McDONALD, JAMES, avocat, homme politique et juge, né le 1er juillet 1828 à Bridgeville, Nouvelle-Écosse, fils d’Alexander McDonald et de Janet Fraser ; décédé le 3 octobre 1912 à Halifax.

En 1834, les parents de James McDonald s’établirent à London, dans le Haut-Canada, mais au bout de quelques années, ils retournèrent en Nouvelle-Écosse et se fixèrent à New Glasgow, où James termina ses études secondaires. Empruntant la voie des jeunes gens ambitieux, il enseigna d’abord environ deux ans à Addington Forks, dans le comté d’Antigonish, puis fit son stage de droit à Pictou chez Martin Isaac Wilkins*. Il fut admis au barreau en 1851. Grand et bien découplé, il avait beaucoup de présence au prétoire et plaidait avec une compétence et une facilité remarquables. Comme Wilkins, il était habile à convaincre les jurés, et la compassion pour les défavorisés inspirait une grande part de ses arguments. Le 23 janvier 1855, il épousa Jane Mortimer, la belle-fille de son patron. Le couple aurait quatre fils et quatre filles ; deux des filles épouseraient des fils de sir Charles Tupper, Charles Hibbert* et William Johnston.

Presbytérien anti-burgher McDonald commença sa carrière politique en tant que réformiste, mais dès la fin des années 1850, il passa dans le camp des tories, où était Wilkins. En 1859, il fut élu sous cette bannière à la Chambre d’assemblée. Toutefois, les réformistes ayant remporté la victoire de justesse, ce furent finalement eux qui formèrent le gouvernement. En 1863, les tories gagnèrent les élections et McDonald fut nommé commissaire en chef des chemins de fer de la Nouvelle-Écosse. Le chef libéral Joseph Howe* avait toujours prôné la construction des chemins de fer par le gouvernement, mais le premier ministre tory, James William Johnston*, préférait laisser cette initiative à l’entreprise privée, quitte à la subventionner. Le successeur tory de Johnston au poste de premier ministre de la province, Charles Tupper, était d’accord avec Johnston. Construire un chemin de fer entre Truro et le comté de Pictou, deuxième centre urbain en importance dans la province, n’était donc nullement une priorité pour lui. McDonald, député de Pictou, persista et, après avoir succédé en 1864 à Isaac LeVesconte* au poste de secrétaire aux Finances, il réussit à convaincre le cabinet. En Chambre, presque sans le moindre embarras, Tupper défendit vigoureusement la construction de ce chemin de fer par le gouvernement, comme si l’idée venait de lui. Tupper était ainsi. McDonald resterait en poste jusqu’en 1867, puis démissionnerait pour se porter candidat aux premières élections fédérales.

De janvier à avril 1866, McDonald remplit une mission commerciale aux Antilles, au Mexique et au Brésil, mais il soutint énergiquement Tupper dans sa campagne en faveur de la Confédération. Défait aux élections fédérales de 1867, comme tous les autres candidats confédérateurs de la Nouvelle-Écosse (sauf Tupper), il fut réélu député de Pictou à l’Assemblée législative en 1871. À ce moment-là, son cabinet d’avocat, qui se trouvait à Halifax depuis 1863, était bien établi. En 1872, il remporta la victoire aux élections fédérales dans Pictou.

McDonald plut tout de suite au premier ministre du Canada, sir John Alexander Macdonald*, comme en témoigne sa nomination au comité parlementaire de cinq membres qui examina les accusations portées par le député fédéral Lucius Seth Huntington* contre le gouvernement au sujet du contrat du chemin de fer du Pacifique. McDonald était assez éloquent, sans être aussi habile que Tupper à défendre l’indéfendable. Il soutint indéfectiblement Macdonald pendant les années où celui-ci dirigea l’opposition, soit de 1873 à 1878. Sir Charles Tupper, qui se considérait comme le chef des conservateurs fédéraux et provinciaux de la Nouvelle-Écosse, vivait alors en Ontario ; c’était donc James McDonald qui assumait en grande partie ce rôle. En septembre 1877, ce dernier cherchait une circonscription catholique pour John Sparrow David Thompson*, qu’il pressait d’entrer en politique provinciale. Au sein du parti, McDonald ne faisait aucune distinction entre la scène fédérale et la scène provinciale. Il était convaincu que, pour faire élire plus de députés néo-écossais à Ottawa, les conservateurs devaient d’abord obtenir la majorité des sièges à l’Assemblée de Halifax.

Après que les conservateurs eurent remporté la victoire à Ottawa et en Nouvelle-Écosse, en 1878, McDonald devint ministre de la Justice dans le nouveau gouvernement Macdonald. C’était un ministre qui, selon ses dires, « ne recherchait jamais de faveurs personnelles », quoique la candidature de son fils Martin à un poste d’agent du Bureau des terres de la Puissance dans l’ouest du Manitoba ait été présentée. À la Chambre des communes, McDonald avait appris à croiser le fer avec Edward Blake. Tant qu’il avait été dans l’opposition, il avait eu le choix des occasions. En tant que ministre, son rôle était différent, et il semblait accablé par son adversaire. Peut-être Blake, chef des libéraux à compter de 1880, lui semblait-il trop brillant, ou le portefeuille de la Justice réclamait-il plus de temps et d’énergie qu’il n’était prêt à en donner. Chose certaine, il n’était plus le lion qu’il avait paru être quand Macdonald l’avait remarqué en 1873. Selon Hector-Louis Langevin*, lieutenant de Macdonald dans la province de Québec, il ne valait rien sur la scène fédérale.

En avril 1881, le juge en chef de la Nouvelle-Écosse, sir William Young*, fit appeler McDonald à Halifax pour lui annoncer qu’il démissionnait. Apparemment, c’était sir Charles Tupper, alors ministre des Chemins de fer et Canaux, qui faisait les recommandations finales au premier ministre Macdonald sur les nominations à des postes de cette importance en Nouvelle-Écosse, mais il se trouvait alors en Colombie-Britannique. « L’affaire, je suppose, devra rester en suspens jusqu’au retour de Tupper, nota McDonald, mais Young m’a fait comprendre qu’il ne pourrait pas attendre aussi longtemps avant de remettre officiellement sa démission. » Toutefois, la nomination se fit dans les six semaines suivantes, puisqu’elle est datée du 20 mai 1881. Comme le voulait la coutume, on offrit à McDonald un titre de chevalier ; il le refusa en disant qu’il était trop pauvre. Il fut le premier juge en chef de la Nouvelle-Écosse à refuser cette distinction ; des successeurs l’accepteraient.

Lorsque McDonald accéda à la Cour suprême, celle-ci avait grand besoin de sang neuf. Une quinzaine ou une vingtaine d’affaires civiles importantes attendaient d’être entendues. Deux des juges ne faisaient pas leur part : William Frederick DesBarres avait 81 ans et John William Ritchie*, tout en étant encore assez capable, avait 73 ans et ne se portait pas bien. McDonald, alors à la veille de ses 53 ans seulement, apporta au tribunal énergie, affabilité et courtoisie. Tout de même, quand on le contredisait, il pouvait ne pas mâcher ses mots et élever le ton. Sans être le plus savant des juges, il se distinguait par sa détermination à faire ce qui était juste. Sa sympathie pour les parties en litige était son point faible : il était prêt à interpréter la loi de façon quasi abusive pour sauver quelqu’un. En plus, comme le nota John Sparrow David Thompson quand il accéda au tribunal en 1882, il n’était pas au courant des progrès du droit, n’ayant jamais, semble-t-il, cru de son devoir de lire assidûment des ouvrages juridiques. Enfin, toujours selon Thompson, il lui manquait ce que tout juge de premier ordre doit avoir : de la patience, une mémoire sûre, le souci du détail.

McDonald possédait le gaélique ; un procès à Baddeck se fit entièrement dans cette langue. Très sociable, il avait de nombreux amis ; il adorait aller en tournée, ce qu’il cessa de faire seulement quelques années avant de quitter son siège en 1904, à l’âge de 76 ans. Il connut une agréable retraite dans sa confortable maison, Blinkbonnie, dans le bras Northwest. Cependant, il eut des ennuis de santé à compter de 1910. Décédé chez lui le 3 octobre 1912, il fut inhumé au cimetière Fairview aux côtés de sa femme, Jane Mortimer (morte en 1902).

James McDonald n’avait dans l’ensemble que des compétences moyennes ; son point fort, comme le notait son collègue Ritchie, était « son grand cœur ».

P. B. Waite

On ne trouve pas de collection importante de papiers sur James McDonald. On peut en consulter une assez restreinte aux PANS, MG 1, volumes 567 et 1732. Les papiers de sir John A. Macdonald aux AN, MG 26, A, 230, contiennent un certain nombre de lettres utiles écrites par James McDonald surtout de 1879 à 1881. L’avis de mariage de McDonald figure dans l’Acadian Recorder, 3 févr. 1855.

Il existe un certain nombre d’études qu’on pourrait qualifier de dithyrambiques. La meilleure est celle de J. M. Cameron, Political Pictonians : the Mien of the Legislative Council, Senate, Chambre des communes, House of Assembly, 1767–1967 (New Glasgow, N.-É., [1967]). L’article rédigé en 1919 par sir Charles James Townshend, « The Honourable James McDonald », Nova Scotia Hist. Soc., Coll. (Halifax), 20 (1921) : 139–153, contient davantage d’information sur la carrière en droit du sujet, mais manque d’esprit critique.  [p. b. w.]

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P. B. Waite, « McDONALD, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcdonald_james_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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