MARGANE DE BATILLY, FRANÇOIS-MARIE, enseigne, né à Montréal le 13 novembre 1672, tué à Deerfield, Mass., dans le raid du 28 février 1704, fils de Séraphin Margane de Lavaltrie, et de Louise Bissot. Du côté paternel il était le petit-fils d’un avocat au parlement de Paris, issu d’une vieille famille du Vendôme ; par sa mère il se rattachait aux premières familles du pays comme les Bissot de Vinsenne et les Couillard-Després.

C’est en 1665 que son père, Séraphin Margane, vint en Nouvelle-France avec le régiment de Carignan. En reconnaissance de ses services il obtint la seigneurie de Lavaltrie en 1672. Mais ses activités ne cessèrent pas avec cette distinction, puisqu’en 1684 il commandait à Michillimakinac ; Séraphin Margane mourut à Montréal en 1699 en laissant une succession difficile que sa veuve refusa et qui n’était pas encore définitivement réglée en 1735.

François-Marie Margane de Batilly — à ne pas confondre avec son cadet François Margane* de Lavaltrie qui, veuf d’Angélique Guyon Després, entra dans les ordres, — obtint une commission d’enseigne dans les troupes du détachement de la marine entretenues par le roi de France au Canada. À la suite de sanglantes attaques de la part des colonies anglaises à l’automne de 1703, Rigaud de Vaudreuil envoya 250 hommes contre la Nouvelle-Angleterre sous le commandement de Jean-Baptiste Hertel de Rouville dont relevait le sieur de Batilly. Partie de Montréal, la troupe gagna le lac Champlain puis franchit les Alléganys pour tomber, dans la nuit du 28 février 1704 (10 mars, nouveau style), sur Deerfield à la frontière du Massachusetts. Tous les habitants furent faits prisonniers ou tués et leurs maisons livrées aux flammes. M. de Rouville n’avait perdu que trois Canadiens, dont l’enseigne Margane de Batilly, et quelques Indiens. Dans la correspondance officielle, on lit que François-Marie Margane de Batilly était « un très brave homme et le second de sa famille à donner sa vie pour son pays ».

Beaucoup de prisonniers de Deerfield devinrent de véritables Canadiens et ne voulurent pas retourner dans leur village natal. Le roi de France leur décerna des lettres de naturalité, ils se francisèrent et épousèrent des Canadiennes. De nos jours plusieurs familles canadiennes-françaises se rattachent directement à ces pionniers anglais et ne soupçonnent même pas leur origine. Mentionnons tout particulièrement les Phaneuf (Fansworth), les Stébenne (Stebbins) et les French.

La mort héroïque de l’enseigne Margane de Batilly devait donc être une véritable moisson de vie pour sa patrie du Canada.

Roland-J. Auger

AJM, Greffe d’Antoine Adhémar, 7, 8 et 11 août 1699 ; I Greffe de C.-R. Gaudron de Chevremont, 10 juin 1735. — AJQ, Greffe de Romain Becquet, 11 août 1668, 3 oct. 1677. — AN, Col., C11A, 22, f.4. — C. A. Baker, True Stories of New England Captives carried to Canada during the Old French and Indian Wars (Cambridge, Mass., 1897). — Coleman, New England Captives, II : 33–131. — Garneau, Histoire du Canada, I. — J. G. Palfrey, History of New England (4 vol., Boston, 1858–1875), IV : 261–264. — Parkman, A Half-century of conflict ; Rivals for America (Boston, 1915), 41–49. — Sheldon, History of Deerfield, Massachusetts... (2 vol., Deerfield, 1895–1896). — Sylvester, Indian wars, III. — An Account of Ye Destruction at Derefeld, Mass. Hist. Soc. Proc., IX (1867) : 478. — P.-G. Roy, La famille Margane de Lavaltrie, BRH, XXIII (1917) : 33–53, 65–80.

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Roland-J. Auger, « MARGANE DE BATILLY, FRANÇOIS-MARIE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/margane_de_batilly_francois_marie_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    1 décembre 2024