MATTHEWS, PETER, milicien, fermier et rebelle, né en 1789 ou 1790 dans la région de la baie de Quinte, Ontario, fils de Thomas Elmes Matthews et de Mary Ruttan (Rutan, Rattan) ; au début des années 1830, il épousa Hannah Major, et ils eurent huit enfants ; pendu le 12 avril 1838 à Toronto.

On sait peu de chose des premières années de Peter Matthews. Sa mère venait d’une famille de loyalistes et son père était probablement loyaliste lui aussi. Il est difficile de déterminer le lieu de résidence de sa famille, étant donné les registres incomplets et la négligence de son père en ce qui concerne l’obtention des titres de ses terres. Il semblerait que Thomas Elmes Matthews ait reçu un lot dans le canton de Marysburgh, puis un autre dans celui de Sidney. Vers 1799, il établit sa famille dans le canton de Pickering, où il avait obtenu une concession de 350 acres, et sa femme, une autre de 200 acres.

À Pickering, la famille Matthews fit preuve d’un réel sens communautaire en aidant à la construction d’une école et à la réfection de la principale route de la région, la route Brock. Matthews père occupa un poste dans l’administration locale et, durant la guerre de 1812, il servit dans la milice avec deux ou trois de ses fils, dont Peter, qui devint sergent. Ce dernier s’était engagé à faire un don pour la construction d’un collège méthodiste à Cobourg, mais il mourut avant de pouvoir honorer sa promesse.

C’est apparemment son désir de servir son prochain qui mena Peter Matthews à l’échafaud. Sa famille était mécontente des services que le gouvernement du Haut-Canada offrait aux ruraux. Sans avoir la notoriété de son père comme personnage public, Peter fut mêlé quelque peu au mouvement réformiste régional et aux événements qui précédèrent la rébellion de 1837. Il s’engagea dans le mouvement d’organisation de cellules politiques qui se manifesta au cours de l’été et de l’automne de cette année-là, et qui visait à forcer le gouvernement britannique d’accorder des réformes ; il est évident en outre qu’il fut poussé par certains de ses voisins, plus particulièrement par le ministre baptiste George Barclay*, à prendre part au soulèvement projeté par William Lyon Mackenzie*. Très apprécié et bien nanti, Matthews possédait une ferme prospère et bénéficiait du produit de la vente du lot qui appartenait à son père dans Sidney ; il était donc la personne toute désignée pour prendre le commandement des hommes qui s’étaient joints à la rébellion dans Pickering et les cantons voisins.

Matthews quitta Pickering à la tête d’une cinquantaine d’hommes le 5 décembre. Ils arrivèrent le lendemain à la taverne Montgomery, rue Yonge, au nord de Toronto. Le matin du 7, Mackenzie envoya Matthews au pont de la rivière Don, à l’est de la ville, avec environ 60 hommes. Leur présence à cet endroit devait, dans l’esprit de Mackenzie, créer une diversion qui empêcherait les troupes gouvernementales d’arriver à la taverne avant les renforts qu’il attendait. Le détachement de Matthews tua un homme puis mit le feu au pont et à quelques maisons avant d’être mis en déroute par les troupes du gouvernement. L’insurrection fut matée le même jour et Matthews s’enfuit, mais on le captura dans une maison de ferme du canton d’York. Accusé de haute trahison, il plaida coupable et demanda une commutation de peine. Malgré les témoignages contradictoires à son sujet, le Conseil exécutif conclut qu’il avait été l’un des principaux agents du soulèvement et le tint responsable des incendies et de la mort de l’homme tué sur le pont. Malgré les requêtes de milliers de personnes pour lui obtenir la clémence de la cour, on exécuta Matthews avec Samuel Lount le 12 avril 1838. La couronne avait saisi ses biens mais, une fois le pardon accordé à la plupart des rebelles, elle les rendit à sa famille en 1848.

Ronald T. Stagg

Le nom de Thomas Elmes Matthews apparaît sur les premières listes de loyalistes, mais non sur les autres ; voir par exemple BL, add. mss 21827–21828 (mfm aux APC), et AO, RG 1, A-IV, 80. Les documents dans lesquels il affirme être un loyaliste, ceux qui fournissent des indices sur son lieu de résidence et ceux qui donnent quelques renseignements sur sa famille se trouvent aux AO, RG 1, A-I-6 : 1766–1767 ; C-I-3, 14, 18 ; C-I-4, 40 ; Hastings Land Registry Office (Belleville, Ontario), Abstract index to deeds, Sidney Township (mfm aux AO) ; et APC, RG 1, L3, 376 : M misc. 1, 1789–1803/25 ; 379A : M leases/180 ; 380 : M leases/261. Il existe aussi des informations sur la relation entre les Matthews et les Ruttan dans « Ruttan of Canada : research outline for five generations », J. R. Meachem, compil. (copie miméographiée, West Palm Beach, Fla., 1974 ; copie aux AO), et des informations sur les antécédents loyalistes de Mary Ruttan dans AO, MU 1130, no 27 (« A part of the family of Ruttan », arbre généalogique, H. N. Ruttan, compil. (Toronto, 1975), et MU 2383–2384. L’histoire de la famille Matthews dans le canton de Pickering est racontée avec quelques inexactitudes et contradictions dans W. A. McKay, The Pickering story ([Brougham, Ontario], 1961). Pour le rôle de Peter Matthews durant la rébellion et quelques autres détails personnels, voir APC, RG 5, A1 : 99017–99018, 99030–99032, 104969–104989 ; et RG 1, E3, 33 : 61–63 ; 45 : 34–42 ; 50 : 44–47. Le destin de la propriété de Matthews est raconté dans AO, MS 88, Robert Baldwin et al., opinion book, 226.  [r. j. s.]

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Ronald T. Stagg, « MATTHEWS, PETER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/matthews_peter_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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