Titre original :  Welsh explorer Prince Madoc beat Columbus to new world by 322 years

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MADOC (Madog ab Owain Gwynedd), peut-être fils cadet d’Owain le Grand, roi de Gwynedd, dans les Galles du Nord, ou peut-être l’un de ses gardes du corps, à qui l’on a attribué au xvie siècle le mérite d’avoir fait le premier voyage en Amérique ; circa 1170.

Des poètes gallois du Moyen Âge racontent qu’il quitta son foyer au milieu de dissensions familiales pour aller naviguer sur les mers. Meredudd ap Rhys (circa 1450–1485) comparait sa propre existence à celle de Madoc qui « ne cherchait ni menu ni gros bétail sauf sur la vaste mer », mais on n’a encore rien trouvé dans les écrits du Moyen Âge qui tendrait à lui attribuer la découverte de terres à l’Ouest. Néanmoins, quand, au xvie siècle, les nouvelles découvertes défrayèrent la chronique, certains crurent et répétèrent que Madoc avait précédé Colomb. John Dee (1527–1608) fut le premier érudit qui donna sa caution à cette rumeur. En 1578, il affirma en effet que vers 1170 Madoc avait « dirigé une colonie et habité dans la Terra Florida » (Williamson, Cabot voyages (1962), 201). La brochure de Sir George Peckham (1583) relative à Sir Humphrey Gilbert (Voyages of Gilbert (Quinn), II : 159s.) prétend que Madoc était rentré en apportant des nouvelles de ses découvertes. Le récit de deux voyages, dont le second avait pour objet d’établir une colonie, était appuyé sur le témoignage d’Humphrey Llwyd (1527–1568) par David Powel (1522 ?–1596) dont The Historie of Cambria (Londres, 1584) devint la source classique de cette histoire. Dans l’état actuel des recherches, on est porté à en attribuer l’élaboration à l’invention de Powel même, aidé peut-être par ses rapports avec le révérend Richard Hakluyt, qui adoptait cette histoire l’année même où Powel la faisait imprimer ([Hakluyt], Original writings (Taylor), II : 290). Dans A relation of some yeares travaile (London, 1634), 217–224, Sir Thomas Herbert inclut « A discourse and proofe that Madoc ap Owen-Gwynedd first found out that Continent now call’d America », dans lequel paraissent des détails relatifs à la colonie établie sur « le Gulph of Mexico », où il avait conduit dix navires chargés de colons et d’approvisionnements lors de son second voyage. Les érudits gallois n’ont découvert aucune preuve que ces récits fussent autre chose que de pures inventions.

Cette histoire avait son utilité pour les Élisabéthains parce qu’elle leur fournissait un argument de polémique à employer contre les revendications des Espagnols sur l’Amérique, puisqu’ils pouvaient présenter Élisabeth ire comme héritière des princes gallois. Les prétendues coutumes chrétiennes existant en Amérique avant l’arrivée des Espagnols et la supposition que les Indiens nord-américains parlaient le gallois paraissaient lui conférer une certaine vraisemblance. Elle paraît dans les ouvrages d’Hakluyt : Principal navigations (1589), Principal navigations (1598–1600), III, et dans les Pilgrimes de Purchas (1625) ; mais, dès 1599, George Abbot, dans A briefe description of the whole worlde (London, 1599), pouvait écrire : « Nous n’en possédons aucune preuve irréfutable ». Ce livre eut neuf éditions de 1599 a 1636. De fait, cette légende disparut rapidement de l’histoire d’Angleterre. Elle florissait au Pays de Galles, où elle flattait le nationalisme culturel, et elle reçut un regain de vigueur par les soins de Theophilus Evans, dans son Drych y Prif Oesoedd (Shrewsbury, 1716). Thomas Stephens se livra, en 1858, à un examen critique de l’histoire de Madoc et conclut qu’elle n’était pas fondée. Mais ce n’est qu’avec la publication de son Madoc. an essay on the discovery of America by Madoc ap Owen Gwynedd in the twelfth century, ed. Llywarch Reynolds (London and New York, 1893) que presque tous les érudits sérieux ont abandonné la croyance que l’histoire de Madoc reposait sur des témoignages médiévaux dignes de foi.

David B. Quinn

Outre les ouvrages mentionnées dans le texte, The dictionary of Welsh biography down to 1940, ed. J. E. Lloyd and R. T. Jenkins (London, 1959) est utile.— Zeilla Armstrong, Who discovered America ? The amazing story of Madoc (Chattanooga, Tenn., 1950), et B. F. Bowen, America discovered by the Welsh in 1170 (Philadelphia, 1876), offrent des exemples de la persistance de la légende.— Geoffrey Ashe, Land to the west (London, 1962), conserve un scepticisme amusant.— David Williams, Cymru ac America : Wales and America (Cardiff, 1946), est hostile.

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David B. Quinn, « MADOC (Madog ab Owain Gwynedd) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/madoc_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
Date de consultation:    3 décembre 2024