MATHISON, JOHN AUGUSTUS, soldat, né le 25 décembre 1781 à Londres ; il épousa Harriet Vandenburgh à Saint-André-Est, Bas-Canada ; décédé le 5 novembre 1868 à Hudson, Québec.
Ancien combattant de la campagne d’Espagne, John Augustus Mathison fut mis à la demi-solde en 1817 comme lieutenant du 77e régiment d’infanterie. Trois ans plus tard, il vint au Canada et fit l’acquisition d’une ferme dans la seigneurie de Vaudreuil à Pointe-à-Cavagnal (Hudson), où des fermiers pauvres du nord de l’Angleterre avaient commencé à acheter des fermes. Comparé aux gens de sa communauté, Mathison était un homme instruit, et assez riche grâce à sa pension de guerre modeste peut-être mais régulière. En 1826, il fut nommé commissaire des petites causes et juge de paix, et il commença à assumer le rôle de seigneur du district, étant « constamment consulté pour régler des affaires difficiles et douteuses ».
En fait presque toute l’activité de cette communauté de pionniers fut stimulée par le sens de l’organisation de Mathison. En 1829, il construisit une école et nomma un professeur à ses propres frais pour s’occuper « des enfants des familles les plus défavorisées ». En 1832, il organisa une campagne pour collecter des fonds afin de construire une église anglicane. En 1846, il fut le fondateur et le premier président de la Société d’agriculture de Vaudreuil. Mathison fut également promu major en 1831, puis lieutenant-colonel en 1846, de la milice de Vaudreuil, et fut président de la British American League du comté en 1849.
C’est pendant les années 1837 et 1838 que Mathison démontra le mieux ses qualités de chef. Vaudreuil comptait de nombreux sympathisants à la cause des Patriotes et était représenté à l’Assemblée par Charles-Ovide Perrault, qui fut tué pendant la bataille de Saint-Denis en novembre 1837. Vers la fin du même mois, alors que l’agitation des Patriotes semblait menacer la sécurité de la minorité anglophone de Vaudreuil, Mathison créa « un refuge dans les forêts du Canada » pour les femmes et les enfants de la région, et il prépara les hommes en prévision d’un assaut des Patriotes. L’attaque n’eut pas lieu, mais au début de décembre, sir John Colborne donna mandat à Mathison de transformer sa garde en une unité active de milice volontaire. Après la bataille de Saint-Eustache, les Vaudreuil Loyal Volunteers commandés par Mathison désarmèrent la population française de la seigneurie de Vaudreuil et y établirent des patrouilles [V. François-Xavier Desjardins]. « Ils [...] ont eu la chance, fit remarquer l’évêque George Jehoshaphat Mountain, d’avoir à leur tête un officier tel que le major Mathison. »
Certains avaient une idée moins flatteuse des qualités de chef de Mathison. En 1838, un critique nommé William Whitlock le qualifia de « petit tyran » ; la même année, un autre critique, Robert Unwin Harwood, seigneur de Vaudreuil, prétendit qu’il était « injuste, partial et prenait des décisions arbitraires ». Bien qu’il fût un tory autocrate, Mathison semble s’être bien occupé de sa communauté, et il était passé maître dans l’art d’obtenir l’aide du gouvernement dans des domaines tels que l’éducation et l’agriculture. Même s’il ne croyait pas à la démocratie, Mathison fut cependant élu par le peuple pour plusieurs postes qu’il occupa. Ainsi lorsque ses adversaires politiques lui firent perdre son poste de juge de paix en 1847, à cause d’une querelle concernant une nouvelle loi scolaire, les habitants de sa communauté, environ 100 familles anglophones, répliquèrent par une pétition dans le but d’obtenir qu’il soit renommé, et pendant les élections de la même année, ils le choisirent pour « son mérite et son habileté à représenter le comté ». Tout comme aux élections de 1831, où il avait été battu, et à celles de 1841, où il avait été suggéré comme candidat à lord Sydenham [Thomson*] et finalement n’avait pas été choisi, Mathison manqua de chance en 1847 ; il se retira avant que le vote n’ait lieu.
L’avènement du gouvernement responsable et la prédominance du groupe des marchands sur les gentlemen-farmers entraînèrent la diminution de l’influence de Mathison ainsi que d’autres tories comme lui, voire même sa disparition complète. Les temps nouveaux amenèrent de jeunes chefs dont les méthodes étaient plus en harmonie avec leur temps.
ANQ-Q, QBC 25, Événements de 1837–1838, nos 1064, 3 895.— APC, RG 4, A1, S–215, p.152 ; B30, 80 ; RG 8, I (C series), 1 039, pp.106, 175 ; 1 044, pp.3, 55, 175 ; RG 9, I, C2, 3 ; RG 19, E5, 3 797, pp. 1 067–1 127.— Archives privées, Mlle Ethel Kyte (Darien, Conn.), papiers Mathison.— PRO, WO 31/322.— Canada, prov. du, Legislative Assembly, Journals, 1843, 2, app.J.J. ; 1850, 1, app.J.— Journal d’agriculture et transactions de la Société d’agriculture du Bas-Canada (Montréal), janv. 1848, mai 1849.— La Minerve, 9 août, 27, 30 déc. 1847, 3 janv. 1848.— Montreal Gazette, 10 déc. 1831.— Montreal Transcript, 28 déc. 1837, 3 janv. 1848.— E. C. Royle, An historical study of the Anglican parish of Vaudreuil (Hudson Heights, Québec, 1952).— J. B. Thompson, Cavagnal, 1820–1867 (2e éd., [Hudson, Québec], 1970).
John Beswarick Thompson, « MATHISON, JOHN AUGUSTUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mathison_john_augustus_9F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
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