McDONALD, DONALD, ministre de l’Église presbytérienne, auteur et compositeur d’hymnes religieux, né le 1er janvier 1783 à Drumcastle près de Rannoch dans le Perthshire, Écosse, fils de Donald McDonald et de Christan Stewart, décédé le 21 février 1867 à Southport, Île-du-Prince-Édouard.

On sait peu de chose des premières années de Donald McDonald dans le Perthshire. Son père s’appelait autrefois McKay et avait combattu dans l’armée des Highlands sous le commandement du prince Charlie (Charles-Édouard, dit le Jeune Prétendant), mais après la bataille de Culloden en 1746, il changea son nom pour celui de McDonald et s’établit dans une ferme aux abords de Rannoch. La famille fut gagnée par la vague de revivalisme qui balaya bon nombre des régions de l’Écosse à la fin du xviiie siècle et au début du xixe. En 1808, McDonald entra à l’University of St Andrews pour s’y préparer au sacerdoce ; il travailla comme précepteur des enfants d’un chef de clan pendant quelque temps puis comme ouvrier agricole. Il termina ses études en 1816 et fut ordonné ministre de l’Église d’Écosse. Au lieu de faire du ministère dans une paroisse, il préféra plutôt être missionnaire dans les Highlands de Glengarry où il demeura pendant huit ans.

Il n’existe pas de documents sûrs touchant les activités de McDonald à cette époque mais, quelques années plus tard, une rumeur tenace voulait que pendant son séjour dans les Highlands il ait abusé des boissons alcooliques, ce qui expliquerait, du moins en partie, son émigration à l’île du Cap-Breton en 1824. Lorsqu’il débarqua en Amérique du Nord britannique, McDonald était porteur d’une lettre qui attestait qu’il était dûment ordonné et bien considéré, cependant on le soupçonna d’être en défaveur dans l’Église d’Écosse et il ne réussit jamais à détruire complètement cette suspicion.

Après deux ans passés dans la région du lac Bras d’Or dans l’île du Cap-Breton, le remuant pasteur, qui avait alors 44 ans, alla se fixer à l’Île-du-Prince-Édouard, qui connaissait alors une période subite d’expansion et de changements par suite d’un afflux d’immigrants dont le plus grand nombre venaient d’Écosse. À cet endroit, en 1827, McDonald fit l’expérience d’un profond réveil spirituel. Cette expérience, dans laquelle McDonald voyait hors de tout doute l’intervention de Dieu, marqua pour lui le début d’une période de 40 années de ministère remarquable au sein de la population de l’Île-du-Prince-Édouard. Au moment de sa mort, en 1867, il avait à lui seul et sans aide fondé une paroisse comptant quelque 5 000 fidèles et adhérents qui s’étendait à la grandeur de l’île et qui comprenait au moins 12 congrégations et plusieurs stations missionnaires.

McDonald, que les gens appelaient tout simplement « le ministre », était toujours en déplacement ; à certains moments, il prêchait chaque soir en anglais et en gaélique. Il ne se maria jamais et, de 1827 à 1867, il vécut littéralement avec ses gens, ne possédant même pas un toit qui fût vraiment sien. Quoiqu’il fût, sous certains aspects, un homme austère et impérieux qui exerçait une autorité quasi autocratique sur ses congrégations, ses fidèles, des compatriotes écossais pour la plupart, semblaient entretenir à son égard une grande cordialité et une chaude affection. Sa doctrine, souvent empreinte de sévérité et de dogmatisme, constituait l’essence même du calvinisme inflexible ; néanmoins, quelqu’un de son entourage a dit de lui qu’il était « cordial » et « doué d’un vif sens de l’humour » ; ses actes de générosité, fréquents et souvent impulsifs, envers les indigents, qu’ils soient ou non de ses fidèles, étaient célèbres de son vivant et s’inscrivirent dans sa légende après sa mort.

Des faits inusités caractérisèrent son ministère dans l’île. Pendant deux revivals, en 1830 et en 1860, l’émotion religieuse chez ses disciples atteignit un tel degré d’exaltation que plusieurs centaines d’entre eux furent « réveillés » et « libérés » sous l’influence de sa prédication enflammée. Son ministère donnait souvent lieu à des manifestations physiques ou « extériorisations » de transports spirituels. La réaction lors du premier revival fut tellement extraordinaire que McDonald en acquit la conviction inaltérable qu’il était élu de Dieu et que son travail dans l’île entrait dans le plan divin pour amener le peuple choisi dans l’Église avant l’arrivée imminente du millénium. Ce thème, qui recouvrait l’idée que ses fidèles faisaient partie des « dix tribus perdues » d’Israël, fut longuement développé dans The subjects of the millennium que McDonald publia en 1849. Il fit paraître également en 1845 A treatise on the holy ordinance of baptism, une tentative extrêmement sectaire visant à établir le mode et le sens du baptême chrétien selon l’Écriture et à discréditer ceux qui pensaient autrement, en l’occurrence les baptistes. En 1874, un groupe des disciples de McDonald prirent les dispositions pour faire publier un manuscrit trouvé dans ses papiers après sa mort et intitulé The plan of salvation, étude brève et incomplète des types et antitypes.

Outre ses dissertations sur la doctrine, McDonald composa des hymnes et des chants religieux. Ils sont pour la plupart très longs et un peu didactiques mais certains ont une belle tenue lyrique et, mis en musique sur des airs connus de l’époque, ils étaient fort populaires. Seuls les psaumes étaient autorisés pendant les offices du culte mais les hymnes de McDonald étaient souvent chantés à l’église au cours des introductions où le cérémonial était moins rigoureux. Un premier groupe, Spiritual hymns, parut en 1835 ; il fut réédité à plusieurs reprises avec des additions parmi lesquelles on trouve des hymnes et des chants composés par des membres de son conseil presbytéral. Cent ans plus tard, ce recueil de chants pieux était encore en usage dans certaines congrégations.

À la force et au magnétisme de sa personnalité, McDonald ajoutait les qualités d’un organisateur habile et plein de tact. Aussi, malgré la nature hautement spirituelle de son ministère, il fut toujours capable d’exercer suffisamment d’autorité personnelle et d’ascendant pour écarter les dissensions sérieuses et les divisions. Au cours des 40 années pendant lesquelles il exerça son autorité, il instaura la stabilité et l’ordre dans des conditions qui recelaient un ferment de désordre. « Le ministre » toutefois ne désigna pas d’héritier présomptif, et, après sa mort, les problèmes de direction entraînèrent rapidement la formation de factions.

McDonald maintint toujours un lien nominal avec l’Église mère et il ne cessa jamais de se considérer comme membre du clergé de l’Église d’Écosse, tout en persistant à afficher une grande indépendance de pensée et d’action. Il n’était pas foncièrement novateur ou non orthodoxe, mais il adaptait librement son ministère à la situation qui prévalait dans ce pays de pionniers ; son enseignement et ses méthodes étaient manifestement conditionnés par l’île et ses habitants. Aussi, la communauté qu’il fonda était-elle une institution insulaire originale et à peu près autonome. De fait, bon nombre de ses adeptes en parlaient comme de « l’Église indépendante de M. McDonald ».

McDonald demeura actif et alerte jusqu’à ce que la mort le frappe dans sa 85e année. Dans l’île, ses obsèques furent parmi celles qui attirèrent le plus de personnes. Une longue notice nécrologique parue dans l’Islander reconnaissait qu’il était « un des hommes les plus remarquables de son temps » et que « la tradition conserverait longtemps la mémoire du Ministre McDonald ».

David Weale

Les documents faisant partie de collections privées qui ont servi à la préparation de cette biographie comprennent divers dossiers incluant des procès-verbaux de réunions, des archives financières, une copie des dernières volontés et du testament de McDonald, et un certain nombre d’hymnes inédits, documents qui appartenaient à feu Nathan Bears, Brooklyn, Î.-P.-É. ; les registres des baptêmes de la paroisse d’Orwell, située à l’extrémité est du territoire desservi par McDonald, sont conservés par le révérend William Underhay, Charlottetown ; les registres des baptêmes de la paroisse De Sable, située à l’extrémité ouest de ce même territoire, sont entre les mains du révérend David Compton, Hampton, Î.-P.-É.

Les ouvrages publiés de McDonald comprennent : The plan of salvation (Charlottetown, 1874) ; Spiritual hymns (Charlottetown, 1835 ; 1840) ; The subjects of the millennium, traced in their downward progress from their ancestry through the three pre-millennial dispensations ; together with a scriptural view of the new Jerusalem ; coming of Messiah ; sacred numbers, and signs of the tunes ; the end of the world, and the last judgment ; and scriptural views of the millennial church (Charlottetown, 1849) ; et A treatise on the holy ordinance of baptism [...] (Charlottetown, 1845 ; 1898).

Pour les notices nécrologiques de McDonald, V. : Herald (Charlottetown), 6 mars 1867 ; Islander, 1er mars 1867 ; et Summerside Progress (Summerside, Î.-P.-É.), 4 mars 1867. L’étude biographique la plus complète est celle de Murdoch Lamont, Rev. Donald McDonald : glimpses of his life and times (Charlottetown, 1902) ; V. aussi : J. M. MacLeod, History of Presbyterianism on Prince Edward Island (Chicago, 1904).  [d. w.]

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

David Weale, « McDONALD, DONALD (1783-1867) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcdonald_donald_1783_1867_9F.html.

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Auteur de l'article:    David Weale
Titre de l'article:    McDONALD, DONALD (1783-1867)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    28 novembre 2024