MASCLE DE SAINT-JULHIEN, JEAN (on trouve habituellement St. Julien, mais il signait St. Julhien ; dans son certificat de baptême on trouve Masclé), officier dans les troupes régulières, né le 7 juillet 1693 à Lunel, France, fils de Jean Mascle, procureur, et de Suzanne Courtade, décédé en 1759.

Jean Mascle de Saint-Julhien vint à Louisbourg (île du Cap-Breton) en 1755, comme officier supérieur en charge des seconds bataillons des régiments d’Artois et de Bourgogne ; ces deux unités de l’armée régulière française avaient été envoyées pour appuyer les troupes affectées à la défense de l’île Royale durant la guerre de Sept Ans. Il comptait de longues années d’expérience dans le régiment d’Artois. Depuis ses débuts comme sous-lieutenant en 1709, il avait participé à une douzaine de sièges et à de nombreuses batailles. Au cours de la guerre de la Succession d’Autriche, il fut grièvement blessé à Dettingen (République fédérale d’Allemagne) en 1743, puis, quatre ans plus tard, à Assiette (Italie), où il commandait le régiment. Il avait reçu la croix de Saint-Louis en 1737 et devint lieutenant-colonel le 19 février 1755. Ses états de service attestent qu’il était un « bon officier » et un « homme de guerre », épris de discipline et qu’il avait « l’autorité et les talens nécessaires pour etre un bon Lieutenant Colonel ».

Toutefois, durant son séjour à Louisbourg, Saint-Julhien se révéla un personnage difficile et encombrant. Il se querella à plusieurs reprises, notamment avec le commissaire ordonnateur, Jacques Prévost* de La Croix, au sujet des prérogatives rattachées au commandement et à l’administration de ses troupes. Les responsabilités administratives que Prévost assumait vis-à-vis des troupes de la Marine en tant que commissaire ordonnateur s’étendaient également à l’armée régulière française, à la suite de sa nomination comme commissaire des guerres en avril 1755. Saint-Julhien insistait néanmoins sur l’autonomie et les privilèges spéciaux des troupes régulières françaises. Son attitude ainsi que celle de ses confrères officiers, en plus de créer des difficultés avec Prévost, suscitèrent l’opposition du corps d’officiers coloniaux. « Le Commandant d’Artois est l’esprit le plus dangereux que je connaisse, plein de jalousie et de présomption », disait de Saint-Julhien l’ingénieur François-Claude-Victor Grillot de Poilly, ajoutant qu’il « étoit incapable de désirer le bien, s’il ne venoit pas de lui ». À la demande du gouverneur, Boschenry de Drucour, Saint-Julhien avait été désigné, le 1er septembre 1755, comme commandant de la colonie pendant l’absence du gouverneur. Mais ses relations avec Drucour se détériorèrent et il fut remplacé comme commandant éventuel par l’ingénieur en chef, Louis Franquet. Sa position comme officier supérieur des troupes régulières françaises se trouva changée par l’arrivée d’autres bataillons de France en 1757 et 1758. En 1758, Mathieu-Henri Marchant de La Houlière prit le commandement de toutes les troupes de débarquement à Louisbourg, tandis que Saint-Julhien se retrouva en charge du seul bataillon du régiment d’Artois.

Le bataillon de Saint-Julhien, renforcé par la compagnie de grenadiers du régiment de Bourgogne et par un certain nombre d’Indiens, d’Acadiens et de soldats des troupes de la Marine se trouvait à l’anse de la Cormorandière (Kennington Cove) le 8 juin 1758, lorsque les Anglais débarquèrent pour entreprendre le second siège de Louisbourg. L’assaut commença vers quatre heures du matin et, sous la protection d’un bombardement naval, trois divisions de chaloupes se dirigèrent à la rame vers la rive. La division de gauche, commandée par James Wolfe, était en train d’être repoussée lorsque trois de ses chaloupes dérivèrent vers la droite, où leurs équipages découvrirent une plage de débarquement qui avait été laissée sans protection. Saint-Julhien envoya finalement ses deux compagnies de grenadiers pour faire échec à la démarche des Anglais, mais il avait trop longtemps hésité. Après une vive escarmouche, la ligne française fut prise en enfilade ; les soldats de Saint-Julhien abandonnèrent leur poste, tandis que les autres divisions débarquèrent à la suite de Wolfe. Saint-Julhien ne semble pas avoir été blâmé pour sa négligence à placer des sentinelles à l’endroit du débarquement.

Saint-Julhien commanda son bataillon durant tout le siège et participa aux conseils de guerre tenus le 9 juin et le 26 juillet. Pour le reste, sa participation fut sans éclat. Après la capitulation, il fut envoyé en Angleterre avec son bataillon, et échangé à Calais en décembre. Il mourut en 1759.

John Fortier

AN, Col., B, 99–113 ; Col., C11B, 34–38 ; Col., C11C, 10, 15 ; Col., D2C, 1–4 ; Col., F3, 50–51 ; Section Outre-Mer, Dépôt des fortifications des colonies, Am. sept., no 236.— Archives municipales, Lunel (France), GG (Actes paroissiaux, culte catholique), 4, f.492v.— CTG, Archives, art. 15, pièces 4, 5, 7, 8 ; Bibliothèque, mss in 4o, 66.— SHA, A1, 3 417, 3 457, 3 499 ; Xb, 61 ; Ya, 97 ; 470, ff.25–26, 183–184 ; Yb, 122, f.198 ; Travail du roi, art. 91.— Jeffery Amherst, Journal of the siege of Louisbourg, Gentleman’s Magazine, XXVIII (1758) : 384–389.— Derniers jours de l’Acadie (Du Boscq de Beaumont).— Knox, Historical journal (Doughty).— Memoirs of the Chevalier de Johnstone, traduit par Charles Winchester (3 vol., Aberdeen, 1870–1871).— Pichon, Lettres et mémoires.— Le Jeune, Dictionnaire, II : 591s.— McLennan, Louisbourg.— Stanley, New France.— J. M. Hitsman et C. C. J. Bond, The assault landing at Louisbourg, 1758, CHR, XXXV (1954) : 314–330.

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John Fortier, « MASCLE DE SAINT-JULHIEN (St. Julien, Masclé), JEAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mascle_de_saint_julhien_jean_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    1 décembre 2024