MARCHAND, CHARLES (baptisé Joseph-Charles-Édouard), fonctionnaire, baryton, folkloriste, journaliste et directeur artistique, né le 8 mai 1890 à Saint-Paul-l’Ermite (Le Gardeur, Québec), fils de Sévère-Gaspard Marchand, mécanicien, et de Zoé Quintal ; le 19 octobre 1912, il épousa à Hull, Québec, Marie-Anita Reinhardt ; trois fils et une fille lui survécurent ; décédé le 1er mai 1930 à Montréal.

Charles Marchand fréquente le collège de L’Assomption de 1902 à 1906, puis termine ses études classiques au collège Bourget à Rigaud. En 1910, il s’installe à Hull et obtient un emploi pour le gouvernement fédéral, au ministère de l’Intérieur. Grâce à ce poste – qu’il occupera jusque vers 1918, année où il décidera de quitter son emploi pour se consacrer au chant et au folklore –, il fait la rencontre de Fortunat Champagne, qui deviendra un collaborateur.

Marchand fait sa première prestation publique à Ottawa en 1910 dans la pièce Fleur d’ajonc de Théodore Botrel, artiste alors en vogue au Canada français. Il met ensuite sa voix de baryton au service d’œuvres paroissiales en participant bénévolement à diverses manifestations. Son répertoire comporte à ce moment-là certaines similitudes avec celui de Botrel, qui met la chanson rustique et bretonne catholique à l’honneur, mais s’adaptera peu à peu à la réalité canadienne-française. Dès 1915, Marchand collabore avec Oscar O’Brien*, qui lui arrangera environ 150 chansons, et Maurice Morisset, qui pour sa part lui en écrira. L’interprète fait ses débuts professionnels à Montréal le 12 mars 1919 à la salle Lafontaine.

L’année suivante, en mai, Marchand donne son premier spectacle d’importance ; harmonicistes et violoneux en costume traditionnel l’accompagnent. L’événement se déroule au Monument national, à Montréal, ville où il habite depuis peu et où il aurait étudié le chant avec les professeurs Jean Riddez et Max Pantaleieff. Alexandre D’Aragon, qui publiera un article sur l’artiste dans l’Action musicale, littéraire et artistique de Saint-Jérôme le 14 mai 1932, soulignera la qualité de son « timbre » et sa « chaleur communicative ». Ajoutés au costume de draveur et à la ceinture fléchée qu’il porte pour interpréter des chansons entraînantes, ces atouts feront de Marchand un emblème du Canada français de son époque.

Le 31 janvier 1922, Marchand fonde, avec O’Brien, Morisset et le pianiste Ernest Patience, un mouvement musical nommé le Carillon canadien. De 1922 à 1925, il fait le tour de la province de Québec, visite une partie de l’Ontario, ainsi que quelques villes de l’Ouest canadien et de la Nouvelle-Angleterre. Il assume la direction du Carillon, publié à Montréal de mai 1926 à mars 1927, puis fusionné à la Lyre. Le périodique se définit comme un magazine théâtral, musical et littéraire qui tente de faire connaître « la bonne chanson ». La maison d’édition le Carillon publie les chansons de Morisset et d’O’Brien interprétées par Marchand.

En 1927, à l’occasion du soixantième anniversaire de la Confédération, célébré à Ottawa, le baryton fonde un quatuor. Les Troubadours de Bytown, formés de Marchand, Émile Boucher, Miville Belleau et Fortunat Champagne, effectuent non seulement des tournées au Canada, mais aussi aux États-Unis, où ils interprètent entre autres des chansons traduites en anglais par John Murray Gibbon. En 1927, 1928 et 1930, le quatuor fait partie de la programmation du Festival de la chanson et des métiers du terroir, tenu ces années-là notamment au château Frontenac, à Québec. Organisée par Gibbon, agent publicitaire pour la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique au Canada, qui parraine l’événement, cette série de festivals a lieu dans les différents hôtels de la compagnie entre 1927 et 1931. En 1928, Marchand assume en partie la direction artistique du festival. Il participe également à l’organisation de celui de 1930, dont on reportera la tenue à cause de la mort soudaine et prématurée du folkloriste.

Charles Marchand a contribué à la valorisation de la tradition orale en interprétant le répertoire constitué par Marius Barbeau*, qu’il a d’ailleurs aidé dans ses collectes. Il a compté parmi ses collaborateurs, outre Morisset et O’Brien, les paroliers Pierre Dupaigne, Lucien Sirois, Hector Nadeau et Robert Choquette*, ainsi que le musicien Hector Latour. De 1922 à 1926, il a réalisé de nombreux enregistrements en solo pour diverses maisons à New York (chez Edison et Columbia) et à Montréal (chez Starr). Marchand a contribué à intégrer le répertoire canadien-français au mouvement de « la bonne chanson », qui, jusqu’alors, correspondait principalement à l’œuvre de Botrel.

Jean-Nicolas De Surmont

AC, Hull, État civil, Catholiques, Notre-Dame-de-Grâce (Hull), 19 oct. 1912.— ANQ-M, CE605-S33, 8 mai 1890.— Le Devoir, 2 mai 1930.— Dictionnaire biographique des musiciens canadiens (2e éd., Lachine, Québec, 1935).— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.).— Gabriel Labbé, les Pionniers du disque folklorique québécois, 1920–1950 (Montréal, 1977).— Bruno Roy, Panorama de la chanson au Québec ([Montréal], 1977).— Soc. hist. de Montréal et Soc. de folklore d’Amérique (section de Québec), Veillées du bon vieux temps à la Bibliothèque Saint-Sulpice, à Montréal, les 18 mars et 24 avril 1919 (Montréal, [1920]).

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Jean-Nicolas De Surmont, « MARCHAND, CHARLES (baptisé Joseph-Charles-Édouard) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/marchand_charles_15F.html.

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