McCLIESH, THOMAS (on trouve parfois Macklish, Maclish, Mack Leish, et Mack Clish), menuisier, gouverneur de la Hudson’s Bay Company outre-mer, signalé comme citoyen de Limehouse (aujourd’hui dans la partie est de Londres) en 1734, circa 1698–1746.
Tout ce que l’on sait de la jeunesse de Thomas McCliesh, c’est qu’il était menuisier comme son oncle, qui, lui aussi, s’appelait Thomas McCliesh et avait été à l’emploi de la Hudson’s Bay Company. D’après son rapport dans le grand livre de comptes de Londres, le cadet des McCliesh débuta dans la compagnie au fort Albany (Ont.) en 1698 ; ce fort était alors le seul à être occupé par les Anglais, le fort York (York Factory, Man.) ayant été capturé par Pierre Le Moyne* d’Iberville, l’année précédente. McCliesh fut au service des gouverneurs James Knight* (1698–1700), John Fullartine* (1700–1705) et Anthony Beale* (1705–1707), sur terre et sur mer. « La mission extraordinaire qu’il accomplit en se rendant à l’île Gilpins [au large de l’East Main] et en revenant de ce voyage » au début de l’hiver 1702–1703, pour obtenir des nouvelles du navire ravitailleur qui tardait à arriver de Londres lui valut une gratification de £10, environ six mois avant son retour en Angleterre à l’automne de 1707.
En janvier 1708, McCliesh avait accepté de retourner à la baie de James. Jusqu’à l’ouverture de la navigation, en juin, il fut engagé à bord du Hudson’s Bay [II] et, comme l’Angleterre était en guerre contre la France et l’Espagne, l’amirauté lui épargna un éventuel enrôlement forcé dans la marine. Parvenu à la baie d’Hudson, il hiverna, probablement avec Henry Kelsey*, au large de l’East Main (côte est de la baie d’Hudson et de la baie de James) en 1708–1709. Il servit de nouveau sous les gouverneurs Fullartine (1708–1711) et Beale (1711–1714). En août 1711, au moment où Kelsey commençait un court mandat comme gouverneur, McCliesh devint capitaine du sloop Eastmain ; en 1712, il fut persuadé par Beale « de continuer pendant un an à être capitaine du sloop et trafiquant à l’East Main ». L’année suivante, comme cela s’était produit en 1710 alors que son contrat était prolongé pour la première fois, aucun navire ne quitta Albany ; il lui fut impossible de retourner en Angleterre avant 1714.
McCliesh fut engagé de nouveau au printemps de 1715. Après avoir surveillé la construction du Hudson’s Bay [III], il s’embarqua pour Albany sur le Port Nelson, commandé par le capitaine James Belcher ; arrivé à cet endroit, il succéda à Richard Staunton comme agent principal. McCliesh fut placé sous les ordres des gouverneurs en chef Knight (1715–1718) et Kelsey (1718–1721), dont les quartiers généraux, sauf durant les années 1717–1718, se trouvaient au fort York qui avait été rétrocédé à la compagnie par les Français en 1714. McCliesh succéda à Kelsey comme gouverneur adjoint en 1718, tout en demeurant rattaché au poste d’Albany. Dans les rapports qu’il fit parvenir à Londres durant la troisième étape de sa carrière, il indique quelles étaient ses principales préoccupations à Albany. La traite des fourrures y était compromise par une compétition grandissante des Français dans l’arrière-pays. Zacharie Robutel* de La Noue avait rétabli un poste à Kaministiquia (Thunder Bay, Ont.) en 1717, et en 1719 on fonda un poste près de l’embouchure de la rivière Nipigon. Le poste d’Albany était également touché par les tentatives de Knight de restaurer le commerce au fort York, en ordonnant que tous « les Indiens du nord et les Kristinaux », qui venaient faire la traite à Albany au moment où York était en possession des Français, pratiquent désormais leur commerce au poste situé le plus au nord. Pour compenser ces nouvelles obligations, McCliesh tenta entre autres d’assurer un contact annuel avec les Indiens de l’East Main, qui chassaient les « petites fourrures » les plus précieuses. L’accomplissement de ses diverses tâches était rendu difficile en raison de l’indiscipline qui s’était développée chez les employés de la compagnie durant la guerre, au moment où la main d’œuvre était rare. Lorsque McCliesh retourna en Angleterre en 1721, on avait presque entièrement reconstruit le poste d’Albany et établi un poste permanent sur la rivière Eastmain.
McCliesh succéda à Kelsey comme gouverneur en chef en 1722. Il passa une saison de traite au poste de York, qui était bâti sur des « marécages pires que ceux d’Allen », vivant « dans une cabane écossaise ou irlandaise comparée au nouveau fort Albany » ; cependant, il était « « grandement satisfait à tous les égards », puisqu’il commandait « un poste [qui rapportait] de plus grands profits ». Mais il maintenait que le poste subalterne de Churchill (Man.), construit pour attirer les lointains Indiens du Nord ou Chipewyans, développait son commerce de fourrures aux dépens de York. Il retourna en Angleterre en 1726, confiant la direction de York à Anthony Beale. Après avoir surveillé la construction du Mary [ii] dont son gendre William Coats reçut le commandement, McCliesh s’embarqua de nouveau pour la baie d’Hudson en 1727. Le Mary ayant fait naufrage au large du cap Farewell, au Groenland, l’équipage et les passagers furent amenés à Churchill et à York à bord du Hannah, dont Christopher Middleton était capitaine. McCliesh reprit le commandement à York, tandis qu’en 1731, Churchill devenait un poste indépendant, sous la direction de Richard Norton, un autre de ses gendres. En 1734, lorsque McCliesh retourna en Angleterre, le commerce à York était en baisse à cause de la dure rivalité amenée par les postes que la famille de La Vérendrye avait établis sur la route reliant le lac Supérieur au lac Winnipeg et à cause des activités des coureurs de bois qui faisaient la traite chez les Indiens. McCliesh avait essayé de faire face à cette compétition en exigeant de Londres des articles de traite de meilleure qualité et des quantités suffisantes de « cette maudite herbe ensorcelante », en l’occurrence du tabac du Brésil, mais les Français épargnèrent aux Indiens de graves ennuis en apportant des provisions à l’intérieur du pays et menacèrent de recourir à la force pour arracher le commerce aux Anglais.
En 1735, McCliesh, rengagé comme « gouverneur à la baie d’Hudson », fit voile vers Albany où il devait succéder à l’agent principal, Joseph Adams*, et surveiller les affaires au fort Moose (Moose Factory, Ont.), lorsqu’une maladie grave l’obligea à rentrer chez lui. Il repartit l’année suivante, mais son mauvais état de santé l’obligea une fois de plus à abandonner son poste. Bien qu’il fût engagé une autre fois en 1737, son contrat fut annulé avant le départ des navires. Par la suite, il quitta Limehouse, où sa femme Mary et leurs nombreux enfants avaient vécu durant son séjour à la baie d’Hudson ; on le retrouve vivant dans des « conditions pénibles » à Woodbridge, Suffolk, en 1746.
La carrière de McCliesh à la baie d’Hudson connut un déroulement qui n’était pas tout à fait exceptionnel au début du xviiie siècle. Naturellement, plusieurs hommes de métier de la compagnie se contentèrent d’en rester là, mais McCliesh démontra qu’il possédait des talents de menuisier et de marin, et mérita de l’avancement, grâce à son énergie, à son honnêteté et à sa perspicacité. Quand, en dernier, il devint qualifié pour prendre le commandement à Albany, c’est après avoir été initié par Kelsey aux modes de traite avec les Indiens. C’est alors que commença son ascension dans la compagnie.
Les lettres connues de McCliesh au gouverneur et au conseil de Londres sont reproduites dans HBRS, XXV (Davies et Johnson), qui mentionne aussi la liste des références pertinentes contenues dans les archives de la compagnie. Pour des renseignements complémentaires sur McCliesh, consulter Rich, History of the HBC, I. [a. m. j.]
Alice M. Johnson, « McCLIESH (Macklish, Maclish, Mack Leish, Mack Clish), THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mccliesh_thomas_3F.html.
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Auteur de l'article: | Alice M. Johnson |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |