (Toronto), 1903 ; 1907 : 12–13 ; Fruit Branch, Report (Toronto), 1910.

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Robert Lochiel Fraser, « McINTOSH, JOHN (1777-1845/1846) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcintosh_john_1777_1845_1846_7F.html.

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Auteur de l'article:    Robert Lochiel Fraser
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    28 novembre 2024