MARLATT, WENONAH, secrétaire générale au YWCA et fonctionnaire, née le 18 janvier 1883 à Portage-la-Prairie, Manitoba, fille de Samuel Reid Marlatt, fonctionnaire, et d’Elisabeth Whimster ; décédée célibataire le 16 mai 1930 à Victoria.

Vers 1915, Wenonah Marlatt, alors au début de la trentaine, s’établit à Victoria. En 1916, elle se porta candidate au poste de secrétaire générale de la section locale de la Young Women’s Christian Association, au salaire de 50 $ par mois, et fut acceptée. Dans son rapport d’avril 1917, elle fit allusion à ses lourdes responsabilités et manifesta son intérêt à travailler avec de jeunes femmes. « Là-bas dans le parc chaque soir, on peut apercevoir un très grand nombre de toutes jeunes filles […] et l’on se rend compte à quel point leurs énergies pourraient être mieux canalisées au moyen d’un programme efficace. Ce travail auprès des jeunes adolescentes m’apparaît en ce moment comme la plus grande priorité de l’association. » Son emploi à titre de secrétaire générale « [était] souvent déconcertant tant il [était] varié », précisa-t-elle. « Au cours du mois dernier, ajoutait-elle, j’ai été appelée à agir comme agente matrimoniale, j’ai craint d’avoir à comparaître en cour, dans un litige salarial, et je me demande si je n’ai pas plus de cheveux gris quand je songe à la hausse vertigineuse des prix des aliments. »

Le 13 décembre 1918, Mlle Marlatt démissionna ; bien que les motifs de sa démission ne soient pas consignés dans le procès-verbal du YWCA, il est probable qu’elle souffrait d’épuisement et qu’elle voulait se consacrer de plus près aux problèmes des femmes sur le marché du travail. Son expérience dans le domaine des salaires des femmes et des questions ouvrières était alors reconnue. La même année, selon le Daily Colonist de Victoria, la Commission du salaire minimum, dont faisaient partie la juge Helen Gregory* MacGill et le sous-ministre du Travail, J. D. McNiven, demandèrent son aide pour établir « de 30 $ à 35 $ par mois le montant minimum permettant à une [jeune] travailleuse de se nourrir et de se loger ».

En décembre 1918, le ministère du Travail de la province projeta d’ouvrir un bureau de main-d’œuvre à Victoria. La création de ce bureau, qui faisait partie de tout un réseau de bureaux de placement à l’échelle de la province, faisait suite à une conférence fédérale-provinciale tenue du 19 au 23 novembre 1918 ; le gouvernement fédéral acceptait de payer la moitié de tous les coûts d’exploitation de ces bureaux provinciaux. Celui de Victoria, dont la publicité dans les journaux locaux annonçait qu’il était « au service de toutes les personnes à la recherche d’emploi et des employeurs cherchant de l’aide », ouvrit ses portes en janvier 1919. Il comportait deux sections : une pour les hommes et une pour les femmes. Le gouvernement provincial nomma Mlle Marlatt directrice de la section féminine le 7 février 1919. Le Victoria Daily Times signala que « en s’occupant de questions ouvrières » elle avait « prouvé sa capacité d’organisation pendant l’été des deux dernières années » lorsqu’elle coordonna l’affectation d’ouvrières à la cueillette de fruits sur le continent.

En 1921, Mlle Marlatt fit une allocution devant le Kumtuks Club, groupe de femmes d’affaires récemment formé, dont les membres devaient exercer leur droit de vote pour en faire partie. Elle y déplora « l’inefficacité des jeunes [de l’époque] à la recherche d’un emploi sans aucune compétence ni formation particulière » et pressa les filles d’acquérir « davantage de connaissances en arts ménagers ». Mlle Marlatt adhéra aussi à ce club.

Bien que de nombreux problèmes ouvriers d’après-guerre résultaient de l’arrivée massive de soldats sans emploi, les bureaux de main d’œuvre visaient à contrer les difficultés du chômage en général. Les besoins des femmes en matière d’emploi augmentaient également ainsi que la demande de personnel féminin. Selon le rapport du ministère du Travail de 1919, 729 femmes étaient à la recherche d’un emploi à Victoria, 957 employeurs cherchaient à combler des postes et il y eut 558 placements. En 1920, selon le bureau de la main-d’œuvre féminine, il y eut 2 346 demandes d’emploi, 2 770 employeurs avec des postes à combler et 1 230 placements. Mlle Marlatt fut directement témoin des problèmes grandissants de main-d’œuvre de la province ainsi que des besoins des femmes au travail. À son décès, le Victoria Daily Times écrivit : « [C’était] une femme pleine de tact et de sympathie – ses relations avec les candidates à la recherche d’un emploi et avec d’éventuels employeurs étaient des plus heureuses et lui valurent l’estime de tous. »

Après une brève maladie, Wenonah Marlatt mourut au St Joseph’s Hospital à Victoria à 47 ans. Le Daily Colonist souligna qu’elle laissait derrière elle une « multitude d’amies parmi les femmes d’affaires et [les femmes] professionnelles de la ville ». Sa carrière et son engagement communautaire à Victoria démontrèrent ses compétences administratives et son intérêt particulier à l’égard des questions liées à l’emploi des femmes.

Melanie Buddle

AN, RG 31, C1, 1901, Portage-la-Prairie, Manitoba, dist. 8, subdist. L, subdiv. 2 : 8.— BCA, MS-215, 1–3.— Daily Colonist (Victoria), 8 sept., 19–20, 28 déc. 1918, 1er, 7 janv., 8 févr. 1919, 7, 12, 25 oct. 1921, 17 mai 1930.— Victoria Daily Times, 7 févr. 1919, 18, 21 oct. 1921, 17 mai 1930.— C.-B., Legislative Assembly, Sessional papers, rapports du dép. du Travail, 1918–1920.

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Melanie Buddle, « MARLATT, WENONAH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/marlatt_wenonah_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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