MALO, JOSEPH-HORMISDAS, rédacteur, éditeur et propriétaire de journaux et chansonnier, né le 15 décembre 1857 à Montréal, fils de Moïse Malo, cordonnier, et de Célina Malo ; le 24 mai 1882, il épousa dans cette ville Marie-Louise Goulet, et un fils et deux filles lui survécurent ; décédé le 25 février 1918 à Montréal.

On ne sait rien de l’enfance ni de la jeunesse de Joseph-Hormisdas Malo. En décembre 1881, à l’âge de 24 ans, il devint rédacteur d’un journal littéraire, le Bouquet, feuille hebdomadaire de 16 pages, publiée à Montréal, qui ne parut qu’à trois reprises jusqu’en janvier 1882. Trois mois plus tard, il lançait, à titre d’éditeur-imprimeur, l’Impartial, hebdomadaire de quatre pages dont la vie semble avoir été très brève. Du 8 janvier au 18 mars 1897, il fut éditeur-propriétaire du Lutin, journal humoristique qui souhaitait faire rire et chanter ses lecteurs. Enfin, cette fois-là comme propriétaire-rédacteur, il publia de février à septembre 1897 le Mirliton, qu’il nommait son journal artistique, littéraire et amusant, et dont 16 numéros sont connus. En dehors de ces tentatives de mettre sur pied ses propres journaux, Malo travailla, selon la Patrie, dans tous les journaux français de Montréal. Au moment de sa mort, il était correcteur d’épreuves de ce journal depuis plusieurs années.

Bien que Malo ait eu un intérêt prononcé pour l’édition de journaux littéraires, c’est surtout l’écriture et la publication de chansons qu’il privilégia. Imprimées et distribuées sous forme de feuilles volantes, les chansons qu’il composa ont pour la plupart un ton satirique. Certaines d’entre elles, comme ses chansons patriotiques C’est Laurier qu’il nous faut, parue en 1900, O Canada, ma patrie, publiée vers 1893, ou ses complaintes telles que Tom Nulty, Cécile Michaud et le Naufrage du Titanic (1912) connurent une grande faveur populaire et furent publiées en plusieurs endroits et à de nombreux exemplaires.

Sur plus de 45 chansons répertoriées dont Malo est le parolier, un peu moins de la moitié sont composées sur des airs déjà existants. Gai lon la, joli rosier et la Fille de Madame Angot sont des airs qui servent de support musical à ses textes. Calixa Lavallée*, Alexis Contant et Gustave Goublier comptent parmi les musiciens qui harmonisèrent ses chansons d’actualité et ses chansons de circonstance. Ces feuilles volantes contiennent des élans de poésie. Elles aident surtout à reconstruire la vie sociale de l’époque parfois jusqu’à en être une sorte de bande dessinée. De véritables poèmes sociaux, ces chansons allusives touchaient l’âme des bonnes gens. Malo s’adressait à l’homme de la rue : le policier, le marin, le pompier, le journaliste, le restaurateur étaient ses amis. Même le Facteur, publié dans le Passe-Temps du 29 avril 1911, devint le chant officiel des facteurs montréalais. Son Hymne au travail, composée sur une musique d’Henri Miro vers 1905, eut une large diffusion.

Surnommé le « barde montréalais », Malo était une figure des plus typiques et des plus populaires de l’est de la ville. Vêtu d’une redingote noire, coiffé d’un feutre, tirant une jambe infirme en s’aidant d’une canne et la poitrine décorée d’une cocarde rouge vif aux longs rubans flottants, il était un personnage familier de la rue Saint-Jacques, entre le palais de justice et la place d’Armes. Philosophe à sa façon, humoriste à ses heures, Malo avait le culte de la France et de sa langue. On l’entendait parfois s’exclamer soudainement, aux carrefours les plus fréquentés de la métropole : Vive la France !, avec sa voix formidable qui surgissait de ce corps grêle et difforme. Par contre, s’il détestait les Anglais, c’était sans doute par coquetterie. D’ailleurs, tout en faisant partie du personnel de journaux français de Montréal, il s’occupera, durant plusieurs années, de traduction.

Malo laisse derrière lui, à défaut de volumes ou de recueils, un très grand nombre de chansons éparses, de satires, de ballades qui, quelquefois, planant plus haut que le simple bout rimé, atteignent de courtes envolées de réel lyrisme. Sur le seuil du développement d’une authentique culture urbaine, il apparaît davantage comme l’homme de la modernité que de la tradition. Il connaissait bien l’âme populaire, et s’il faut lui reprocher d’avoir flatté, en certaines occasions, les goûts et penchants trop terre-à-terre du peuple, il faut lui rendre aussi cette justice qu’il a su souvent extraire la vraie leçon du fait divers.

Plus d’un homme public a dû son heure de célébrité à un mot bien placé de Joseph-Hormisdas Malo. Dans la galerie des originaux qui font partie de l’histoire de Montréal, ce poète qui chansonna d’une muse égale, c’est-à-dire dans la manière et l’humeur de l’époque, les politiciens et les meurtriers, la question du gaz et les conseillers municipaux, les cocottes et la patrie, allait chercher le chemin du cœur. Comme tous ceux de son espèce, le barde était un humble et un gagne-petit, et il est mort pauvre. Ce n’est pas une tare et son souvenir survivra.

Jacques M. Clairoux

En plus des chansons de Joseph-Hormisdas Malo publiées dans le Mirliton, le Passe-Temps et la Presse, de Montréal, on en trouve un certain nombre dans les collections de la Bibliothèque de la ville de Montréal et de la Bibliothèque nationale du Québec (Montréal).

ANQ-M, CE1-7, 24 mai 1882 ; CE1-51, 15 déc. 1857.—Le Bouquet (Montréal), 24 déc. 1881–7 janv. 1882.— Le Canada (Montréal), 26 févr. 1918.— Rodolphe Girard, « Un regard sur le passé », le Petit Journal (Montréal), 26 juin 1949.— L’Impartial (Montréal), 15 avril 1882.— Le Lutin (Montréal), 8 janv.–18 mars 1897.— Le Mirliton, 27 févr–25 sept. 1897.— Le Passe-Temps, 23 mars 1918.— DOLQ, 1.— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.).— J. Hamelin et al., la Presse québécoise.— Victor Morin, l’Utile et le Futile (Montréal, 1943), 161.— J.-G. Yon, Chants des patriotes : recueil noté de chansons patriotiques canadiennes et françaises (Montréal, 1903), 50s.

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Jacques M. Clairoux, « MALO, JOSEPH-HORMISDAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/malo_joseph_hormisdas_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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