MARTIN, CHARLES-AMADOR, musicien, le second Canadien de naissance à être ordonné prêtre ; né à Québec, le 7 mars 1648, fils d’Abraham Martin*, dit L’Écossais, et de Marguerite Langlois, filleul de Charles de Saint-Étienne* de La Tour ; mort à Sainte-Foy, près de Québec, le 19 juin 1711.

Martin fit ses études élémentaires et théologiques chez les Jésuites à Québec. Au cours de ses années de formation, il prit part, comme c’était l’usage, à un débat public auquel font allusion les Relations des Jésuites : « Amador Martin et Pierre [de] Francheville soutiennent de toute la philosophie avec honneur et en bonne compagnie ». Ordonné prêtre, le 14 mars 1671, par Mgr de Laval, il exerça son ministère à Québec et dans les environs. On lui confia une première cure à Beauport où, en 1672, il fit remplacer l’ancienne église de bois par une autre de pierre. Par la suite, il exerça son ministère paroissial à Sainte-Famille, de nouveau à Beauport, puis à Château-Richer et à l’Ange-Gardien de Montmorency. En 1673, il eut l’honneur d’être le premier prêtre canadien de naissance à participer à la tenue des élections de l’Hôtel-Dieu de Québec. Il enseigna pendant plusieurs années au séminaire de Québec où, de 1678 à 1681, il remplit en outre la fonction d’économe : les vivres, les approvisionnements et l’entretien relevaient de sa charge ainsi que les écritures de la ferme. Le 8 novembre 1684, Mgr de Laval nomma huit chanoines au nouveau chapitre de Québec : Martin était du nombre. Allaire affirme qu’il était « non moins bon chantre [et qu’] il rehausse grandement les cérémonies de la cathédrale. » Il résigna ses fonctions en 1697 et, l’année suivante, fut nommé curé de la toute nouvelle paroisse, Notre-Dame-de-Sainte-Foy. C’est là qu’il mourut, victime d’une épidémie de fièvre pourprée ; il fut inhumé dans la cathédrale de Québec.

Dès 1662, le père Jérôme Lalemant* fit allusion dans ses écrits à un certain « Amador », chantre. En 1665, Mgr de Laval institua la fête de la sainte Famille. Sœur Regnard* Duplessis de Sainte-Hélène, qui était arrivée à Québec neuf ans avant la mort de Martin, a écrit par la suite : « Mr Martin, qui étant habile chantre, composa le chant de la Messe et de l’Office de la Ste Famille, tel qu’il est ». Un manuscrit de musique, conservé à l’Hôtel-Dieu de Québec, contient la prose de cet office. Même si ce manuscrit ne porte ni date ni signature, la tradition locale veut qu’il soit de la main de Martin. En comparant ce manuscrit à d’autres écrits de Charles-Amador Martin, il faut admettre que c’est une possibilité mais cela ne prouve rien. D’autres institutions ont conservé des copies, datant du xviiie siècle, de ce manuscrit ; la musique, légèrement modifiée, fut publiée dans l’édition de 1827 et les éditions subséquentes du Graduel Romain. À la basilique de Québec on a chanté cette messe, à l’occasion de la fête de la sainte Famille, jusqu’au milieu du xxe siècle et Ernest Gagnon, ancien organiste de cette église, déclarait en 1902 : « C’est une pièce de plain chant d’une incontestable beauté, écrite dans le premier mode authentique de la tonalité ancienne. Le style de cette composition est d’une correction remarquable, tant au point de vue du rythme qu’au point de vue des affinités des notes modales ».

On a fait récemment de nouvelles recherches à ce sujet et l’on rejette la prétention voulant que Martin soit l’auteur de la musique de la messe de la fête de la sainte Famille. L’étude de l’orthographe et de la graphie des mots révèle que la composition musicale de la prose « Sacræ familiæ felix spectaculum » daterait de la fin du siècle et non de 1670, comme on l’avait prétendu tout d’abord. Bref, il a été impossible de prouver d’une façon irréfutable que Martin était l’auteur de la plus ancienne composition musicale du Canada.

Helmut Kallmann

AHDQ, Sœur Duplessis de Sainte-Hélène, Notice sur la Fête de la Sainte-Famille, 11 ; Messe de la Sainte-Famille, Prose « Sacræ Familiæ felix spectaculum ». [Les ASQ et les AMUQ conservent des copies de ce manuscrit, datées de 1748, 1783 et 1810.] — Le Graduel romain (2e éd., Québec, 1827), 203ss, contient le plain-chant, Prose « Sacræ Familiæ felix spectaculum », sans nom de compositeur et ne donne aucun détail quant à son origine ; la 1re édition (1800) du Graduel romain ne reproduit pas cette pièce musicale. — JR (Thwaites), XLV : 119, 271 ; XLVII : 295 ; L : 213. — Caron, Inventaire de documents, RAPQ, 1939–40 : 206, 209, 213, 215, 258, 303, 324, 334. — Juchereau, Annales (Jamet), 177. — Provost, Le Séminaire de Québec : documents et biographies, 65, 420. — Allaire, Dictionnaire, IV : 8 [Allaire donne la description la plus complète de la carrière de Martin comme prêtre. h.k.]. — Ernest Gagnon, Louis Jolliet, découvreur du Mississipi et du pays des Illinois, premier seigneur de lîle dAnticosti (Montréal, 1946). — Helmut Kallmann, A history of music in Canada, 1534–1914 (Toronto, 1960), 22, 23.

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Helmut Kallmann, « MARTIN, CHARLES-AMADOR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/martin_charles_amador_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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