McCURDY, JAMES MacGREGOR, libraire et instituteur, né en 1830 à Truro, Nouvelle-Écosse, fils aîné d’Isaac McCurdy, décédé le 12 octobre 1886 à Newcastle, Nouveau-Brunswick.

On connaît peu de chose des premières années de la vie de James MacGregor McCurdy, mais on croit qu’il fit ses études à la Pictou Academy, à Pictou, Nouvelle-Écosse, puis qu’il obtint un brevet pour enseigner, ce qu’il fit pendant un certain temps dans sa province natale. Mais, en 1854, il était établi au lieu dit Bend of Petitcodiac (Moncton, Nouveau-Brunswick), où il tenait un commerce prospère, le McCurdy’s Book and Stationery Store. Il y vendait des livres ainsi que des instruments et articles de musique et exploitait une salle de lecture et une bibliothèque de prêt. La localité située au coude de la Petitcodiac, pour laquelle McCurdy signa une demande d’érection en municipalité le 30 janvier 1855, connaissait une période de croissance économique attribuable principalement à l’activité des chantiers de construction navale exploités par Joseph Salter. Toutefois, on y manifestait peu d’intérêt pour les affaires culturelles et c’est dans ce domaine, et en particulier dans celui de l’éducation, que McCurdy s’efforça d’apporter sa contribution.

Dans son rapport pour l’année 1854 sur les écoles de Moncton, l’inspecteur John S. Sayre laissait entendre que le bétail était mieux soigné que les écoliers et que la prospérité économique grandissante semblait s’accompagner d’une baisse d’intérêt pour la qualité de l’enseignement. Devant l’indifférence de la population et en l’absence d’un régime d’imposition obligatoire pour le soutien de l’enseignement public, les écoles du Nouveau-Brunswick étaient affligées de bien des maux : manuels inadéquats et en nombre insuffisant, bâtiments scolaires laids et inconfortables, fonctionnement irrégulier des établissements, instituteurs incompétents dont la formation médiocre allait de pair avec les salaires qui étaient plus bas que ceux versés aux employés de presque tous les autres secteurs. Le Grammar Schools Act de 1846 et le Parish Schools Act de 1847 avaient entraîné la création d’une école normale provinciale et la mise sur pied d’un régime d’inspection des écoles relevant d’un bureau d’Éducation provincial, mais le financement du système scolaire était laissé à l’initiative locale bénévole, le gouvernement provincial n’accordant que de modestes subventions. Homme instruit muni d’un certificat d’enseignement de première classe, McCurdy s’avérait un précieux atout pour les habitants de Moncton et, en 1857, il avait fermé les portes de sa librairie et recommencé à enseigner. En 1858, la Westmorland County Grammar School, qui recevait un faible appui financier du gouvernement provincial, déménagea de Moncton à Shédiac. McCurdy ouvrit alors à Moncton une « école supérieure » offrant aux élèves un programme d’études secondaires comprenant des cours d’algèbre, de géométrie, de navigation, d’anglais, de français, d’humanités et de mathématiques. Cette année-là, il enseigna à 50 garçons et 8 filles et reçut un salaire de £71. Grâce à sa haute réputation d’instituteur, le nombre d’inscriptions à son école augmenta en dépit de la situation économique lamentable de Moncton après 1861 ; en 1868, le personnel enseignant de l’établissement comptait quatre instituteurs.

En 1871, le gouvernement de George Luther Hatheway* adopta le Common Schools Act qui révolutionna l’éducation dans la province en créant un système scolaire gratuit non confessionnel financé à même les impôts directs et administré par des conseillers élus au niveau de districts scolaires bien délimités. Lorsque la loi entra en vigueur le 1er janvier 1872, McCurdy s’intégra au nouveau système d’écoles publiques et demeura un membre respecté du corps enseignant jusqu’à sa mort en 1886. Il poursuivit son travail innovateur en mettant sur pied une école du soir pour adultes en 1879.

McCurdy joua également un rôle actif dans d’autres domaines importants à Moncton. Il enseigna à l’école du dimanche et siégea au conseil presbytéral de l’église St John. En 1870, il fut un des membres fondateurs de la Young Men’s Christian Association de Moncton et milita aussi au sein du mouvement de tempérance. Lorsqu’il mourut subitement de la fièvre typhoïde, les notices nécrologiques saluèrent en lui « le père de l’éducation » à Moncton, mais il reste qu’il avait accompli son œuvre en dépit de l’indifférence de la population envers l’instruction.

C. Alexander Pincombe

N.-B., Board of Education, Annual report on the parish schools of New Brunswick (Fredericton), 1855 ; 1859 ; House of Assembly, Journal, 1855 ; Legislative Council, Journal, 1861, app.21 ; 1870, app.18.— Moncton Times, 14, 17 oct. 1886, 15 juin 1927.— Westmorland Times (Moncton, N.-B.), 27 sept. 1855.— A. M. Anderson, « Education in the city of Moncton » (thèse de m.a., Univ. of New Brunswick, Fredericton, 1935).— E. W. Larracey, The first hundred : a story of the first 100 years of Moncton’s existence after the arrival in 1766 of the pioneer settlers from Philadelphia, Pa. (Moncton, 1970).— L. A. Machum, A history of Moncton, town and city, 1855–1965 (Moncton, 1965).— 125th anniversary, 1838–1963, St. John’s United Church, Moncton ([Moncton, 1963]).— C. A. Pincombe, « The history of Monckton Township (ca. 1700–1875) » (thèse de m.a., Univ. of New Brunswick, 1969), 183s., 196s., 218, 316s.

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C. Alexander Pincombe, « McCURDY, JAMES MacGREGOR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mccurdy_james_macgregor_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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