MANN, JOHN, ouvrier, auteur et fermier, né en juin 1798 à Kenmore (Tayside, Écosse), fils de John Mann, petit fermier, et de sa troisième femme, Margaret McGregor ; le 10 mars 1828, il épousa Margaret MacVane, et ils eurent sept enfants ; décédé le 19 février 1891 à Breadalbane, Nouveau-Brunswick.

Préoccupés par la lenteur de la croissance démographique du Nouveau-Brunswick et par le fait que les immigrants semblaient contourner la province, les membres de la chambre d’Assemblée votèrent en 1816 un montant de £1 000 pour venir en aide aux futurs colons. Pour cette somme, James Taylor, marchand à Fredericton, accepta de faire venir 134 immigrants d’Écosse. Comme le Nouveau-Brunswick avait besoin d’ouvriers et de domestiques, la majorité devait être des adultes de moins de 40 ans, de préférence non mariés. Taylor affréta le Favorite à Saint-Jean et, au début d’octobre 1816, les journaux écossais annonçaient qu’il était amarré dans la Clyde et que les gens disposés à s’établir au Nouveau-Brunswick pouvaient faire la demande d’un passage gratuit.

Le Favorite accosta à Saint-Jean en novembre 1816 avec 136 Écossais à son bord. Parmi eux se trouvait John Mann, un ouvrier de 18 ans. Il allait rejoindre des parents qui étaient installés dans le comté de Charlotte. « L’aspect lugubre et misérable du pays » ne l’impressionna guère ; pendant l’été de 1817, il travailla au chargement de navires et à la coupe de bois. Après un deuxième hiver dans le comté, il persuada un capitaine de l’employer sur son navire en échange de son passage vers l’Écosse. Cependant, le départ du navire fut remis plusieurs fois et Mann l’abandonna dans le port de Letang pour passer un autre hiver dans « ce détestable et froid pays ». Le navire partit sans lui et ne fut jamais revu.

En juin 1819, Mann se trouvait à Saint-Jean ; le 17 du même mois, il quitta la ville avec une équipe d’arpentage sous la direction de William Franklin Odell*, qui travaillait avec les membres d’une commission chargée d’établir la frontière entre le Nouveau-Brunswick et le Maine. Vers la fin de l’année, quand on n’eut plus besoin de ses services, Mann retourna dans le comté de Charlotte, où il demeura jusqu’à l’été de 1822. Puis, comme lui était parvenue « la renommée du Canada », il décida d’aller y faire une visite. Il passa par les États-Unis, traversa la rivière Niagara pour se rendre dans le Haut-Canada et visita quelques établissements de pionniers au nord-ouest du lac Ontario. Les colons établis à cet endroit lui semblèrent aussi pauvres et isolés que ceux du Nouveau-Brunswick. De retour dans l’Est, il prit un bateau à vapeur de Montréal à Québec ; de là, malgré son ignorance du français et de son itinéraire précis, il partit à pied pour la vallée de la Saint-Jean. L’année suivante, il retourna en Écosse.

Mann ne trouva pas dans son pays natal le bonheur qu’il cherchait. « À ma grande déception, écrivait-il, j’ai découvert que, s’il avait déjà été là, il s’était évaporé « comme le nuage du matin et comme la première rosée ». Peu de temps après son mariage en mars 1828, il décida de retourner au Nouveau-Brunswick. Il s’embarqua en août et vint s’établir avec sa femme à Breadalbane, dans le comté de Charlotte. Il travailla à la construction de bateaux durant un certain temps, puis devint fermier. Sa famille se trouva bientôt dans une meilleure situation qu’elle ne l’avait été en Écosse et, peu après son retour dans la province, il déclarait à son père : « Je ne veux pas me vanter de notre façon de vivre ici mais, si vous pouviez voir notre table, vous ne trouveriez pas que nous faisons pitié. »

On sait peu de chose sur ce que devint Mann au cours des années suivantes, si ce n’est qu’il participa aux activités de l’Église baptiste et fit un peu de prédication. À la fin de sa vie, on l’appelait le diacre Mann. On l’inhuma dans la ferme qu’il avait établie dans le comté où quelques-uns de ses descendants résident encore.

En 1824, pendant qu’il se trouvait en Écosse, John Mann avait publié deux livres intitulés Travels in North America [...] et The emigrant’s instructor. Le premier raconte surtout ses expériences au Nouveau-Brunswick et son voyage dans le Haut-Canada. La plupart des écrits de ce genre furent rédigés par des gentilshommes voyageurs [V. Patrick Campbell*], des militaires de carrière [V. George Drought Warburton*] ou des ecclésiastiques [V. Joshua Marsden*] ; le livre de Mann possède une certaine originalité en ce sens qu’il est d’un travailleur intelligent mais pas très instruit. Sa description du voyage sur le Favorite constitue le premier compte rendu de la vie à bord d’un navire d’immigrants à destination du Nouveau-Brunswick. Il poursuit avec un récit animé de la vie des colons disséminés dans la province, à l’époque où le mode de transport le plus courant était le canot. Son récit est basé sur les faits, et son style est direct et simple. Mann ne tente pas de faire la morale ni de comparer constamment avec les conditions de vie au pays. Il évite aussi les généralisations très courantes dans les récits de voyageurs. Son autre livre, The emigrant’s instructor, était un guide destiné à ceux qui voulaient immigrer au Nouveau-Brunswick, au Canada et à New York. Bien qu’il manque de données statistiques, il ressemble à d’autres ouvrages du genre écrits au début du xixe siècle [V. Alexander Wedderburn*] ; il contient cependant des renseignements intéressants sur les lieux que Mann visita.

William A. Spray

John Mann est l’auteur de : The emigrant’s instructor (Glasgow, Écosse, 1824) ; et Travels in North America : particularly in the provinces of Upper & Lower Canada, and New Brunswick, and in the states of Maine, Massachusets, and New-York [...] from 1816 to 1823 (Glasgow, 1824 ; réimpr. avec introd. de W. A. Spray, Fredericton, 1978).

APNB, RG 4, RS24, S25, « Number, names and descriptions of settlers brought into the province by Mr. James Taylor ».— Arch. privées, Horace Hanson (Fredericton), Letters and family papers.— Historicus, « The story of an emigrant », New Brunswick Magazine (Saint-Jean), 3 (juill.–déc. 1899) : 23–35, 70–80.— New-Brunswick Royal Gazette, 12 nov., 3 déc. 1816.

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William A. Spray, « MANN, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mann_john_12F.html.

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Année de la publication:    1990
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